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Après avoir pris la ville de Gao, les rebelles encerclent Tombouctou où des tirs d'armes lourdes ont visé le camp militaire déserté.
Les rebelles touareg du MNLA affirment "cerner" dimanche 1er avril Tombouctou, dernière ville du Nord du Mali encore contrôlée par l'armée malienne, après s'être emparé samedi de la ville de Gao et "mis fin à l'occupation malienne sur toute la région".
Des tirs d'armes lourdes ont visé le camp militaire déserté de Tombouctou. "On entend actuellement des coups de feu à l'arme lourde sur le camp militaire de Tombouctou qui est vide", a déclaré un infirmier de la ville.
"Les milices arabes qui sont censées se battre ne sont plus tellement visibles", a commenté la même source. Ces miliciens arabes loyalistes, issue de l'influente communauté arabe locale des Bérabish, ont pris position dimanche matin pour défendre Tombouctou, où de nombreux militaires de l'armée malienne ont abandonné leurs positions et leurs uniformes.
"Le région est désormais sous contrôle"
Dans un communiqué, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) des rebelles touaregs, "informe que son état-major cerne la ville de Tombouctou pour déloger le reste de l'administration politique et militaire malienne pour le bonheur du peuple de l'Azawad (la région du Nord du Mali)".
"Le MNLA vient de mettre fin à l'occupation malienne sur toute la région de Gao par la prise et le contrôle de la ville de Gao ce samedi. (...) La région est désormais sous son contrôle et son administration", ajoute le communiqué mis en ligne sur le site internet de la MNLA.
Echanges de tirs
Selon des témoins, interrogés au téléphone depuis Bamako, des tirs ont été signalés dimanche matin en provenance de la périphérie sud-est de Tombouctou, qui ont cependant baissé d'intensite.
"J'ai entendu des coups de feu très intenses au sud-est de Tombouctou. Les coups de feu ont actuellement baissé d'intensité", a expliqué l'un d'entre eux à l'AFP.
Des rebelles non identifiés
Le chef de la junte militaire au pouvoir depuis le 22 mars au Mali avait ordonné samedi à l'armée malienne de "ne pas prolonger les combats" à Gao laissant de facto la ville ouverte aux rebelles.
"Au regard de la situation des populations au voisinage" de la zone des affrontements, "les forces maliennes ont décidé de ne pas prolonger les combats", a annoncé samedi soir le capitaine Amadou Sanogo.
Deux sources proches de la junte ont reconnu qu'il s'agissait de fait d'un ordre d'évacuation de la ville donné aux forces gouvernementales. "Un plan de sécurisation plus viable sera mis en place pour que l'intégrité territoriale du Mali ne soit plus violé", a simplement expliqué le capitaine Sanogo dans son communiqué.
A un millier de km au nord-est de Bamako, Gao, environ 90.000 habitants, abrite l'état-major de l'armée malienne pour toute la région Nord.
Les rebelles touaregs, dont l'identité exacte reste à préciser, ont pénétré dans la ville dans la matinée de samedi et les combats se sont concentrés autour des deux camps militaires de Gao, où les forces gouvernementales s'étaient réfugiées.
Un coup dur pour la junte
Selon des témoins, des islamistes ont participé à l'assaut, dont certains s'en sont pris à des débits de boissons, et criaient "Ansar Dine", du nom du groupe armé du chef touareg Iyad Ag Ghaly, l'une des principales composantes de la rébellion.
Le "Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao)", une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, a revendiqué auprès de l'AFP sa participation à l'attaque.
Après la chute de Kidal vendredi, l'attaque sur Gao, et sans doute sa capture imminente, est un coup d'autant plus dur pour la junte qu'elle avait justement invoqué l'échec du régime à mater la rébellion pour renverser le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (dit ATT).
Kidal, à environ 300 km plus au nord-est, avait été prise par Ansar Dine, appuyé par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Défection dans les rangs de l'armée
C'est désormais l'essentiel du nord-est du pays qui est aux mains des rebelles touareg et de groupes islamistes qui mènent depuis la mi-janvier une vaste offensive pour "libérer" les territoires de l'Azawad, berceau des Touareg.
Le MNLA a par ailleurs affirmé, via son site internet, que l'ancien chef des forces gouvernementales à Kidal, le colonel-major Elhadji Ag Gamou, lui-même touareg, avait rejoint les rangs de la rébellion "avec toutes les troupes sous son commandement".
Bamako semble encore hors de portée de la rébellion, mais l'offensive foudroyante des rebelles menace plus que jamais la junte, acculée face aux rebelles, totalement isolée sur la scène internationale.
Le chef des mutins avait déjà jugé vendredi la "situation critique", après les menaces de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest" (Cédéao) d'imposer un embargo "diplomatique et financier" si l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli d'ici lundi.
Trois représentants de la junte de sont rendus samedi à Ouagadougou, où ils ont rencontré le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, marquant ainsi le début d'un véritable dialogue entre les mutins et les chefs d'Etat de la région.
"Sur les grands principes qui nous ont été demandés, nous disons que nous sommes d'accord", a affirmé à l'issue le colonel Moussa Sinko Coulibaly, directeur de cabinet du chef de la junte.
"Il faut une vie constitutionnelle régulière et normale, et maintenant les modalités pour arriver à ça, c'est ça que nous allons discuter (...)", a déclaré l'officier.
Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé s'est ensuite rendu à Bamako pour y rencontrer le capitaine Sanogo. "Les conclusions sont très bonnes", a-t-il commenté après son entretien avec M. Bassolé.
Samedi matin, le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, a annoncé la mise en alerte d'une "force d'intervention" régionale de 2.000 hommes.
L'objectif est de "préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali", mais la ou les missions de cette force d'intervention comme ses modalités de déploiement restent floues pour le moment: remettre la junte au pas, ou stopper l'avancée de la rébellion dans le nord.
A l'appel de religieux musulmans, catholiques et protestants, près de 25.000 personnes ont participé dans un stade du centre de la capitale à un grand rassemblement oecuménique "pour la paix".
SOURCE: NOUVELOBS.COM
MALI. Les rebelles "cernent" Tombouctou
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