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Chaque année 4000 immigrés majoritairement africains viennent travailler à Rosarno en Calabre pour cueillirdes agrumes. Employés de plus souvent de manières illégales (20 à 25 euros par jour pour 12 à 14 heures de travail.), logeant dans des usines désaffectées, ils sont victimes régulièrement d’agressions et de comportement racistes. Jeudi dernier, une manifestation de plusieurs centaines de ces ouvriers agricoles a été réprimée durement par la police, quelques vitrines ont été brisées et des voitures incendiées …
Le lendemain, la population locale a cherché à se venger en procédant à une “chasse aux immigrés”, au cours de laquelle plusieurs étrangers ont été attaqués. Armés de barres de fer, les habitants de Rosarno exigeaient le départ des immigrés, ils ont obtenu satisfaction ....
“Si nous ne partons pas, nous mourrons”,
Ce week-end, plus d’un millier de ces travailleurs saisonniers ont quitté la ville par peur des représailles. Desbus ont été affrétés pour les emmener vers des centres d’accueil d’urgence, mais beaucoup ont préféré partir par leurs propres moyens. Cette révolte a été exploitée par le ministre de l’intérieur Roberto Maroni du gouvernement Berlusconi qui a promis qu’il ferait appliquer la loi, et que tous les clandestins seraient expulsés d’Italie car ”ces violences sont le signe d’une trop grande tolérance avec les clandestins“.
Du racisme à l’esclavage
Selon le principal syndicat italien Cgil, environ 50.000 travailleurs immigrés vivent en Italie dans deslogements insalubres similaires à ceux de Rosarno.
Cette révolte des travailleurs africains qu’on traite " comme des animaux "pour reprendre une formule qui revient sans cesse dans leurs déclarations n’est pas unique en europe.
Les membres du SOC, le Syndicat de Journaliers Agricoles en Espagne, qui tentent de puis les années 60 d’organiser les travailleurs agricoles migrants du sud de l’ Espagne sont souvent victimes d’agression. En février 2000, à El Ejido, a eu lieu un véritable pogrom : La population espagnole a fait la chasse à la communauté immigrée, à ses journaliers clandestins ou en voie de régularisation
Et en France ?
Depuis quelques années le mur du silence qui entoure les déréglementations du droit du travail ( les fameux contrats OMI) concernant les travailleurs migrants agricoles se fissure sous l’effet de l’engagement d’associations, de collectifs, du Codetras sur le territoire français …
La Confédération paysanne s’implique de plus en plus, organise des formations et publie des outils juridiques pour le droit des travailleurs saisonniers.
Le CODETRAS dénonce et soutient les saisonniers qui subissent abus et injustices du fait de la précarité de leur statut et de leur extrême dépendance vis-à-vis de leur employeur : des conditions de logement indignes, desdépassements d’horaires, des heures supplémentaires non déclarées et sous payées, des cadences infernales,des insultes, des menaces au moindre faux pas, à la moindre remarque ......
Même les droits aux prestations de sécurité sociale leur sont refusés au-delà du contrat, contrairement à la législation en vigueur. Et obligés de retourner dans leur pays d’origine à la fin de leur contrat temporaire, les ouvriers trop âgés, trop usés ou trop revendicatifs sont remplacés par d’autres plus dociles. ….
Récemment la revue "Mouvements des idées et des luttes" a publié un article"Ni vu, ni connu, je t’empoisonne" sur les travailleurs migrants victimes des pesticides en plein Grenelle de l’environnement.
Pour une convergence de luttes
Ce combat de la dignité et des droits élémentaires des individus est l’affaire de tous. Sud rural comme tant d’autres dénonce un esclavage moderne agricole au profit de quelques uns et s’engage dans une convergences des luttes avec en particulier la Confédération paysanne pour que cesse ces situations de servitude dans l’ Europe agricole du XXI ème siécle ..
SOURCE: http://www.sud-rural.org/
La Révolte des immigrés au Sud de l'Italie
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