Fast backlinks and Guest-post hosting
Le Mali n’est pas encore sorti de l’auberge. Les événements malheureux se succèdent à un rythme inquiétant et préoccupant particulièrement dans la partie septentrionale du pays. Ainsi, après Tombouctou et Kidal, Gao aussi est, depuis quelques jours, dans la tourmente entre attaques à l’arme lourde et dynamitage de pont, entre autres. Face à ce nouveau regain de tension, l’Etat et ses partenaires doivent revoir toute leur stratégie de sécurisation et de pacification de l’ensemble du territoire.
La sécurité et la stabilité du pays sont de nouveau sérieusement compromises par l’intensification et la multiplication des attaques terroristes contre les populations civiles et militaires.
En effet, l’actualité de ces derniers jours, aussi bien dans le nord du pays qu’au sud (événements de Kati aidant) démontre à suffisance que les plus optimistes ont eu tort de crier trop tôt victoire sur le terrorisme. Dans son discours à l’occasion de la cérémonie dite de prise de fonction du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) le 19 septembre dernier au Stade 26 Mars de Bamako, François Hollande annonçait du haut de la tribune que « la guerre contre les djihadistes avait été gagnée au Mali ». Comme une réponse du berger à la bergère, Aqmi lui répliqua quelques jours à peine après ce discours plus qu’optimiste, en signant un attentat suicide à Tombouctou faisant plusieurs victimes civiles et militaires. Dans la foulée, le MNLA et le HCUA aussi entrèrent dans la danse en « suspendant » leur participation aux travaux du Groupe de suivi de l’Accord préliminaire de Ouagadougou.
Les mouvements rebelles ne se contenteront pas d’une simple déclaration de suspension et de dénonciation de « l’inaction du Gouvernement de Bamako », ils manifesteront violemment leur mécontentement à travers des attaques armées et des attentats contre des édifices publics ainsi que des positions tenues par l’armée malienne à Kidal et environs.
En la matière, il y a lieu de dénoncer le laxisme et le traitement de faveur dont semblent bénéficiés les rebelles de la part des forces de la Minusma et de l’Opération Serval sur le théâtre des opérations à Kidal. En effet, tout indique que c’est plutôt l’armée malienne et l’administration d’Etat qui sont dans une situation de cantonnement qui ne dit pas son nom dans cette partie du territoire. Quant au MNLA et autre HCUA (bonnet blanc, blanc-bonnet), ils peuvent tout se permettre, car rassurés qu’ils sont de la bienveillante écoute et de la docile compréhension de la communauté internationale. « Dans le jeu malien, c’est le MNLA qui détient les dés et l’agenda », disait récemment un compatriote écœuré par ce qu’il qualifie de « retour à la case de départ » dans la crise du nord du pays. Un éminent confrère ne disait pas autre chose en signant de sa belle plume « un billet » tout autant évocateur du sentiment général d’agacement qui prévaut de plus en plus au sein de l’opinion nationale par rapport au comportement des groupes rebelles : « Dieu propose, le MNLA dispose ».
Ainsi, après Tombouctou et Kidal, la ville de Gao revit à son tour des moments de pis souvenir, que l’on pensait à jamais révolus.
En effet, moins de 48 heures après une attaque à l’arme lourde sur des quartiers de la ville, au cours de laquelle les obus de 122 mm tirés depuis les faubourgs ont fait d’importants dégâts matériels et des blessés graves au sein de la population, voilà que RFI annonce la destruction d’un pont au sud de la capitale des Askia à l’aide de la dynamite. Ces différentes actions ne sont surement pas de nature à consolider le maigre acquis de l’élection présidentielle sur la voie d’une sortie de crise définitive et durable au Mali. Elles remettent également en cause toute la stratégie jusque-là privilégiée par les autorités en vue d’assurer la sécurité et la stabilité sur l’ensemble du territoire.
Les tergiversations de l’Etat vis-à-vis des mouvements rebelles, la complaisance de la communauté internationale à leur égard en dépit des Résolutions des Nations Unies reconnaissant et réaffirmant les unes les autres la nécessité de préserver l’intégrité du territoire du Mali, apparaissent aujourd’hui comme les vrais facteurs encourageant la multiplication de ces actes de déstabilisation et de retour en force d’Aqmi au Sahel à partir du nord du Mali. D’ailleurs, malgré les lourdes pertes à eux infligées à la suite de l’intervention de l’armée française déclenchée le 11 janvier 2013, AQMI a-t-il jamais quitté le nord du Mali ? Les récents événements à Tombouctou, Kidal et Gao, rappellent cruellement au monde entier que la guerre contre le terrorisme dans cette vaste zone sahélo-saharienne, est loin d’être gagnée comme l’annonçaient précipitamment certains, dont François Hollande, le Président français.
Aussi, les dernières révélations de RFI et de Libération sur les accointances entre les différents groupes rebelles ayant occupé le nord du Mali presqu’un an durant, prouvent à suffisance que les djihadistes ne se sont en réalité retirés que des grandes villes. Sinon, ils sont toujours présents et ont également gardé toute leur capacité de nuisance à partir notamment de la région de Kidal qui leur sert, comme toujours, de base arrière et de sanctuaire à travers ce que d’aucuns continuent à qualifier injustement de « rebelles touareg ».
Le serpent n’étant pas mort, alors il y a lieu de ne pas se séparer de son bâton, comme le stipule bien un adage populaire de chez-nous.
Bréhima SIDIBE http://www.maliweb.net/news/insecurite/2013/10/09/article,174263.html