VOIX DISSONANTES AU SEIN DU MOUVEMENT DU 23 JUIN « Y en a marre » refuse de se battre aux côtés de Benno pour déloger Wade du Palais

Si l’envie de marcher sur le Palais et d’en déloger Me Wade démangeait Benno Siggil Senegaal, elle devrait s’ attendre d’ores et déjà à combattre sans le Mouvement « Y en a marre ». En effet, en conférence de presse hier, Thiat et ses camarades ont déclaré à qui veut les entendre qu’ils ne se mêleront ni de près ni de loin à un quelconque acte de subversion de nature à précipiter la fin du mandat du président de la République, avant 2012. Au motif que, selon eux, « Y en a marre ne s’inscrit pas dans une dynamique de départ imminent et immédiat du chef de l’Etat, pour enfin céder la place à une situation de chaos ». Avant de marteler, avec force : « le Sénégal, qui a une longue tradition démocratique, est l’un des rares pays au monde où l’Armée n’a jamais pris les commandes. Nous ne sommes pas dans une situation à l’égyptienne ou à la tunisienne, car on a besoin de notre pays », ont clairement affirmé les acteurs du « Mouvement du 23 juin ». 

Pas question de laisser Wade briguer un troisième mandat

Thiatt et Cie disent « être dans une dynamique autonome, indépendante, transversale aux contextes et options politiques, une dynamique de réflexion et d’action. Y en a marre obéit à un axiome : être toujours, aujourd’hui et demain, dans la disposition de servir le peuple. Exclusivement, et au prix de tous les sacrifices ». C’est tout le sens qu’il faut donner au fait que chez les « Y en a marristes », il n’est pas question de céder sur les principes, afin de se battre contre les coupures courantes d’électricité, les hausses incessantes du coût de la vie, les campagnes agricoles chaotiques, la crise, les inondations récurrentes, les violations des libertés démocratiques…. Tout comme, même sous la torture, les membres de « Y en a marre » comptent poursuivre leur campagne Daas fanaanal (ma carte, mon arme) et s’opposer farouchement à toute candidature de Wade à la Présidentielle de 2012.

Cette précision a tout son pesant d’or car, au détour d’une réunion d’évaluation, vendredi dernier dans le Salon d’Amath Dansokho, le porte-parole du jour dudit Mouvement, Abdoulaye Bathily, avait affirmé que ses frères d’armes exigent de Wade son départ immédiat de la tête du pays. Ces voix dissonantes sont assez révélatrices d’un manque de coordination entre les différents acteurs du Mouvement du 23 juin. 

Pourquoi « Y en a marre » refuse de s’enflammer

Il a beau être foncièrement opposé à toute action de nature à hâter le départ de Wade, mais « Y en a marre » se veut intransigeant à l’égard du locataire du Palais. « Le 23 juin n’est qu’une étape dans la grande bataille de principe contre les tripatouillages de la Constitution, nous ne sommes pas encore à la fin de nos efforts pour la libération de notre pays », dit-il, sans s’enflammer. Avant de jouer sur les nerfs de Wade et son régime : « nous encourageons chaque citoyen à rester vigilant et à se dresser contre tous ceux qui seraient tentés, par une quelconque alchimie juridico-politique, de violer les fondamentaux d notre démocratie ».

Daouda Thiam

SOURCE: LAS QUOTIDIEN