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Une étude constate le manque de diversification de l’économie algérienne, recommandant au pays de s’inscrire concrètement dans le processus de la ZLECAf afin de s’ouvrir de nouveaux marchés. L’Algérie aura, à terme, des atouts à faire valoir dans des produits nouveaux.
L’Algérie a adopté une approche libérale des marchés internationaux comme l’un des piliers des réformes économiques. Cette approche libérale, imposée initialement par un programme d’ajustement structurel conçu par le FMI, n’a pas modifié l’intégration de l’Algérie dans l’économie mondiale et n’a pas conduit à une plus grande diversification de la production, des importations ou des exportations. L’économie reste conduite par « un conflit de répartition des revenus pétroliers », souligne une étude conduite par le Tralac (Trade Law Center), une structure de la coopération allemande.
En décembre 2021, l’Algérie a lancé une stratégie de relance industrielle destinée à améliorer son attractivité globale en tant que destination manufacturière pour les investisseurs, par des incitations à l’investissement et en encourageant les fabricants à étendre et à moderniser leurs installations de production.
« Ces questions sont bien connues du gouvernement, ce qu’il faut, c’est une mise en œuvre, un suivi et une évaluation concertés, ce qui nécessite des structures institutionnelles et de gouvernance solides. »
Depuis 2020, le gouvernement a pris des mesures pour stimuler les investissements étrangers et nationaux en publiant une loi sur les hydrocarbures, en levant partiellement les restrictions sur la propriété des entreprises nationales par des étrangers, en adoptant une nouvelle loi sur l’investissement, et en travaillant à une nouvelle législation sur l’argent et le crédit, ainsi que sur les PPP (Partenariats public-privé).
D’ailleurs, les pays africains renforcent de plus en plus leur législation sur la concurrence en introduisant de nouvelles lois ou en modifiant les lois existantes. Pourtant, à ce jour, l’Algérie n’est membre d’aucune instance régionale dotée d’un régime de droit de la concurrence. Si elle n’est pas membre de l’OMC, elle a néanmoins ratifié la ZLECAf en 2021. Sans pour autant proposer de liste de concessions tarifaires.
Dans les services, cinq secteurs prioritaires ont été identifiés comme devant faire l’objet de négociations : les services financiers, les transports, les télécommunications, les services professionnels et le tourisme.
Trop peu de pays partenaires
L’Algérie est un exportateur net et bénéficie d’un excédent commercial avec l’Afrique. Les données sont un peu anciennes (2017) mais font état d’échanges avec l’Afrique de 3 milliards de dollars, dont 61% étaient des exportations. Qui se concentraient sur les produits minéraux, à 90%, puis les produits alimentaires, les boissons et le tabac (5%). À l’inverse, les importations venant d’Afrique étaient plutôt diversifiées, pour l’essentiel des métaux de base (18%), des produits végétaux (15%), des produits alimentaires (15%). Puis le textile (10%) et les produits chimiques (9%).
La quasi-totalité de ces produits venaient d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest.
Dès lors, la ZLECAf devient « importante » en augmentant l’accès au marché à travers la réduction des tarifs, entre autres avantages. Dans ce contexte, les différences de prix entre les tarifs préférentiels déjà appliqués par l’Algérie et les tarifs de la nation la plus favorisée sont minimes, de l’ordre de 2%. L’Algérie n’a donc pas à craindre un afflux massif de produits à bas prix.
L’Algérie a choisi un certain protectionnisme, pour les secteurs prioritaires au développement et les secteurs sensibles. Agroalimentaire automobile, machines électriques et produits chimiques sont les domaines où les droits de douane sont les plus élevés.
Pourtant, la ZLECAF, si elle est pleinement mise en œuvre, offre une opportunité de développer des chaînes de valeur régionales, en tirant parti de la demande continentale croissante en produits transformés. Nécessité accrue durant la période de la pandémie. Une logique qui vaut pour toute l’Afrique.
Pour l’Algérie, la participation à la ZLECAf lui donnera un accès au marché du reste de l’Afrique autre que celle du Nord et de la Mauritanie, où elle bénéficie déjà d’accords bilatéraux. L’Algérie, ces dernières années, s’est peu diversifiée, ajoutant simplement la canne à sucre et le saccharose à ses exportations.
Les pays réussissent mieux à se diversifier lorsqu’ils s’orientent vers une production qui nécessite un savoir-faire technologique similaire et s’appuie sur les capacités existantes. Aujourd’hui, le « panier » de l’Algérie est dominé par les produits pétroliers. Elle a donc la possibilité de se lancer dans la pétrochimie. En revanche, elle est n’est pas une puissance agricole. Une éventuelle diversification dans des produits dérivés de l’agriculture représente donc un saut technologique qui doit être coordonné.
Améliorer la gouvernance
Au plan géographique, l’Algérie dispose d’une position stratégique en tant que porte d’entrée vers les marchés africains de l’Ouest, de l’Est et du Sud ; d’où l’importance du corridor routier transsaharien. Compte tenu de ses exportations actuelles, l’Algérie peut tirer profit d’une augmentation de la production de produits pour lesquels elle dispose d’une capacité d’approvisionnement mais qu’elle n’exporte pas vers l’Afrique, comme les engrais, les produits agroalimentaires, le ciment et les produits chimiques. À long terme, l’Algérie devrait se concentrer sur les secteurs à fort potentiel de diversification, tels que les plastiques et les machines industrielles. Outre les domaines de l’industrie lourde comme l’acier et le ciment, d’autres industries peuvent devenir des exportateurs clés, comme les produits pharmaceutiques, l’agroalimentaire et la construction automobile.
Charge au gouvernement à poursuivre les réformes structurelles et les mesures incitatives pour attirer les investissements. « Ces questions sont bien connues du gouvernement, ce qu’il faut, c’est une mise en œuvre, un suivi et une évaluation concertés, ce qui nécessite des structures institutionnelles et de gouvernance solides », écrivent les auteurs en conclusion. Bien sûr, le secteur des hydrocarbures garde du potentiel, surtout face au désir de l’Europe de diversifier ses approvisionnements.
@AB