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Sam, Nov

Au carrefour du labyrinthe « démocratie sénégalaise»

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En définitive..., en définitive, « s’interroger, cela ne vaut-il pas mieux que marcher au pas? » est cette question pertinente que se posait Roland Moreno dans son livre « Théorie du bordel ambiant» pour vous confesser que la gestion de notre destinée commune est si primordiale qu’on ne pourrait se retenir de la reprendre tout en continuant d’interroger avec rigueur et lucidité encore et encore toute proposition de salut venant de tous bords, tous côtés.

Après tout, cette exigence rejoint celle de Descartes selon laquelle « pour examiner la vérité, il est besoin, une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu’il se peut». Tous ensemble, restons donc éveillés et vigilants pour agir avec responsabilité. Notre OUI ou NON aux propositions ou aux projets de réforme ou de refondation de notre État national nous interpelle et nous engage. De ce fait, la mise en garde de Jean-Marie Gourou affirmant que « quand le téléphone ne sonne pas, ça ne sert à rien de le laisser branché», s'impose et doit être entendu par toutes et tous...Le seul combat qui vaille est celui pour la vérité certaine que notre modèle d’État longtemps en vigueur est en déliquescence et que son arrimage forcé avec notre Sénégal ne se fera jamais. Pourquoi alors, continuons-nous toujours à l’embellir avec des décorations trompe-l’œil si l’on sait pertinemment que tout son contenu déjà en péril ne fera pas non plus régner durablement le respect, la dignité, la fierté, la liberté, la stabilité, la justice, l’égalité, l’équité, la transparence, la sécurité, la solidarité et le bien-être? Souvenons-nous que le Pr Amadou Mahtar MBOW nous avait confessé qu'«il n’y a pas, dans la vie d’un peuple, de situations qui ne puissent changer. Tout peut changer, mais rien ne changera sans l’effort des volontés de tous ceux dont le destin est en cause. Notre destin n’est inscrit dans aucune fatalité. C’est à nous qu’il appartient de le forger pour nous-mêmes, et par nous-mêmes, et pour l’avenir de nos enfants et de nos petits enfants. Mais l’avenir on le fait, et on le fait dès maintenant, en commençant d’abord par résoudre les problèmes d’aujourd’hui et en menant des actions pouvant influencer positivement l’évolution ultérieure». Ainsi, pour ce salut imminent du Sénégal, au-delà du besoin criant de femmes et d’hommes vertueux avec des comportements éthiques, commençons d'abord et avant tout par une toute première réforme de la Constitution du Sénégal en y changeant juste ces termes:

  • Président de la République par Grand serviteur du peuple,
  • Ministres par Serviteurs du peuple,
  • Députés par Valets du peuple.

Sur ce, l’année 2020 touchant à sa fin a été pour moi très intense en MURMURES INTIMES…Permettez, d’une part, que je vous adresse ma gratitude pour l’honneur ainsi que le privilège que vous me faites en les lisant, en les commentant, en les enrichissant. Je vous en suis éternellement reconnaissant… D’autre part, profitons de ce temps des fêtes, une période d’accalmie pour plusieurs d’entre nous pour nous refaire le plein d’énergie afin d’affronter avec force et rigueur la suivante. Pour 2021, je souhaite qu’elle soit à la hauteur de nos rêves et de nos aspirations avec ses défis que nous saurons relever ensemble avec brio.

En effet, il y a encore ces «babillages des éclairés» des dernières heures portant, entre autres, sur cette «démocratie de concurrence» qui doit, pour Dr Abdourahmane Diouf, céder la place à une «démocratie de concordance». Soit! Mais, des points de vue divergents s'exprimant et par-delà de voir la démocratie comme un idéal à viser ou comme un régime au sens englobant, il est de faire ressortir l’intérêt d’une démocratie à la sauce sénégalaise tout en relevant la complexité de ses rapports avec les intentions premières, les besoins du moment, de même que les aspirations du Peuple sénégalais.

Dire autrement, une démocratie pour le Sénégal ne doit pas être considérée uniquement comme un ensemble de principes abstraits, d’institutions et de procédures qui relèveraient d’un triptyque de régimes politiques importés(présidentiel, parlementaire ou hybride), mais plutôt d'une volonté globale, partagée, instituée, cohérente et surtout conforme aux «totalités sociales sénégalaises», à nos réalités pour fonder notre vivre ensemble et guider notre devenir. Pour ce faire, il est à la fois impératif et vital de s’inspirer de nos modèles traditionnels de gestion et d’organisation du pouvoir (au Cayor, au Saloum, au Fouta, au Waalo, etc.) qui ont eu à exister. Nous ne devons pas avoir honte de notre passé et de son legs! Car, c’est justement l’étude et la vulgarisation de ces systèmes politiques qui devraient plutôt inspirer et guider les propositions faites de même que les travaux entrepris dans toute structure de réforme mise en place.

C'est connu, le Sénégal, à travers son histoire politico-institutionnelle, a fait des choix déterminants et nettement visibles dans les quatre principales Constitutions (1959-1960-1963 et 2001) qui ont régi jusqu’ici le pays avec des révisions majeures qui les ont jalonnées. Or, après 60 années de souveraineté hypothéquées, notre cher Sénégal s’enlise dans les chemins sablonneux et sinueux de cette démocratie importée et illusoire en léchant le néant, sans se préoccuper du goût amer des sueurs qui jaillissent des «acquis historiques». Manifestement, très loin du bout du tunnel de l’évolution démocratique, nos seules alternances politiques réalisées et perverties nous font miroiter la fin de notre histoire politique et démocratique. Hélas, mille fois hélas! Les labels «d’exception», «de vitrine démocratique», d’«oasis démocratique», « de révision consolidante record» du professeur courtisant Ismaëla Madior Fall et ceux de tant d'autres troubadours et saltimbanques, ne sont que d’apparences flatteuses, trompeuses et mensongères. Pire, nos rendez-vous électoraux pris souvent pour un baromètre mesurant la vitalité de la démocratie sénégalaise mobilisent énormément de ressources et d'énergies pour ne livrer tout compte fait que des résultats électoraux dépourvus de l’essentiel.

Certes, les évidentes défectuosités et anomalies qui ne cessent de gangréner la démocratie sénégalaise confortent de jour en jour l’une des opinions largement partagées que le système démocratique sénégalais a toujours un besoin urgent de réformes sérieuses. Le juriste sierra-léonais Abdul Tejan-Cole, en préfaçant l'ouvrage du Professeur Ismaila Madior Fall «Sénégal : Une démocratie « ancienne » en mal de réforme » publié au lendemain de l’élection présidentielle de février et mars 2012 au Sénégal rendait compte d’ailleurs de «la nécessité de restaurer le prestige et l’autorité du parlement, de remplacer le Conseil constitutionnel actuel par une vraie juridiction constitutionnelle, de protéger la constitution contre des révisions qui « déconsolident » les avancées démocratiques et, en particulier, de consolider le cadre électoral sénégalais par le renforcement de l’indépendance des organes de gestion des élections et l’instauration des mécanismes de dialogue politique permanent ». Pour tout dire, il s'agissait de mettre le Sénégal en chantier!

Dites, depuis lors quelles réformes prioritaires, efficientes et consensuelles ont pu être enclenchées?  Quelles initiatives ou mesures ont été prises dans le but de mieux rationaliser l’activité politique tout en rendant optimale la gouvernance démocratique? Quelle attitude nos gouvernants ont-ils adoptée pour et/ou dans l’accomplissement de la finalité de la démocratie relative notamment au développement et au bien-être des populations?  Qu’avons-nous fait de notre rêve intime d’avoir dans notre propre pays un État organisé, rompant avec l’improvisation, l’amateurisme, la corruption, le mensonge et agissant selon un plan méthodique et une approche prospective? Telles sont certaines des questions auxquelles à l’heure actuelle chaque citoyen sénégalais averti est capable d’y répondre sans ambages! En disant les choses clairement, le renforcement ainsi que la consécration de notre processus de démocratisation durant les dernières décennies ont cessé d’être le fruit d’une action collective largement partagée entre les différents acteurs concernés en lien avec la volonté réelle du Peuple sénégalais. Faire maintenir durablement à la tête de l’État sénégalais un pauvre gueux revêtu doublé d'un obsédé de pouvoir jamais assouvi a été dans le fond la seule feuille de route inscrite dans un calendrier politique et républicain mis en œuvre de manière sournoise, obéissant à une logique mesquine et à des impératifs affligeants de politique politicienne.

À sa guise, l’homme sans aucune lumière apparente, bien au contraire, usant et abusant de stratagèmes, de patronages, de clientélismes, de népotismes, de prébendalismes, fait dérouler au vu et au su de tout le monde son plan de s’accrocher au fauteuil présidentiel par tous les moyens et d’incarner en toute exclusivité l’essence de la République du Sénégal. Il s’est arrangé pour demeurer ce petit et méchant politicien qui personnalise le pouvoir, asservit, instrumentalise, vassalise et vampirise toutes les Institutions politiques, l’appareil administratif, et même les contre-pouvoirs en présence. Le régime politique sénégalais appose sur son dos l’indélébile sceau « Non responsable » et lui décerne la fameuse médaille « Clef de voûte des institutions ». Il devient alors celui qui tousse pour être obéi, lève le petit doigt pour être servi et décide de tout, de tout, de tout...

Et c'est tout ça que nous nommons volontairement: «Démocratie sénégalaise». Pouah!

Pathé Guèye