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C’est ce lundi 23 juin 2015 que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) va rendre son verdict dans le procès de Karim Wade et consorts. Tout porte cependant à croire que ce ne sera pourtant pas l’épilogue d’un marathon judiciaire entamé depuis deux ans. On s’attend à ce que Karim Wade et ses co-accusés, une fois reconnus coupables, usent de toutes les voies de recours qui s’offriraient à eux.
Pour sa part, le Parquet spécial de la Crei ne se fera pas non plus prier pour un éventuel pourvoi au cas où les accusés seraient renvoyés des fins de la poursuite. Cette affaire, on en parlera et en reparlera encore notamment par le symbole qu’elle représente. En effet, la gouvernance prédatrice, menée par Abdoulaye Wade pendant une douzaine d’années à la tête du Sénégal, a trouvé en la personne de Karim Wade et en ses méthodes, son expression la plus insolente. Les années Karim Wade ont fait basculer la gouvernance-Wade dans les travers d’une République banania. Le Sénégal était passé d’une République avec une Administration publique forte, organisée et républicaine, en une sorte d’Emirat où la famille régnante avait la haute main sur toutes les ressources publiques. C’est sur cette question que Macky Sall a eu l’intelligence de fédérer des forces attachées aux idéaux de la République pour aller à l’assaut de la forteresse Wade. Chacun y a joué une partition.
C’est au nom de ces principes que la politique de reddition des comptes ne devrait et ne saurait se limiter au seul cas de l’affaire Karim Wade. Il faudrait naturellement que les procédures enclenchées soient poursuivies et menées à terme. Mais au delà des responsables de la mauvaise gouvernance sanctionnés politiquement par les électeurs en 2012, le régime du Président Sall devra s’évertuer à traquer toutes formes de mal gouvernance dans sa gestion en cours. La volonté politique, maintes fois réaffirmée, se traduit par la mise en œuvre de politiques et d’organes de contrôle et de répression des crimes et délits économiques. Il est heureux que des outils se mettent en place pour qu’on n’ait plus à attendre la fin d’un régime politique pour fouiller dans sa gestion avec tous les risques de déperdition des preuves et toutes les connotations subjectives qui feraient croire à une justice des vainqueurs, une justice de règlements de comptes politiques ou on ne sait encore ! Les mises en garde adressées par le Président Sall à ses collaborateurs et à tout son camp politique n’auront de sens que si des organismes, comme l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) par exemple, instruisent en toute responsabilité des procédures et les mènent à terme. La justice devra passer sur tous les dossiers de manière juste et équitable. On ne pourrait reprocher à Macky Sall de chercher à protéger qui que ce soit dans la mesure où l’Ofnac a tous les instruments juridiques pour mener sa mission. Si tant est que le Président n’aurait pas voulu toucher à ses proches, rien ne l’obligeait à prendre l’initiative de mettre en place un tel organe et surtout le doter de moyens juridiques et logistiques importants au point que l’Ofnac ne souffre de complexe devant aucune structure pareille de par le monde. De même, le Président Sall a choisi, sans aucune contrainte, de nommer à la tête de l’Ofnac, des personnalités qui ne pourraient être soupçonnées d’un quelconque parti pris en sa faveur ou qui auraient pu être dans une logique de préserver certains proches du chef de l’Etat. Avec la généralisation de la déclaration de patrimoine à toutes les autorités publiques qui, par leur mandat, engagent des ressources publiques, le Sénégal dispose encore d’un outil qui renforce sa politique de bonne gouvernance.
C’est dans cette même logique que l’on devrait se féliciter de la décision qui vient d’être prise par la présidence de la République, de lancer des missions tous azimuts d’un grand corps de contrôle de l’Etat comme l’Inspection générale d’Etat (Ige) auprès des collectivités locales et des grandes administrations publiques (voir Le Quotidien des 21 et 22 mars 2015). Il appartient donc à l’Ige de faire son travail en toute liberté et en toute indépendance et d’en tirer toutes les conclusions pertinentes pour le bénéfice de la Nation. La lettre de mission de l’Ige ne fait aucune distinction par exemple entre les collectivités locales dirigées par des adversaires politiques ou des alliés du camp présidentiel ou même entre des maires parents ou proches du chef de l’Etat. L’occasion est donnée à chacun de faire ses preuves.
Nous autres citoyens, attendons que les standards de la gouvernance publique soient les plus élevés possibles pour qu’un ministre, quel qu’il soit, ne puisse pas par exemple, faire le tour du monde en jet privé au détriment du contribuable sénégalais ou que des contrats continuent d’être passés en totale opacité pour engager de folles dépenses publiques sans qu’aucune structure de contrôle des conditions de passation des marchés publics ne puisse faire prospérer des objections. Il convient de prendre le Président Macky Sall au mot. Le chef de l’Etat joint l’acte à la parole. Il nous est revenu que Macky Sall a fait venir, tour à tour, son frère Aliou Sall, maire de Guédiawaye et son oncle Amadou Thimbo, maire de Pikine, pour les mettre en garde contre le fait que tout le monde les a à l’œil et que lui, chef de l’Etat, ne saurait protéger personne. La sortie courroucée de Ibrahima Faye, beau-frère du Président Sall, dans l’édition de l’Observateur du week-end dernier, traduirait la position inflexible du chef de l’Etat de ne point favoriser ou encourager des passe-droits pour ses proches. Cette foi de Macky Sall semble si inébranlable qu’il mérite d’être soutenu dans un tel combat.
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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/apres-karim-prendre-macky-sall-au-mot