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Depuis son retour triomphal à Dakar, Wade s’est rendu compte, amèrement, de l’échec de son scénario initial qui consistait à surfer sur l’accueil populaire qui lui a été réservé, pour enclencher une dynamique de tension politique et sociale en mesure d’obliger le Chef de l’Etat Macky Sall, à négocier avec lui, pour préserver son pouvoir.
Il a, à cet effet, effectué une démonstration de force dans le sillage de sa visite à Touba, dans l’espoir d’y décrocher un soutien.
Mais c’est à Touba même, où il reçut, contrairement à ses attentes, sa première « douche froide » en entendant le Khalife Général lui demander d’œuvrer à la préservation de la paix et de la stabilité du pays.
C’est ce même appel qu’il a reçu en cœur chez tous les autres Chefs religieux, musulmans et chrétiens, pour lui rappeler ses responsabilités dans le « maintien de la paix et la stabilité du pays ».
De même, il a tenté, en vain, d’exploiter à cet effet, le mécontentement ambiant envers le régime, pour mobiliser les forces vives de la Nation autour des mots d’ordre de « défense du pouvoir d’achat, de l’emploi des jeunes, de la démocratie ».
Échaudé par cette attitude des guides religieux du pays et de l’essentiel des forces vives de la Nation, à l’exception de la RADDHO, il s’est enfermé, dans sa résidence, dans un « silence assourdissant », que ses « ouailles » ont tenté, dans la Presse, d’expliquer par l’existence de « médiateurs de l’ombre qui œuvrent à établir un dialogue politique », entre le Chef de l’Etat et Wade.
Mais cette « propagande » insidieuse n’a pas empêché la Presse de découvrir que Wade, s’était « barricadé » pour ruminer « une grosse colère » envers ses principaux lieutenants, qui n’ont pas été capables de matérialiser son scénario initial.
C’est donc, après mûre réflexion ponctuée d’entretiens avec Madické Niang, Samuel Sarr et Pape Samba Mboup, qu’il a arrêté son nouveau scénario qu’il est entrain de dérouler.
Contrairement au scénario initial qui devait contraindre le Chef de l’Etat à transiger, celui –ci ressemble plutôt à un scénario de « coup d’Etat » avec une échéance précise, la « tenue du procès de son fils ».
C’est ainsi, qu’il a repris ses déplacements de démonstration de force vers Kaoalck, et à Dakar, vers la mosquée de « Gouye mouride », et en a profité, d’une part, pour répondre à l’appel des guides religieux en rétorquant que « la paix ne peut pas tenir sans la justice », et qu’il est aussi du devoir du Chef de l’Etat à « œuvrer pour le maintien de la paix », et d’autre part, pour annoncer son mode opératoire pour arriver à ses fins, en disant publiquement que « les jeunes veulent marcher sur le Palais de Justice, le jours du procès, mais que, personnellement, il n’était pas d’accord » !
Il a ainsi donné publiquement « son feu vert » à cette manifestation, tout « en cherchant à se dédouaner publiquement », pour éviter toute poursuite judiciaire le cas échéant, comme il le faisait régulièrement du temps « des années de braise » de l’opposition au régime socialiste.
C’est ainsi qu’il n’a jamais été pris à défaut ou la main dans le sac, s’aménageant toujours des artifices judiciaires pour échapper à toute condamnation judiciaire.
Mais ce scénario de Wade ne peut lui permettre d’atteindre son objectif stratégique de sortir son fils des griffes de la justice sénégalaise, que s’il réussit, à l’occasion de la manifestation des jeunes, à empêcher la tenue du procès. Ce qui n’est pas possible sans la chute du régime !
Ce n’est certainement pour rien que Wade n’a eu de cesse de déclarer depuis Paris, puis le Maroc, et récemment à Dakar, « qu’il peut faire tomber le régime » dès qu’il le voudra, et que le Président Macky n’a pas le « contrôle des forces armées et de sécurité » !
Donc, sans tomber dans une paranoïa quelconque ou une « chasse aux sorcières parmi les forces de sécurité », prendre ces déclarations de Wade pour de la fanfaronnade, c’est oublier qu’il était, il y a tout juste deux ans, le Chef de l’Etat du Sénégal pendant douze ans, et qu’il pourrait encore compter des fidèles stratégiquement placés dans les rangs des forces armées et de sécurité.
La preuve, c’est l’ancien Commissaire de l’OCTRIS, qui vient d’officialiser son appartenance au PDS.
En effet, l’on ne peut pas oublier l’effet « paralysant » sur les forces de sécurité, des accusations de « trafiquants de drogues », du Commissaire, contre la haute hiérarchie de nos forces de sécurité, juste au moment où se déroulaient des manifestations des disciples de Cheikh Béthio Thiuoune pour le faire libérer de prison, appuyées publiquement par le PDS, qui avait appelé à une puissante mobilisation pour les soutenir.
Devant les émeutes qui ont émaillé ces manifestations, l’on avait assisté à « une absence totale de réaction de l’Etat » durant 24 heures, qui aurait pu être fatale au régime.
Il a fallu que le Chef de l’Etat monte au créneau pour remonter le moral des troupes et mettre fin dans le « flottement » au sein du commandement des forces de sécurité, et éviter ainsi que l’irréparable ne se produise.
Les accusations des partisans de Cheikh Béthio THIOUNE d’avoir été infiltré par des « éléments étrangers à leur mouvement », témoigne donc de l’existence d’un agenda caché qui était en cours, et qui n’avait rien à voir avec leur objectif.
C’est certainement la raison pour laquelle, ils n’ont pas répondu à l’appel de Wade pour qu’ils participent à son accueil, étant entendu que « chat échaudé craint l’eau froide ».
Aujourd’hui, si l’on assiste, dans le contexte des mobilisations de Wade, à l’adhésion publique de ce Commissaire dans les rangs du PDS, l’hypothèse d’un scénario de « coup d’Etat » de Wade prend tout son sens.
Que l’on ne me réponde surtout pas pour dire que la Communauté internationale ne reconnaît pas un pouvoir issu d’un coup d’Etat, puisque la réalité est tout autre !
En effet, Wade sait très bien que le recours à un coup d’Etat réussi, est devenu le meilleur moyen de créer des rapports de force qui obligent le pouvoir renversé à transiger où à aller à une résistance armée ; ce qui amène la Communauté internationale, après des condamnations de principe, à s’impliquer pour sauvegarder la paix en trouvant une issue négociée qui, généralement, passe par un « gouvernement de transition.»
Au Sénégal, ces négociations régleraient en même le « sort judiciaire du fils de Wade » tout en lui ouvrant un boulevard vers le pouvoir.
Ainsi, les rancunes et autres mécontentements nés, lors des confections des listes, suite aux prétentions hégémoniques de l’APR dans les collectivités locales, et au non respect de la parité dans les listes de Touba, ne devraient pas amener les républicains et démocrates de ce pays à « prendre l’ombre pour la proie ». En effet, les coalitions qui ont été faites avec le PDS dans différentes localités, ont obéi au refus de cette hégémonie, mais, elles ont été aussi faites avec l’APR qui a dû revoir sa copie.
Cette saine réaction contre l’hégémonisme, ne devrait donc pas être confondue avec l’agenda de Wade et son scénario en cours, qui cherchent à réaliser son projet de « placer son fils au pouvoir » par la rue, dès lors que « les urnes » le lui ont refusé le 25 mars 2012.
Donc, mettre en échec cet agenda et ce scénario, par une dénonciation publique et une saine bataille d’opinions, et non par la « rue » comme il l’aurait souhaité, est du devoir de tout républicain et démocrate de ce pays, notamment de ceux qui sont de BBY.
Jusqu’ici, le pouvoir a géré avec sérénité les manifestations organisées par Wade. Il faudrait que cela soit toujours ainsi pour éviter des bavures qui risquent d’apporter de l’eau à son moulin. Seul le respect du Droit et des Libertés, pour préserver la paix et la stabilité du pays, peut créer les conditions nécessaires pour combattre et mettre en échec, le scénario en cours de Wade.
Dakar le 13 MAI 2014
Ibrahima SENE
PIT/SENEGAL
SOURCE:http://www.dakaractu.com/Le-scenario-et-le-timing-de-Wade-pour-liberer-son-fils_a66190.html