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Mar, Déc

Moustapha Sy ou 30 ans de menaces et d'échecs politiques (Par El Malick Seck)

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Moustapha Sy a encore essayé de frapper en tentant de dénigrer, de faire du chantage, de menacer et d’annoncer l’apocalypse contre ses détracteurs. Mais le marabout politicien, comme à son habitude, s’est encore fourvoyé samedi lors de son discours quelque part aux alentours de la ville de Thiès. 

Il faut dire que Moustapha Sy court derrière le pouvoir depuis 1988. Son premier conflit politique, l’a opposé à son propre père, le regretté Cheikh Tidiane Sy. Lors de la présidentielle de 1988, Cheikh Tidiane Sy déclare son soutien à Abdou Diouf.

Il débarque des États-Unis pour protester contre son papa qui avait monté un comité de soutien à Diouf. Les tensions familiales qui naîtront de ce conflit entre le père et le fils, n’empêcheront pas à Moustapha Sy de retourner sa veste et de soutenir en personne Abdou Diouf en 1989. Au point que c’est le Chef de l’Etat qui se déplaça lors de l’ouverture d’une conférence organisée par le mouvement Mourstarchidine pour le féliciter. Diouf dira alors dans son discours « Mon cher Moustapha, mon cher fils ». Ambiance… À tu et à toi avec Diouf de 1989 à 1993, c’est à la surprise générale qu’il rallie la cause de Me Abdoulaye Wade. Le 13 février 1993, il apparait à la place de France de Thiès aux côtés du pape du Sopi et proclame ses premières menaces publiques contre Abdou Diouf, celui qui le considérait comme un fils. Il attaque le président et ses fidèles appuis de Tivaouane. 

Quelques semaines plus tard, il revient sur cette même place pour charger à nouveau, telle une obsession, le Président Diouf. Il attaque les collaborateurs du président, charge Diouf en personne qu’il traite d’incapable. Plus loin, dans son long monologue il accuse les proches de l’ancien président d’avoir exécuté de sang froid une pauvre femme dans une clinique dakaroise parce que le Vatican ne voulait pas d’un seconde femme musulmane pour le président sénégalais. Bref, des grosses idioties… Il donnera consigne de vote en faveur de Wade. Ce dernier perdra lamentablement les deux élections, présidentielles comme législatives organisées cette année-là. Le marabout n’avait pas porté chance au pape du Sopi. 

Le 23 octobre 1993, Abdoulaye Wade libéré dans l’affaire Me Sèye tient un meeting sur le boulevard de la République. Moustapha Sy cité dans ce dossier, déclare devant la foule qu’il n’avait jamais entendu parler de cette personne avant son assassinat. Il dit devant les militants du Pds que : « Si c’était pour tuer, ce serait le Chef de l’Etat en personne qu’ils auraient tué. Si on le voulait, on aurait pu le faire ». Il se tourna vers Abdoulaye Wade pour indiquer qu’il était temps de prendre le pouvoir par la force. Quelques jours plus tard, suite à ce discours violent et cette menace de mort, il sera arrêté à l’aube à son domicile dakarois. Puis Dakar bruit de rumeurs meurtrières. Son mouvement passera à l’action, quelques semaines après. Le 16 février 1994, les partisans du marabout, dirigés par ses frères sèment la mort et tuent 5 policiers. Les activités du mouvement furent interdites sur tout le territoire national. 

En mars 1995, quand le Pds et Abdoulaye Wade retournent dans le gouvernement d’Abdou Diouf, Moustapha Sy vécu cela comme une trahison de la part du chef de l’opposition d’alors. En juillet 1998, Moustapha Sy se signale aux côtés de Serigne Modou Kara. Il cherche encore à nouer une alliance politique capable de prendre le pouvoir. Début 2000, à quelques encablures de la présidentielle, Moustapha Sy annonce la candidature du Pur pour les élections face à Diouf. Trois jours plus tard, il retire sa candidature. Son père étant passé par là. Durant le second tour de présidentielle de 2000, il y a un volte-face du mouvement Mourstarchine qui après avoir donné un soutien à l’alternance se rallie à la cause de Diouf et dans une lettre adressée au Président de la République par Cheikh Tidiane Sy, c’est Moustapha Sy qui est désigné pour voir les modalités pratiques avec Ousmane Tanor Dieng… C’est finalement Abdoulaye Wade qui a gagné la bataille après avoir été lâché au milieu du gué par le marabout politicien. Abdou Diouf perdra les élections.

Wade élu gouverne sans accorder une attention particulière à Moustapha Sy. C’est donc tout logiquement que Sy soutiendra Idrissa Seck en 2007. La suite est connue. Idrissa perdra les élections. En 2012, Mousptapha Sy lâche Idrissa Seck pour Wade. Ce dernier perd les élections. Surpris et tétanisé par ce nouveau revers, c’est Moustapha Sy en personne qui convoque la presse le 6 avril 2012 pour dire à ses partisans : « N’avez-vous pas remarqué que, depuis 1993, à chaque fois qu’on soutient un candidat, il perd ? » Inutile de commenter cet aveux d’échec perpétuel de l’homme.

Aujourd’hui il fait à nouveau dans la menace. Macky Sall n’est pas un homme qui cède au chantage. Vos effets de manches sont compris. Présentez vous aux élections, vous serez battu et vous verrez que nous n’avez rien compris à la politique

El Malick Seck
(Journaliste, homme politique et conseiller municipal à Thiès)

 

source:https://www.dakaractu.com/Moustapha-Sy-ou-30-ans-de-menaces-et-d-echecs-politiques-Par-El-Malick-Seck_a145825.html