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Malgré sa stature majestueuse et le prestige de ses références conservatrices du XVIIIème siècle (le Grec en moins), Abdou Diouf a violé le secret de son cabinet pour non seulement entrer dans la plomberie, mais, pire encore, voler plus bas que les pâquerettes, en fouillant dans les poubelles. Il n'a pas su résister, en effet, derrière l'huis doré de son bureau, de déflorer des secrets appartenant à des Sénégalais qui les lui ont confiés en toute confidentialité et confiance, et, pire, il a bassement monnayé le bien public commun qui n'aurait jamais dû sortir de son...palais.
Les mémoires du second président de la République du Sénégal révèlent ce que tout le monde savait de l’homme : Abdou Diouf a la rancune tenace et n’a jamais pardonné à la classe politique sénégalaise de le toiser de haut, aussi bien pour ce qui est de la formation mise sur pied par Léopold Sédar Senghor que pour les partis puînés qu'il avait décidé de reconnaître, plus pour gêner le Ps dont l'électorat se paupériserait forcément que pour les formations de la démocratisation dont le seul rôle devait se limiter à donner une vitrine démocratique au Sénégal.
Toute sa vie publique durant, Abdou Diouf a ressassé cette amertume que le Parti socialiste a accentuée en forçant souvent la main de l’homme, lors de confrontations populaires avec des hold-up visant moins à asseoir un pouvoir politique qu'à affaiblir le primus inter pares dominant par la seule volonté de Senghor. ; et puisque ceux d’en face rognaient son autorité par leurs scores de plus en plus respectables, il mettra toute la classe politique de son pays sur le même pied d’égalité, bien que, paradoxalement, souvent appelé parfois à cohabiter, surtout dès les élections de 1988 et avant celles de 1993.
Cette rancune tenace apparaît dans l’anecdote de la réception au palais Bourbon d’octobre 1998 : comme après chaque consultation, l’opposition se faisait fort de mener campagne à l’extérieur pour dénoncer les manquements démocratiques du régime de Abdou Diouf. Ses déclarations à son retour sont celles-là mêmes qu’il couche sur pied près de vingt ans après : grosso modo, il avoue avoir «découvert une haine tenace contre ma personne».
Il ne s'est jamais relevé du rejet du parti socialiste qui n'en a jamais voulu. Frustré de victoires aussi bien en 83 (vote sans identification) qu'en 88 (il emprisonne ses opposants et se proclame vainqueur), il comprend en 93 avec la perte de Dakar, que le temps est venu de se rendre à la réalité d'un pouvoir sans base populaire. En 96, avec Ousmane Tanor Dieng, il prépare sa sortie, moins en faveur de son parti que de l'opposition avec l'alternance intervenue en 2000 (entretien avec l'auteur, juin 2002 à Paris).
Génie incompris de son peuple, véritable ascète de Res Publica, Abdou Diouf se réfugie alors dans ses fantasmes et affabulations. Ainsi des civilités senghoriennes à Élisabeth Diouf : en 1964, le président pouvait bien complimenter une épouse et louer les qualités d'un proche collaborateur ; quant à évoquer une succession, c'est danser plus vite que la musique. Senghor ne l'a jamais confirmé, même après son départ(entretien en juin 1983, pour son premier séjour au Sénégal après l'absence remarquée du gouvernent à son sacre de l'Académie française). Refusant de se prononcer sur la vie politique intérieure du Sénégal, même en privé, Senghor renverra invariablement à son dernier discours d'adieu du 31 décembre 1980 : " (…) En vérité, ma volonté de ne pas être un “Président à vie” était un secret de polichinelle, car comme on le sait, j’ai refusé, entre autres, le dépôt d’une proposition de loi tendant à faire de moi un Président à vie. Il y a mieux : dans une interview à l’hebdomadaire dakarois "Afrique Nouvelle", en mai 1976, je disais : “Pendant les quelques années qui me restent à vivre, je voudrais confier mes rêves à d’autres mains. Dès mon élection, en 1960, mon principal problème a été de former une équipe pour me remplacer au plan politique.” C’était clair." (Cf. Dernier message à la Nation, 31 décembre 1980).
Abdou Diouf a eu la même attitude de sagesse mal interprétée par ses amis socialistes sénégalais : le pouvoir politique se transmettait à l'intérieur du Parti socialiste mais la légitimité populaire restait du domaine des populations sénégalaises, au sens culturel. Il aura ainsi tout appris de Senghor, son mentor. Sauf se taire.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (00 221) 775952161
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