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«Le jour où Serigne Saliou a posé sa main sur la mienne…»

Sénégal

L’OBS-People «Chez Fleur», c’est l’intitulé de la série à venir dont le teaser passe en boucle sur la TFM (Télé Futurs médias) et enflamme déjà le Web. Fleur, c’est aussi le surnom de l’actrice principale. De son vrai nom Sokhna Khadijatou Mbaye, elle a longtemps hanté les podiums sénégalais et internationaux. Aujourd’hui, le mannequin montre une autre facette d’elle, celle d’une actrice pétrie de talent. En attendant de pouvoir l’apprécier sur le petit écran, Fleur déroule le film de sa vie pour L’Obs. En avant première, les 5 dates qui l’ont le plus marquée. En entracte, elle revit les disparitions de son guide spirituel Serigne Saliou et de sa grand-mère maternelle. Des larmes à flots, coupez !   

 

2012 : C’est la date où j’ai fait la connaissance du réalisateur non moins producteur de la série «chez Fleur», Ahmed Niang. C’était lors d’une émission à la TFM (Télé Futurs médias). Après avoir sympathisé, il m’a fait la proposition de jouer le rôle principal dans son projet de téléfilm. J’ai tout de suite accroché avec son concept, car le cinéma a toujours été ma passion. Je suis cinéphile, je peux passer toute la journée à regarder des films. Angélina Jolie et Jennifer Lopez sont mes actrices préférées. Depuis toute petite, je rêvais de devenir une grande actrice. A l’école, j’ai souvent intégré des troupes théâtrales. C’est pourquoi, quand l’opportunité de faire du cinéma m’a été offerte, je l’ai saisie des deux mains. D’ailleurs, avant celui-ci, j’ai joué dans un téléfilm qui passait dans une télé de la place, où j’incarnais un gangster. Toutefois, celui-ci, même si la diffusion n’a pas encore démarré, fait déjà un énorme buzz. Je suis persuadée que cela va marcher, c’est pourquoi, depuis deux ans, je me sacrifie. J’ai mis tous mes projets de côté pour m’y consacrer. Je sais que cela va payer tôt ou tard. C’est une autre facette du cinéma, qui n’a rien à voir avec, ce qui se fait d’ordinaire. Je demande aux Sénégalais de l’adopter et je prie également pour qu’il fasse partie des meilleurs téléfilms africains, pourquoi même au-delà. Je rêve de jouer à Hollywood comme Omar Sy. J’ose croire que la série sera une vitrine pour moi. A la base, je suis mannequin, mais le mannequinat et le cinéma vont de pairs. Lorsqu’on défile, on joue un rôle sur la scène, comme quand on est derrière les caméras, pour interpréter un rôle. N’empêche, c’est quand même très dur. Depuis que nous avons commencé les tournages, je ne dors plus, je ne mange plus. Parfois, il m’arrive de ne même plus avoir la force de tourner, mais Ahmed est toujours derrière pour te booster. En plus, je suis du genre à ne pas mémoriser rapidement les textes. Me faire apprendre un texte par cœur, c’est me déstabiliser. D’ailleurs, ce qui m’a le plus marquée, c’est le premier jour du tournage, nous n’avions pas de scénario. Nous avons tourné de 13h à 22h, tout a été spontané et s’est très bien passé. Nous étions nous-mêmes, surpris par nos prouesses. J’étais fière de moi car j’avais réussi à donner le meilleur de moi-même. J’ai découvert une autre facette de moi. Tandis que les autres, quand on a voulu me faire mémoriser le scénario, je me suis complètement plantée. Ahmed Niang n’a pas manqué de me le faire remarquer et j’en ai pleuré toute la nuit. J’ai également beaucoup ri, particulièrement le jour où l’on a tourné une scène dans un hôtel avec un gars qui était attifé d’un «nguimb». Il m’a beaucoup fait rire et j’avais un mal fou à me concentrer. Par la suite, j’ai pu gérer la situation…

2001 : L’année de mon premier job. Malgré un salaire de misère de 35 000 FCFA, j’étais très fière de moi. J’étais encore à Mbacké où je suis née et je travaillais comme gérante d’une épicerie et d’une station de lavage automobile. J’avais entre 17 et 18 ans et je m’étais mise dans la tête qu’il fallait que je bosse pour aider ma mère. Ma maman est la personne la plus importante à mes yeux, elle est toute ma vie. Le fait de me lever tous les matins, de gagner des moyens de subsistance à la sueur de mon front et à la fin du mois percevoir mon salaire aussi minime soit-il. Il n’y a rien de plus gratifiant. L’année suivante, j’ai quitté Mbacké pour venir à Dakar en 2002. Au début, je travaillais au COUD et j’étais aussi handballeuse au Djaraaf. J’alliais le sport, le boulot et aussi les études. Je prenais des cours d’anglais au British Council.

2007 : C’était la première fois que j’entrais à l’ambassade des Etats-Unis. J’y étais pour un entretien d’embauche et le jour même, j’ai été prise pour gérer la cafétéria. J’avais ma casse et je gérais les commandes des employés de l’ambassade. Certes c’est un boulot comme un autre, mais c’est quelque chose d’impressionnant. Je sais qu’il y a beaucoup de Sénégalais qui rêvent d’accéder à ce bâtiment. Ce n’est pas donné à n’importe qui d’y circuler avec une sécurité de ouf. Il faut montrer patte blanche pour entrer, moi j’avais un badge qui me servait de laissez-passer. J’ai fait six mois là-bas avant d’arrêter.

27 décembre 2007 : Date qui correspond au rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacké, le chef spirituel de la confrérie des Mourides. J’ai été touchée au plus profond de moi comme tous les Mourides par sa disparition. Serigne Saliou a opéré beaucoup de miracles dans ma vie. Il a prié pour moi. Alors que je n’étais qu’une enfant, mes parents m’ont emmenée le voir pour la première fois. Je ne peux pas expliquer ce que j’ai ressenti sur le moment, car je n’étais pas en âge de comprendre. Mais, lorsque j’ai grandi, j’ai mesuré la dimension de l’homme, ce qu’il représentait. La dernière fois que je l’ai vu, j’étais assise devant chez moi à Mbacké, il m’a dépassé à bord de sa voiture. J’ai aussitôt détalé à sa poursuite. J’ai réussi à mettre ma main sur le véhicule et il a posé la sienne sur la mienne…

2010 : Le décès de ma grand-mère maternelle, Seynabou Ndiaye. En plus d’être une amie, une confidente, elle était ma complice. Je ne me lassais jamais de la taquiner, on se disputait tout le temps pour nous réconcilier à la minute qui suit. Elle compte beaucoup d’enfants et de petits enfants, mais c’est ma photo qu’elle a choisie d’agrandir et d’accrocher sur le mur de sa chambre à coucher. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais. Je passais souvent mes vacances avec elle à Diourbel. C’étaient des occasions de nous chamailler encore. Elle tenait un petit commerce de légumes, pour échauffer ses nerfs, je prenais les tomates et je les écrasais. Je prenais aussi les carottes et je les cassais en deux. Elle s’énervait et se mettait à me courir derrière et gare à moi si elle me mettait la main là-dessus. Le jour où l’on m’a appelée pour m’annoncer son décès, j’ai profondément été peinée. Elle était certes malade, vieille, mais je ne m’attendais pas à sa mort. Les dernières prières qu’elle a formulées pour moi, c’était pour que je trouve un époux. Maintenant qu’elle n’est plus là, je demande au Bon Dieu d’exaucer ses prières. Je suis une femme et je ne demande qu’à me marier et fonder un foyer…

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

source:http://www.gfm.sn/le-jour-ou-serigne-saliou-a-pose-sa-main-sur-la-mienne/
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