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Inexorablement, le Burkina Faso est plongé dans la spirale de la violence. Chaque heure peut compter dans cet engrenage susceptible de faire basculer le pays dans le pire, d’un moment à l’autre.
Le Président Blaise Compaoré tente vaille que vaille de s‘agripper aux rênes du pouvoir. Sans doute, dans cette ultime phase, pour trouver une salutaire échappatoire dont la forme et le timing font certainement l’objet d’intenses négociations.
A la situation insurrectionnelle qu’il a contribué à installer, l’opposition et une bonne partie de l’armée, répondent par la radicalisation. Elles ne réclament ni plus ni moins que le départ d’un président coincé dans sa souricière et obligé d’explorer toutes les astuces pour s’en sortir honorablement.
En décrétant l’état de siège, le Président Compaoré a, de fait, quitté un pouvoir désormais entre les mains de l’armée. On sait l’homme coriace, félon, madré et rusé. Alors que la réalité du pouvoir lui a visiblement échappé, il tente encore de tirer les ficelles, en mettant en avant le Général Traoré, un de ses fidèles, pour discuter avec une opposition rageusement déterminée à l’écarter définitivement du pouvoir.
Retarder l’échéance, pour espérer un fléchissement de la contestation, c’est le dernier recours d’un Blaise isolé et dénanti de la plus minuscule dose de courage pour s’adresser à son peuple, qu’il a violenté et grugé pendant plus d’un quart de siècle. A la tête des manifestants un autre général à la retraite, Kouamé Lougué.
Porté au pinacle par les révoltés, il a une vision de la transition différente. Il veut uniquement mettre fin au règne de Blaise Compaoré. Quitte à lui trouver une porte de sortie, comme à la manière du dictateur tunisien Ben Ali. Une sorte de "révolution bogolan" ou printemps noir, pour éviter l’extension du bain de sang, qui a déjà fait plus de vingt morts.
Sans doute, l’Union Africaine contribue-t-elle à différer le coup de massue que les insurgés veulent asséner au dernier pan du régime actuel. En déclarant, sans ambages, qu’elle ne reconnaîtrait pas le régime militaire issu de ce coup de force, elle perpétue une situation insurrectionnelle, grosse de dangers.
La grande détermination des manifestants et le soutien manifeste d’une partie des forces de l’ordre en leur faveur, ont déjà sonné le glas du régime. Ni le retrait du projet de réforme constitutionnelle, ni la double dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, encore moins l’instauration d’un état de siège, ne semblent pas avoir eu raison de leur ardeur jusqu’au boutiste.
Questions lancinantes ! Pourquoi vouloir préserver un régime inique et évanescent au nom d’un obscur principe démocratique, qu’il n’a fait que piétiner vingt-sept ans durant ? Pourquoi se formaliser, avec le risque que la persistance de ce face à face entre forces armées et peuple aux mains nues, produise une grande effusion de sang ? L’Union Africaine devrait sagement exiger de Blaise Compaoré, une démission, et, dans le meilleur des cas, envisager son ex-filtration rapide, pour arrêter l’hémorragie.
Toute autre alternative donnerait au président en déchéance, l’inique perspective de rester au pouvoir au lieu de songer à abréger les souffrances du peuple burkinabé. Blaise n’a que trop duré au pouvoir, avec une longévité exceptionnelle et des scores brejnéviens aux élections présidentielles (80,15 % en 2010). Il a fait tuer le président Thomas Sankara, emportant avec lui le mythe de la droiture, de la vertu et de l’éthique.
Il a fait assassiner le journaliste Norbert Zongo, anéanti toutes les velléités de révolte et de contestation, corrompu ses adversaires les plus acharnés. Le plus curieux, c’est qu’avec un palmarès aussi noir, il ait réussi à se forger l’image d’un homme de paix, jusqu’à jouer aux médiateurs dans des conflits qu’il aura sinon créés, du moins alimentés, en Côte d’Ivoire, au Mali et ailleurs.
Telle est la foudroyante performance d’un homme fini, avant même que son jugement n’ait commencé. Le tribunal de l’Histoire le jugera, à coup sûr. Si ce n’est déjà fait. Le reste ne relève que de la volonté des hommes et des institutions à parachever une chute aussi précipitée que vertigineuse.
Blaise Compaoré aurait pu continuer dans la tranquillité à gérer son pouvoir jusqu’en décembre 2015, préparer un exil doré comme Ben Ali et tant d’autre dictateurs de son rang. Aveuglé par le pouvoir, redoutant d’être rattrapé tôt ou tard par ses crimes odieux et sa perfidie, il a accéléré le rythme de son triste destin. Celui d’un homme qui apprendra désormais à vivre dans la peur, après l’avoir semée et entretenue durant plus d’un quart de siècle.
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PAR MOMAR SEYNI NDIAYE DE SENEPLUS
SOURCE- http://www.seneplus.com/article/le-burkina-d%C3%A9livr%C3%A9
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