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Nouvelles expulsions dans le no man’s land maroco-mauritanien : des Sénégalais parmi les Subsahariens expulsés

Sénégal

Les forces de l’ordre auraient expulsé vers la Mauritanie une trentaine de Subsahariens en situation irrégulière et installés à Tanger, en fin de semaine dernière. Leurs amis sont sans nouvelles. Il y a quelques heures, un autre groupe de migrants irréguliers de Tanger était emmené par la police au sud.

 

En début de soirée, ce mardi 27 août, 9 Sénégalais et 2 Maliens ont été emmenés par les forces de l'ordre depuis Tanger, et se trouvaient sur la route entre Dakhla et Boujdour, révèle Saïd Tbel, membre de l'AMDH d'après le témoignage de l'un d'entre eux. Ils craignent d'être expulsés vers la Mauritanie. En fin de semaine dernière déjà, une trentaine de Subsahariens aurait été expulsée au sud, à la frontière avec la Mauritanie.

 

 « L’un d’entre eux nous a appelé, en arrivant au niveau de la frontière, avant d’être expulsé. Depuis, nous n’avons plus aucune nouvelle », témoigne Youssouf*, l'une de leur connaissance. Tous étaient installés à Tanger.

 

 

Selon Youssouf, les forces de l’ordre marocaines ont fait monter des Guinéens, des Maliens et des Camerounais en situation irrégulière dans des bus, les jeudi, vendredi et samedi 24 août, et ont quitté Tanger en direction du sud. Dans ce genre de cas, la police marocaine fait traverser le poste de douane marocain à la frontière maroco-mauritanienne, en direction de Nouadibhou, première ville mauritanienne, le long la côte. Or, depuis décembre, la Mauritanie refuse l’entrée sur son territoire de ces migrants irréguliers. La trentaine de Subsahariens est probablement restée bloquée dans le no man’s land entre le Maroc et la Mauritanie.

Oujda saturée

Pourquoi, cependant, les forces de l’ordre marocaines auraient cherché à expulser au sud des personnes en situations irrégulières interpellés à Tanger plutôt qu’à Oujda, comme c’est habituellement le cas ? « Je pense que le commissaire, à Oujda, ne veut plus voir de blacks », estime Mohamadou. Interpelé, en juillet, il a été témoin d’une scène édifiante. « Nous avions été très nombreux à avoir été arrêtés dans le nord. Il y avait 4 grands cars, raconte-il. On nous a fait descendre dans un hangar et on a vu le commissaire arriver. On ne comprenait pas tout, mais il était visiblement énervé et il ne voulait pas de nous. Les cars ont fait demi-tour et nous avons été relâchés dans un village proche d’Oujda. » « Les migrants arrêtés ces derniers jours n’ont pas été expulsées à Oujda, mais emmenés au centre de Berkane qui est un centre pour migrants ouvert », reconnaît Chakib El Khyari, membre de l’Association Rif des droits de l’homme.

Ce ne serait pas la première fois que la police marocaine déciderait d’expulser des Subsahariens par la frontière maroco-mauritanienne. En décembre 2012, entre 50 et 70 personnes se sont retrouvées bloquées : renvoyées par le Maroc et refusées par la Mauritanie. Dans le désert, il n’y a rien qu’un camion abandonné pour servir d’abri. Surtout, hormis les alentours de la route qui joint Lâayoune à Nouadibhou, la bande de terre entre les deux Etats est minée. « Il y a deux mois, il y avait eu d’autres expulsions de ce type. Les gens s’étaient retrouvés bloqués, mais après les manifestations, on les a ramenés », rappelle Camara Laye, président du Conseil des migrants subsahariens au Maroc.

Passages vs répressions

La pression des forces de l’ordre sur les migrants subsahariens à destination de l’Europe ne faibli pas. Après les rafles de juillet, Camara Laye explique avoir vu arriver de nombreux blessés à Rabat en provenance de Tanger. Au nord, le harcèlement de la police continue. « Les forces de l’ordre ont recommencé à venir tôt le matin dans les immeubles occupés par les Africains. On est obligé de se lever dans la nuit pour aller se réfugier dans la forêt », raconte Mohamadou. « Cette nuit [de lundi à mardi 27 août, ndlr], une quarantaine de Subsahariens a été arrêtée à Rabat et Casablanca », souligne-t-il.

Dans le même temps, les tentatives des migrants irréguliers pour joindre les côtes espagnoles continuent. Plus de 120 migrants clandestins d'Afrique subsaharienne ont été secourus samedi 24 août au large des côtes espagnoles près de l'archipel espagnol des Canaries, indique l’AFP. Le même jour, 47 immigrants ont également été secourus à bord de trois embarcations distinctes au sud de l’Espagne. Ils ont été transférés à Almeria. 39 autres migrants, qui étaient à bord d'un zodiac, ont été transférés à Sebta.

*les prénoms ont été changés

  Par Julie Chaudier - yabiladi.com

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