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Immédiatement après l’élection du Président Macky Sall à un second mandat, Me AÏssata Sall a relancé le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale, pour faire coïncider la durée du mandat Présidentiel, qui est désormais de Cinq ans, avec celle de l’Assemblée nationale, en couplant les élections locales de Décembre 2019, avec une Législative anticipée.
Avant elle, Sonko, en pleine campagne électorale, avait promis de dissoudre l’Assemblée nationale s’il était élu, dans le but évident de vouloir faire coïncider la majorité présidentielle et la majorité législation pour pouvoir exécuter son programme.
Cette position de Sonko, pour légitime qu’elle soit pour se donner les moyens institutionnels pour gouverner, en évitant une cohabitation avec une Assemblée nationale contrôlée majoritairement par l’opposition, s’inscrit néanmoins dans le sillage de la conservation des pouvoirs exorbitants du Président de la République qui peut, à sa guise, dissoudre l’Assemblée nationale durant les trois dernières années d’une législature de Cinq ans.
Ce pouvoir exorbitant du Président de la République sur l’Assemblée nationale que Wade a introduit dans notre Constitution depuis la Réforme de 2001, n’est donc pas mis en cause par Sonko, ou même par Idrissa Seck.
Pourtant, autant les « Conclusions des Assises nationales », que les propositions de réforme de la CNRI, ont exigé d’y mettre fin, en proposant que le Président de la République ne puisse dissoudre l’Assemblée nationale, qu’à l’issu de « deux motions de censure » contre le gouvernement, et non plus à sa guise, pour un plus grand équilibre entre l’Exécutif et le Législatif.
C’est donc ce pouvoir exorbitant sur l’Assemblée nationale, que Me Aïssata Sall voudrait que le Président Macky Sall utilise, pour, paradoxalement, remettre en cause sa majorité parlementaire dont il a besoin pour exécuter son programme.
Ainsi, le Président Macky Sall devrait, selon elle, se créer artificiellement un défi politique qui pourrait plonger le pays dans une cohabitation difficile durant les deux premières années de son second mandat, en compromettant l’exécution du programme pour lequel le peuple Sénégalais l’a élu.
L’argument utilisé pour donner du crédit à cette aventure électorale consistant à faire coïncider la durée des mandats présidentiels et législatifs pour se baliser le terrain sur les cinq ans que dure son second mandat, relève de la politique fiction , et non des nécessités de fonctionnement de l’Etat.
Il faudrait ne pas perdre de vue, que Me Aïssata Tall, en femme politique expérimentée, n’a pas fait cet appel au Président de la République, par légereté, mais bien en fonction d’objectifs politiques qui lui sont propres.
En effet, elle a d’abord déclaré sa volonté d’être candidate à la Présidence de la République en 2024, avant de proposer la dissolution de l’Assemblée nationale actuelle, où elle est Député, pour des élections anticipées dès 2019, et non en 2022, afin d’avoir les coudées franches pour se déployer très tôt, au plan national et international, pour atteindre ses objectifs à la présidentielle.
Les Législatives pour 2019 seraient pour elle, le starting bloc pour sa campagne vers la présidentielle de 2024, alors que le temps serait très court pour ce faire, à partir de 2022.
Elle n’est donc pas motivée par des soucis de stabilité institutionnelle, mais bien par ses objectifs politiques en direction de la présidentielle de 2024.
Se faisant, elle est bien dans son rôle de prétendant sérieux à la présidentielle de 2024, même s’il faut pour cela, perpétuer la perception dévalorisante de l’Assemblée nationale, comme un vulgaire instrument au service des calculs politiciens d’un Président de la République, qui a sur elle, droit de vie et de mort sur les trois ans qui restent de la Législature.
Il est à remarquer que ce pouvoir exorbitant du Président de la République, du fait du cumul de cette fonction avec celle de Chef de l’Etat qui définit la politique de la Nation qu’il fait exécuter par un Premier Ministre de son Choix, indépandemment de l’avis de l’Assemblée nationale, malgré les « Conclusions des Assises nationales » et les propositions de réforme de la CNRI, n’est mis en cause par aucun candidat à la Présidence de la République, comme , du reste, son pouvoir exorbitant sur l’Assemblée nationale.
Ils se sont contenté de proposer de limiter, à la marge, son large pouvoir de nomination, et en faisant croire qu’ils vont mettre fin au « Parti Etat », en interdisant le cumul de la fonction de Président de la République avec les fonctions de Chef de Parti.
Pourtant, ils semblent oublier qu’Abdou Diouf l’avait fait dès 2016, sans pour autant changer la nature de « Parti Etat » de son régime, qui continuait d’être combattu comme tel jusqu’en 2000, et que Wade a conservé en rétablissant, dans sa Constitution de 2001, ce cumul, tout en renforçant le pouvoir exorbitant du Président de la République par son pouvoir excessif de dissolution de l’Assemblée nationale durant les trois dernières années de la Législature.
Ainsi, il peut être compréhensible qu’Alioune Tine, qui n’a pas participé aux « Assises nationales », réduit la lutte contre le « Parti Etat », à la limitation, à la marge du pouvoir de nomination du Président de la République, et à la fin du cumul de la fonction de Président de la République et de Chef de Parti.
Cependant, il est tout de même étonnant de voir des gens, qui se revendiquent des « Assises nationales » et de la CNRI, faire de même, en soutenant Sonko et Idy, dont les programmes, en matière institutionnelle, tournent aussi clairement le dos à celles-ci,
Pourtant, ils n’ont eu de cesse à expliquer, sept ans durant, que leur opposition à Macky est fondée sur son « non- respect de ces Conclusions » et « propositions de réforme » !
Le « peuple des Assises » a fini de découvrir leur jeu politicien, qui n’est pas pour peu dans la lourde défaite de Sonko et d’Idy, qui avaient fini de croire, grâce à leur soutien, en leur victoire.
Les républicains et démocrates de ce pays, soucieux de l’équilibre entre les trois pouvoirs, et du respect des mandats électifs et du calendrier républicain, devraient se mobiliser pour s’opposer à toute tentative de dissolution de l’Assemblée nationale sur ces bases purement politiciennes !
Il y va de la crédibilité de nos Institutions républicaines, et de la stabilité qui sont nécessaires à tout approfondissement des acquis démocratiques de notre peuple, mais au maintien de la paix civile, la sécurité des citoyens, et le relèvement des défis auxquels ils font face.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 10 mars 2019