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Almamy Bocoum, ambassadeur itinérant au cabinet du président de la république « Samuel Sarr a dépassé les bornes »
Ambassadeur itinérant au Cabinet du président de la République, Almamy Bocoum, membre du directoire de l’Apr, est en colère contre les détracteurs de Macky Sall. Dans l’interview qu’il nous a accordée hier, jeudi 21 août, il fait feu de tout bois. Des affaires Karim Wade à Samuel Sarr en passant par les sorties au vitriol d’Idrissa Seck et les tensions à Matam, M. Bocoum n’esquive aucune question.
Quelle analyse faites-vous de l’actualité politico-judiciaire au Sénégal ?
La démocratie est une très bonne chose pour tout le monde. Mais au-delà, il y a le tohu-bohu, le brouhaha voire l’anarchie. Je constate qu’il y a beaucoup de personnes qui parlent à hue et à dia, qui insultent le président de la République comme si tout était permis dans le pays.
Défendre quelqu’un qui dit que le président de la République détient dans un compte bancaire aux Etats-Unis des milliards de F Cfa, qu’il aurait volés aux contribuables sénégalais, si cette personne là, ne peut pas prouver ses propos, son acte dépasse l’injure. C’est un attentat à l’ordre public.
Et pourquoi ?
Parce que s’il le prouve, le peuple sénégalais exigera qu’on arrête le Chef de l’Etat sur le champ. Trop, c’est trop ! Il faut que les gens arrêtent. La surenchère n’a rien de bon. Or, nous sommes dans la surenchère la plus absolue et la plus folle. On entend tout et n’importe quoi. Je pense que les gens devraient recouvrer toute leur raison. Savoir que nous vivons dans un petit pays qui fait 222.000 Km2 au maximum. Tout le monde est lié à tout le monde. Si, on n’y prend garde, certains propos peuvent nous amener dans des terrains qu’on n’aurait jamais souhaité pour le Sénégal.
Que l’opposition s’oppose est tout à fait normal. Ça fait vivre la démocratie. Mais, que le pouvoir gère le pays est aussi de la démocratie. Si chacun joue son rôle pleinement, les moutons seront bien gardés.
Nul besoin ne justifie qu’on accable les uns et les autres. Il y a des choses qui sont pendantes devant la justice. C’est à elle et à elle seule de dire le droit. Ce n’est pas aux commentaires, encore moins aux politiciens, à chaque fois, d’en rajouter une couche. Qui pour dire que telle chose est illégale. Qui pour dire que telle autre chose est anormale. Ce qui fait que même le travail quotidien du pauvre sénégalais, n’est pas visible, ni lisible. On est tous accroché aux résultats des juges, des avocats et des procureurs. Alors que la justice a besoin de calme et de sérénité pour rendre ses décisions.
Pourquoi, le fait que les hommes politiques commentent l’actualité vous dérange-t-il ?
Personnellement, je ne commente pas une actualité judiciaire, tant que le verdict n’est pas rendu. Or, ce à quoi nous assistons, c’est que ce sont des responsables politiques du PDS, de Rewmi, qui a chaque fois, commentent des choses qu’ils ne maitrisent même pas.
La CREI qu’on le veuille ou non, est un fait. Karim Wade est inculpé pour des choses claires, nettes et précises. C’est à lui d’apporter des preuves de son innocence, en prouvant le contraire. Ce n’est pas Macky Sall qui a créé cette loi. S’il y a renversement de la charge de la preuve, c’est à lui de prouver la licéité de ses biens. Ça ne mérite pas tout ce tintamarre. On parle de prisonnier politique ? Mais, il est prisonnier politique de qui ? Est-ce que c’est parce qu’il a été ministre que la CREI ne peut pas le juger ? Est-ce que les faits délictuels qui lui sont reprochés sont passés quand il occupait les fonctions de ministre ? Ou bien est ce que c’est parce que quelqu’un a été ministre, qu’il ne peut plus être jugé que par la haute cour de justice ? Il faut faire la part des choses. Nous sommes dans l’amalgame absolu. On ne sait plus qui est qui et qui fait quoi. Et les clameurs que l’on attend, ne concernent pas tous les Sénégalais. Elles sont dans le landernau politico-politique dakarois.
Nous avons tous, pouvoir comme opposition, l’obligation de sauvegarder une nation qui est en train d’être construite. Une nation en construction, on ne la déstabilise pas tous les jours.
Affaire Samuel Sarr
«J’ai lu ce que ce que Samuel Sarr a écrit. Il ne l’a pas écrit au conditionnel. Il a dit que «Bourdon ferait mieux, de traquer des milliards que Macky Sall a planqué dans des comptes américains, volés sur le dos des sénégalais». Son avocat dit qu’il a utilisé le conditionnel. Désolé, il ne l’a pas fait. Jusqu’où, on va le laisser faire. Quand on dit que le président de la République a volé de l’argent, in fine, on cherche quoi ? A ce que le peuple se soulève pour aller le cueillir ? Ou bien à se victimiser aussi par tous les moyens pour avoir une aura que Karim Wade aurait (il souligne le conditionnel), parce qu’il est en prison. Samuel Sarr a franchi les bornes. D’autres vont essayer de franchir les bornes.
On n’est pas dans un pays de dictature. Dans une dictature, c’est le silence total et absolu. On a droit qu’à une chose : dire oui. Au Sénégal, on dit ce qu’on veut, comme on le veut, quand on le veut. Mais, il y a quand même des limites à tout. Personne n’a muselé l’opposition. Ils sont sur toutes les radios et les télévisions. A-t-on une seule fois demandé à une radio d’arrêter de diffuser, un journal ou une télévision ? Si nous étions dans un pays de dictature, c’est à ça, qu’on allait assister.
Macky Sall que les Sénégalais ont élu le 25 mars 2012 n’est pas là pour ça. La démocratie est un jardin qu’on cultive à vie. Or, si on n’y prend garde, des oiseaux de mauvais augures viendront remettre tout ça en cause et c’est tout le peuple sénégalais qui va en pâtir.
Nous ne sommes pas que des sentinelles de la démocratie. Nous sommes des sentinelles de la République. Au non de quoi, Idrissa Seck parlerait-il à mon nom. A quel titre, s’érigerait-il en bouclier ou en homme de vertu? Lui, l’homme des allers et retours du palais et d’ailleurs. Lui, le symbole de la tortuosité du Sénégal. C’est lui qui se permet, à chaque fois qu’il ouvre la bouche, de parler de Macky Sall, en mal. M. Macky Sall est président de la République du Sénégal. M. Idrissa Seck est président d’un département. Et encore ?
Quid de l’article 80 ? Etes-vous d’avis qu’il faut la supprimer ?
Quand j’étais dans l’opposition, je pensais que la liberté de la presse doit être totale. Et qu’il appartenait à la presse de gérer sa liberté. Mais, la liberté de la presse ne signifie pas que la presse peut dire tout et n’importe quoi. Je suis pour l’abolition de toute chose qui enfreindrait les libertés. Que ce soit l’article 80 du code pénal ou autre. Je suis pour la liberté totale de la presse. A titre personnel, je suis pour la suppression de l’article 80. Mais, il faut savoir comment la supprimer. Je crois qu’il doit y avoir une large concertation entre la presse, le gouvernement, l’opposition afin de savoir ce qu’il faut mettre à la place. Ce n’est pas pour brider, mais une information qui peut nuire à une nation, à l’Etat, il faut qu’elle soit vérifiée, vérifiable et vraie. Si tout le monde sort du n’importe quoi, à longueur de journée, on ira où ?
Locales du 29 juin
«Je savais que l’APR ne pouvait pas perdre ses élections. Pour une simple raison mathématique, l’APR en tant que telle n’avait pas beaucoup de collectivités locales. Forcément, tout ce que nous allions obtenir, allait être un plus. Maintenant, qu’on remporte 495 collectivités sur 602, si ce n’est pas une victoire, ça y ressemble beaucoup».
La perte de Dakar, Ziguinchor, Thiès…
«Ces villes restent juste des symboles. Or, la démocratie n’est pas que des symboles. Je crois même qu’il faut relativiser en disant que nous avons perdu Dakar. La capitale reste entre les mains d’un socialiste dont le parti est membre de la Coalition BBY.
Nous avons simplement tout fait pour gagner la capitale. Démocratiquement, nous l’avons perdu, mais, le vainqueur reste un compagnon de route. Jusqu’à preuve du contraire, le PS est dans BBY. On a gagné ensemble et on gouverne ensemble.
Divisions au sein de l’APR à Matam
«Je ne veux pas dire que le département de Matam est un domaine réservé, mais ça y ressemble fort. Je ne citerai ni ne nommerai personne. Mais, il y a eu des choses pas très catholiques qui se sont passées là bas. Je ne veux pas en dire plus parce qu’il y a la solidarité du parti. Les élections sont derrière nous. Il y a eu des élus. A eux, la charge de nos collectivités. Je leur souhaite bon vent».
Bouclier pour Farba
«S’il a besoin d’un bouclier, dans ce cas, il sait ce qu’il a fait. S’il a besoin d’un bouclier, peut-être, qu’il a fait ce qu’il ne fallait pas faire ou dit ce qu’il ne fallait pas dire. Je ne sais pas trop. Je ne l’ai pas attaqué et je n’ai pas entendu quelqu’un l’attaquer. En revanche, nous sommes tous de l’APR. Notre parti a gagné les élections grâce au président Macky Sall et à nos alliés. Nous prônons la rupture. Elle doit se passer à tous les niveaux. Elle doit se sentir dans le Fouta et dans le département de Matam. Je veux dire qu’on ne peut pas recopier sur le passé, pour faire des choses qui se faisaient avant et que tout le monde a condamné. Et dire en même temps qu’on a fait de la rupture. Là, je parle localement. Je ne veux en dire plus, parce que la situation ne s’y prête pas. On est plus préoccupé par la solidarité pour le chef de l’Etat et son gouvernement pour faire du Sénégal un pays émergent».
source: http://www.sudonline.sn/-samuel-sarr-a-depasse-les-bornes-_a_20477.html