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L’année syndicale qui s’achève ce 1er Mai 2019 coïncide avec un tournant historique pour le mouvement syndical et le travail décent dans les pays développés tout comme dans ceux en développement.
En effet, durant l’année syndicale écoulée, la crise du système capitaliste libéral financier, sous les effets conjugués de la mondialisation et de la révolution digitale, avec la promotion des robots et de l’intelligence artificielle, comme substituts à l’Homme dans les entreprises de production et les services, y compris dans la recherche scientifique, a projeté au- devant de la scène et sous un jour radicalement neuf des aspirations sociales longtemps contenues ou refrénées.
Il s’agit du travail décent, d’un pouvoir d’achat digne de ce nom, de la justice fiscale, de la cessation de l’exclusion sociale et territoriale, de la destruction de l’environnement, des guerres impérialistes de confiscation de la souveraineté des peuples.
Ce qui est nouveau et inquiétant à la fois, c’est que cette lutte est menée par les couches populaires et moyennes, organisée en dehors du mouvement syndical et des partis de gauche. Mieux ou pire, ces nouveaux acteurs sont dans une hostilité ouverte contre ces organisations et partis dont la vocation naturelle est pourtant de prendre en charge leurs aspirations.
Le fossé qui s’est creusé entre le mouvement syndical et les partis de gauche, d’une part, les couches populaires et moyennes, d’autre part, résulte d’un long processus de désengagement des partis de gauche vis-à-vis du mouvement syndical mais aussi de la dérive corporatiste de ce dernier. En effet, les méthodes de lutte de la plupart des syndicats, notamment la grève dans le transport public, dans les services de santé et d’éducation, leur ont mis à dos, par-delà les usagers du Service public, les consommateurs des produits alimentaires et des biens et service du secteur privé.
La nature ayant horreur du vide, le populisme d’extrême gauche et d’extrême droite dans les pays développés et l’islamisme dans les pays musulmans, ont occupé la place auprès des populations, victimes, des décennies durant, de politiques publiques libérales avec leurs lots de guerres impérialistes du pétrole et du gaz, de destruction de l’environnement poussant à une émigration massive vers l’UE et les USA.
D’une telle situation résultent des phénomènes aussi variés que la montée en puissance des Partis d’extrême droite en Europe, en Amérique Latine et aux USA, le mouvement des « Gilets jaunes » en France, ou la déstabilisation des pays du Moyen Orient et du Sahel.
Au Sénégal, grâce à des politiques publiques de rupture d’avec le capitalisme libéral qui ont conduit à une tendance lourde vers une croissance forte, stable et durale articulée à une baisse tendancielle du déficit budgétaire, et à la maîtrise de l’inflation, par le choix de politiques fiscales plus justes, de la défense du pouvoir d’achat, de l’inclusion sociale et territoriale, notre peuple est à ce jour épargné de ces dérives populistes d’extrême droite et d’islamisme radical,. Ce qu’il a clairement exprimé par son vote massif à la présidentielle du 24 février 2019, en élisant le Candidat de BBY, Macky Sall, dès le premier tour.
Dans ce cadre, le mouvement syndical a pu engranger des avancées certaines en termes de hausse du SMIG et du salaire, de hausse des pensions de retraites, de recul de la précarisation du travail grâce une plus grande sécurisation des stages et apprentissage, qui bénéficient d’un salaire minimum catégoriel, plus élevé que le SMIG que proposait le patronat et qui débouchent sur des CDD et CDI. A quoi s’ajoute la réduction drastique des corps émergents de l’Education nationale qui sont passés de 65,4% des effectifs en 2004 à 28% en 2018.
Pour autant ces acquis ne devraient pas occulter les problèmes qui risquent d’affaiblir le mouvement syndical sénégalais, comme cela est arrivé en Europe et aux USA.,. Il s’agit des dérives corporatistes et de l’usage systématique de la grève dans les entreprises du secteur public de l’éducation, de la santé et du transport public, dont les couches populaires sont les premières victimes.
Les syndicats devraient comprendre que les effets néfastes des politiques publiques libérales dépassent les frontières de l’entreprise pour embrasser les couches populaires et une bonne partie des couches moyennes de la société.
Le mouvement syndical devrait en tenir compte dans l’élaboration de son cahier de revendications et dans sa stratégie de lutte, en s’alliant avec les organisations de défense des consommateurs, les usagers des services publics, ceux qui luttent pour la préservation des droits des femmes à l’entreprise et au foyer, de ceux des jeunes à l’école ou au chômage et ceux qui luttent contre le réchauffement climatique.
Le contexte actuel impose aux syndicats de s’ouvrir aux organisations de défense des consommateurs et autres usagers, et de recourir le plus souvent au droit de marche pacifique acquis de longue lutte, pour exploiter les jours non ouvrés comme le Vendredi en Algérie, le Samedi en France, ou la nuit au Soudan, aux fins d’éviter de porter préjudice aux couches populaires et surtout pour impliquer celles-ci dans les luttes.
Cette ouverture est vitale pour le mouvement syndical Sénégalais confronté à un Patronat qui cherche à payer moins d’impôt sur ses bénéfices au prétexte d’investir pour créer des emplois. Un patronat qui se refuse d’augmenter de façon décente les salaires et exige que le licenciement abusif soit moins encadré, pour mieux neutraliser les « Délégués du Personnel » qui sont le dernier rempart de la défense des travailleurs dans l’entreprise.
Un Patronat qui cherche aussi à réduire le pouvoir du Juge à fixer les indemnités en cas de licenciement abusif, alors qu’il plaide partout pour l’indépendance du même Juge ! Ce patronat dit oui à l’indépendance du Juge quand il s’agit de pousser à la violation du droit du Travail par l’employeur, mais exige de lui une indépendance totale quand il s’agit d’un litige dans les Affaires !
Le mouvement syndical Sénégalais ne peut ni ne doit accepter que le droit s’arrête à la porte de l’entreprise ou du service.
En ce premier Mai 2019, le PIT réitère au Monde du Travail et à ses organisations sa totale volonté d’être à leur côté aux fins de les aider à accomplir leur mission historique de libération de l’homme du joug du Capital, pour un monde débarrassé de l’ exploitation de l’Homme par l’Homme, un monde sans asservissement d’un peuple par un autre, pour la paix , la solidarité et la coopération mutuellement avantageuse entre les peuples, en lieu et place de la loi du marché et de la concurrence.
Vive le premier Mai,