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Mbour, 6 jan (APS) - La crise aidant, beaucoup de Mbourois ont par la force des choses changé leurs habitudes alimentaires pour se rabattre, surtout pour le petit déjeuner, sur les beignets de mil et de maïs coupés par une bonne rasade de ‘’café Touba’’. Ainsi, le café au lait ingurgité avec une tranche de pain tartiné au beurre ou au chocolat est devenu presque un luxe dans la capitale de la Petite côte où les habitants cherchent par tous les moyens à manger moyen cher pour amoindrir les difficultés de la vie.
Bien des habitudes ont ainsi changé et les Mbourois qui se faisaient le devoir de prendre leur repas à la maison ont de plus en tendance à se rendre dans les ‘’Tangana’’ (fast-foods version sénégalaise) et autres gargotes où pour peu on se remplit la panse.
Face à la prolifération de ces commerces, ce Mbourois rencontré au quartier Escale (centre-ville) s’en félicite et lâche sur le ton d’un homme ayant bien mangé : ‘’Depuis bientôt un an et demi je prends mon petit-déjeuner ici ou chez +Maïga+ (tenanciers de Tangana). Puisque je ne suis pas avec ma famille, j’ai pensé que pour mieux économiser qu’il faut changer de mode alimentaire’’.
Rotant presque, il ajoute : ’’je prenais, chaque matin du pain bien beurré, du café au lait, des fruits, rien que pour le petit déjeuner. Mais aujourd’hui, avec la crise qui sévit partout, je suis obligé, ne serait-ce que pour pouvoir bien entretenir ma famille restée à Dakar, prendre du café Touba, du pain à la mayonnaise et je peux aller même parfois jusqu’au soir avant d’avoir besoin de manger’’.
Saliou, lui, est à Mbour avec sa femme, mais c’est avec son accord qu’il a mis un croix sur le petit-déjeuner habituel pour se rabattre sur la bouille de mil ou de maïs. Content d’avoir découvert le moyen de vivre suivant ses revenus, il confesse qu’il lui arrive même le soir de reconduire pour toute la famille le menu du matin. Voyant là un retour aux sources, il affirme : ‘’l’alimentation traditionnelle a maintenant ravi la vedette à l’alimentation importée je ne sais d’où’’.
Le phénomène a tendance à faire tache d’huile, car plusieurs personnes reconnaissent faire recours pour le dîner à la bouillie, après avoir mangé le matin ou en milieu de matinée du pain tartiné au ‘’ndambé’’ (sauté de niébé), au thon, à la mayonnaise voire même au spaghetti.
Ces différents mets, comme à l’instar des ‘’maiga’’ sont servis par des hommes et femmes qui ont ouvert presque partout à Mbour des gargotes. Que ce soit au marché, dans les gares routières et autres lieux publics, on tombe infailliblement sur ces commerces qui, souvent sont montés de manière, très sommaire : des bancs ou des chaises autour d’une table branlante, le tout masqué par une étoffe d’une propreté douteuse, histoire d’éviter l’œil maléfique du passant.
Alla Diène, un originaire de Darou Khoudoss à Touba, s’était à son arrivée à Mbour spécialisé dans la vente de cassettes vidéo (DVD, DVX et VCD), mais briefé par un ami il a jeté son dévolu sur le ‘’café Touba’’. Chose qu’il ne regrette pas. ‘’Depuis trois mois que je suis dans ce commerce, j’ai constaté que ça rapporte beaucoup plus que les cassettes’’, avoue-t-il.
Abdoulaye Diallo, ressortissant guinéen, éprouve le même sentiment de satisfaction. Troquant son commerce de bananes, de colas et de cigarettes contre celui des beignets, il se frotte actuellement les mains en voyant chaque matin les clients lui arracher sa production journalière.
Associé à six autres compatriotes avec qui il se répartit les 10 kilogrammes de farine transformés en beignets, il s’en va journellement avec son pousse-pousse à la rencontre de ses nombreux clients.
’’J’avoue, souligne-t-il, que ça marche très bien car il rare pour nous de rentrer sans avoir tout vendu. Les recettes quotidiennes avoisinent parfois 13.000 FCFA’’, déclare le jeune commerçant, non sans relever que ‘’les beignets sont beaucoup moins chers que la baguette de pain qui coûte 150 FCFA’’.
Quand certains vendent directement leurs produits, d’autres font appel à des tiers pour la préparation des mets. C’est le cas de Oumar, Samba et Abdou qui, en plus du ‘’café Touba’’, proposent des beignets que leur confectionne une voisine.
’’C’est Yama, une dame de notre quartier, Liberté 1, qui nous les donne. Sur deux beignets vendus à 25 francs CFA l’unité, nous en gagnons 15 FCFA’’, expliquent-ils.
Ainsi, beaucoup de familles mbouroises parviennent à survivre face à la crise, même si quelquefois les astuces ne passent pas et qu’elles sont obligées de sauter le déjeuner ou le dîner. En effet, ici dans la capitale de la Petite côte on voit de plus en plus de gens victimes de la crise mettre la croix sur les trois repas quotidiens…