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CHEIKH BETHIO A PROPOS DES MESURES RESTRICTIVES - «M’interdire de thiant c’est me contraindre à ne plus adorer Dieu»
L'OBS - Cheikh Béthio est formel : ceux qui veulent le contraindre à ne plus rendre grâce à Serigne Saliou ont fait une interprétation erronée du droit. Ce n’est pas possible, même en prison, je m’acquitterai de ce devoir musulman, a-t-il soutenu. Le guide des « thiantacones » poursuit ses visites de courtoisie auprès des dignitaires mourides de l’agglomération de Touba Mbacké. Mais pour cette dernière tournée, Cheikh Béthio a radicalement changé de discours.
Reçu en audience par Serigne Cheikh Djeumb Fall, khalife général des Baye Fall, le « thiantacone » en chef a abordé son incarcération et la liberté provisoire qu’il a obtenue. Cheikh Béthio est longuement revenu sur les mesures restrictives qui accompagnent sa liberté provisoire. «Aucun Etat, aucune personne ne peut me contraindre à ne pas rendre grâce à Serigne Saliou Mbacké», déclare le Cheikh. «J’ose croire que la presse a été abusée ou qu’elle est inculte pour imputer au gouvernement du Sénégal les propos selon lesquels Cheikh Béthio est interdit de Thiant. Avec mon statut d’administrateur principal de classe exceptionnelle, ce n’est pas facile de me berner par des propos de cette nature. Je connais un peu de tout, c’est ainsi que j’ai été formé. C’est pour vous dire que même en prison, je continuerai à rendre
grâce à Dieu. Je maîtrise les lois et règlements qui régissent ce pays
et je ne prétends à aucun moment de ma vie les transgresser. Mais vouloir m’interdire des thiants en l’honneur de Serigne Saliou, personne n’en est capable. Même si des canons étaient braqués contre moi avec cette décision ferme de ne plus organiser des actions de grâce, j’essuierais leurs coups en rendant grâce à Serigne Saliou. Je ne suis pas de ces gens qu’on peut apeurer ou intimider par une interprétation aussi biaisée du droit. Le Sénégal reste un pays laïc à majorité musulmane. L’action de rendre grâce est l’ultime pilier de l’adoration de Dieu pour tout musulman. Comment alors peut-on prétendre interdire au talibé mouride que je suis, de ne pas s’acquitter de ce devoir ? Cela ne relève pas de l’ordre du possible. Je rendrai grâce à Serigne Serigne Saliou éternellement car c’est cela ma raison
d’être. Pour autant, je ne pense pas un seul moment que c’est le gouvernement qui a annoncé une telle mesure. Mais si le pouvoir déclare publiquement qu’il m’interdit les thiant, je mettrai ma vie sur la balance. » Ce discours ferme et précis a été le même que
le Cheikh a tenu devant Serigne Moustapha Mbacké Abdou khadre et
Serigne Mewnou Diakhaté. Sans varier sur sa position il rappelle être en liberté provisoire, mais attend avec sérénité le verdict du tribunal à propos de ses bisbilles avec dame justice.
ABDOULAYE BAMBA SALL
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