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Idrissa Seck, maire d'opposition de Thiès qui n'attendait “rien” du Conseil des ministres délocalisé sur ses terres, a donc fini par faire coïncider son agenda avec celui de Macky Sall, président de la République, en déplacement dans la capitale du Rail depuis hier.
D'une courtoisie exquise avec la Première ministre Aminata Touré dans la matinée, il s'est plié à ce qui est considéré comme le rituel républicain en des circonstances où z-yeux et z-oreilles de l'opinion peuvent être en permanence braqués sur un événement qui, dans le principe et dans l'action, est censé orienté vers la satisfaction des préoccupations vitales des populations locales désireuses d'être soutenues face à des contraintes difficiles à surmonter.
La présence du maire de la ville et de ses partisans à l'accueil du chef de l'Etat et de son gouvernement démontre qu'il y a une certaine classe politique capable, à l'occasion, de s'élever un peu plus haut que le ras-de-pâquerette, hors de la flibusterie.
Mais Thiès hier, c'était comme un conte de fées, avec des acteurs décidés à ne pas être dans leur peau naturelle, désireux de polir leur image auprès de l'opinion, soucieux de ne pas passer pour des perturbateurs impénitents de la République. Comme dans un théâtre, les personnages auto-sélectionnés ont joué sans état d'âme le jeu d'ombres et de dupes que le scénario républicain leur avait attribué.
Ils s'en sont délectés, ainsi que le suggèrent les images immortalisées qui nous sont parvenues. Avec sourires, poignées de mains, accolades, mots aimables et tutti quanti, c'était la pause-café d'un calendrier politique coincé entre mille et une urgences, en attendant que les sabres soient (re) dégainés, que les crocs soient exhibés. La puissance de dissimulation des politiques peut être infinie.
Très vite, les hostilités vont reprendre, avec la remontée en surface de l'Adn politicien des uns et des autres. Une nuit des longs couteaux, séquence qui ne sera pas limitée à quelques tours d'horloge, va s'installer jusqu'aux élections locales du 29 juin. Thiès est en effet l'un des épicentres essentiels de la bataille de leadership et de légitimité que se livreront Idrissa Seck et Macky Sall.
Entre un maire sortant qui ne doute point de sa toute-puissance locale jusqu'à mettre sa carrière politique dans une balance, et un chef d'Etat contraint de devoir assumer un éventuel revers local qui ne manquerait pas de dimension nationale, la guerre tactique offerte à l'opinion publique hier est déjà passée aux oubliettes.
Les archives du Rail retiendront sans doute la portée républicaine des “retrouvailles” entre deux anciens premiers ministres d'un même parti politique. Mais l'histoire mortelle des prochaines semaines n'en fera qu'une pâle copie de la légendaire duplicité de nos gouvernants.
SOURCE :http://www.seneplus.com/article/guerre-tactique