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DAKARACTU.COM - Avant son voyage à Bruxelles en octobre 2012, le président Macky Sall a adressé aux autorités saoudiennes une demande de 30 invitations royales pour le pèlerinage. Celles-ci donnent droit à quelques menus privilèges, dont les Africains sont très friands. Cette demande est restée sans réponse. Le président fait alors une autre demande de 15 invitations, qui essuie également un refus diplomatique dans lequel les Saoudiens indiquent que cette pratique est révolue, ne se fait plus que de façon exceptionnelle et surtout au moins deux mois avant le début du pèlerinage pour 3 personnes au plus. En réalité, la Première dame souhaitait se rendre à la Mecque avec sa mère, en profitant de ces fameuses invitations pour accomplir le pèlerinage dans des conditions plus confortables. En sa qualité de ministre des Affaires étrangères, ABC intervient et obtient malgré des délais courts les 3 invitations royales.
Seules deux personnes en profiteront : ABC et l’une de ses épouses. Mieux, son avion a pu atterrir à la Mecque, alors qu'à partir du 20 octobre 2012 l'espace aérien au dessus de la Mecque est fermé justement pour cause de pèlerinage. Déçue, Marième Faye Sall est alors entrée dans une colère noire.
A-t-elle interpellé son époux sur la question ? En quels termes ?
Toujours est-il que cet épisode a été la goutte qui a fait déborder le vase et précipiter la décision de se débarrasser de ABC, alors qu’il accomplissait le 5e pilier de l’Islam. En effet, son limogeage est intervenu alors qu’il était aux lieux Saints de l’Islam. Au-delà, de cette affaire, d’autres bras de fer avaient fini par rendre les relations entre les deux amis tendues. C’est ainsi que la méfiance et la distance se sont progressivement installées. Il faut certes reconnaitre que ABC, au vu de la nature de ses relations avec le Président, avait de par son comportement, du mal à faire la part des choses entre l’amitié et le nouveau statut de chef d’État de son ami. Ce sentiment a conduit parfois le géniteur de l’APR à adopter, à son corps défendant ou sans le savoir, une attitude de défiance et de désinvolture qu’un Président ne peut tolérer, lorsqu’il est piqué au vif dans son orgueil. Faut-il rappeler que c’est Macky Sall qui a été élu et non ABC, quelles que soient leurs excellentes relations par ailleurs.
Au Sénégal, le Président de la République nomme aux emplois civils et militaires. Les Affaires étrangères et la défense nationale constituent des domaines réservés, où il a les pleins pouvoirs. Avant de quitter Dakar avec son épouse pour la Mecque, le ministre des Affaires étrangères a signé un arrêté portant affectation de personnels dans nos représentations diplomatiques et consulaires. En effet, la règle veut que les agents, après deux ans au Sénégal, soient affectés dans les missions diplomatiques. Aussi, les départs sont planifiés en général pendant les vacances, pour permettre aux fonctionnaires d’organiser notamment les études de leurs enfants dans leur pays d’affectation. Après avoir signé donc l'arrêté d'affectation des agents le matin du 22 octobre 2012, le président de la République demande la suspension immédiate de toutes les affectations jusqu'à nouvel ordre. ABC apprend la nouvelle dans la voiture qui le conduit à l'aéroport. Arrivé à La Mecque, il s'entretient au téléphone avec le président. Ils ont une discussion houleuse sur ce sujet, et ABC décide de mettre sa démission dans la balance, suite à de nombreux autres désaccords. En effet, ABC était opposé à certaines décisions prises par le chef de l’État: la réduction de la durée du mandat, l'augmentation du nombre de ministres, etc. En outre, ABC a vécu comme un désaveu et une humiliation, la décision du Président de la République consistant à valider tous les arrêtés avant leur publication.
Par ailleurs, le président a fait des nominations qui n’étaient pas du gout de ABC: Mme Seynabou Gaye Touré (qui deviendra Ministre déléguée chargée des Sénégalais de l’extérieur), comme administratrice du Fonds d'appui à l'investissement des Sénégalais de l'Extérieur; Amadou Diallo dit Diallo Beauvais, Consul général du Sénégal à Paris. Ce citoyen français et fonctionnaire au Conseil général de Picardie ne devait pas être nommé à ce poste selon ABC, tout comme son adjointe Mme Mbacké, à qui on reproche d'être analphabète.
Enfin, lors de la visite du premier ministre canadien en octobre 2012, un dîner a été donné au palais. ABC s'est présenté à la porte faisant face au Sénat, les gendarmes lui demandent de se diriger vers la porte face au building. Il s'exécute. Arrivé, son garde du corps est mis à l'écart et un gendarme demande à ABC de laisser son téléphone au poste de sécurité et de se soumettre à une fouille, après passage par les portiques de sécurité. Le ministre des Affaires étrangères d’alors fait remarquer au gendarme que c'est la première fois qu'on lui fait subir un tel traitement en sa qualité de ministre de la République et numéro deux du gouvernement dans l’ordre protocolaire, après le Premier ministre. Le gendarme lui répond qu'il a reçu des instructions en ce sens. C’est sur ces entrefaites, que ABC quitte alors le palais à pied pour regagner son cabinet à la Place de l'indépendance.
Après l’avoir limogé du gouvernement et tenu à l’écart de la gestion du pays et du parti, le Président de la République vient de le décharger de toute responsabilité politique au sein de l’APR. Un premier acte avant son exclusion pure et simple du parti ?