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Les avocats de Karim Wade et consorts vont engager ce matin devant la Crei une âpre bataille dont la finalité sera d’obtenir l’ajournement du procès. Cette bataille semble perdue d’avance, car on augure que le président Henri Grégoire Diop et ses assesseurs ne se laisseront pas facilement convaincre.
Le procès de Karim Wade et ses co-prévenus pour enrichissement illicite qui s’ouvre ce matin, va s’engager par de belles batailles de procédure qui pourraient révéler une aussi belle pagaille. Les avocats de la défense, qui n’ont eu de cesse, tout le long de la procédure d’instruction judiciaire, de récuser la compétence de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à juger leurs clients mais surtout qui ont contesté, devant les juridictions nationales comme internationales africaines, la légalité de cette Crei, feront de ce moyen de défense une première arme.
On peut augurer que la juridiction présidée par le magistrat Henri Grégoire Diop lui réservera, naturellement, une fin de non recevoir, car on ne voit pas comment ces magistrats pourront déclarer leur juridiction illégale d’autant qu’ils ont accepté d’y siéger depuis plus d’une année. Ils seront aussi confortés dans cette position par un arrêt du Conseil constitutionnel, qui avait fini de déclarer la Crei conforme à la constitution, donc légale comme juridiction.
Un rabat d’arrêt pas encore traité
Les conseils de Karim Wade avaient saisi la Cour suprême pour lui déférer une ordonnance déclinatoire de compétence de la Commission d’instruction de la Crei. La chambre criminelle de la Cour suprême avait suscité une grosse polémique en se déclarant compétente pour connaître du recours et pour autant, avait refilé la patate chaude au Conseil constitutionnel pour statuer sur l’exception d’inconstitutionnalité soulevée dans le même temps. Pour sa part, le Conseil constitutionnel ne s’était pas fait prier pour déclarer la Crei conforme à la Constitution. Il reste que depuis cet arrêt du Conseil constitutionnel, la Cour suprême n’a point repris le dossier de la procédure pour vider le contentieux judiciaire dont elle s’était déclarée compétente. Néanmoins, la controverse soulevée par l’arrêt de la Cour suprême a eu pour effet d’inciter le Procureur général, près cette haute juridiction, Mamadou Badio Camara, à demander un rabat d’arrêt. Cette demande de rabat d’arrêt n’est pas encore traitée par la Cour suprême. Encouragés sans doute par ce premier arrêt, les conseils de la défense avaient aussi saisi la Cour suprême de nouvelles requêtes allant dans la même veine. C’est dire qu’il y a une situation d’encombrement de procédures au niveau de la Cour suprême à propos de la même affaire pénale. Les avocats ne vont-ils pas exciper du fait que des requêtes déposées devant la Cour suprême y sont en souffrance pour refuser le démarrage du procès sans connaître de leur issue définitive ? A toutes ces demandes «in limine litis», les juges pourront opposer une parade, d’autres diront une astuce de justice, en les joignant au fond. La bataille des avocats de la défense sera de chercher à faire reporter le procès.
Il restera cependant à savoir l’attitude des personnes poursuivies elles-mêmes. En effet, il avait été observé une attitude de défiance ou de révolte de Karim Wade et de ses conseils à l’endroit de la Crei. Considérant que cette juridiction était illégale à leurs yeux et que la procédure en cours leur paraissait inéquitable, Karim Wade et ses avocats avaient décidé de ne plus coopérer avec les organes de la Crei, notamment sa Commission d’instruction. D’ailleurs, Karim Wade avait adopté la stratégie du silence. Le parquet spécial près la Crei n’avait pas moins estimé que cette attitude était puérile. Les détracteurs du fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade y voyaient un moyen commode d’éviter d’être confondu par les preuves accumulées durant les enquêtes. On verra aujourd’hui si Karim Wade acceptera ou non de répondre aux questions de ses juges.
Bibo Bourgi un inculpé en questions
La situation d’un autre inculpé, en l’occurrence Bibo Bourgi, est tout aussi sujette à caution. Cet homme d’affaires qui est présenté par le procureur spécial comme étant le principal acolyte de Karim Wade est sur son lit d’hôpital et demande à être autorisé à se faire soigner en France. Son absence hypothéquerait la tenue du procès, mais on se demande bien s’il serait acceptable pour lui, ses avocats et peut être pour toutes les personnes éprises du respect des droits humains, de le laisser se soumettre aux rigueurs d’un procès pénal d‘une telle envergure, couché sur une civière ou avec des perfusions. Dans ce cas, les droits de la défense ne seraient peut être pas saufs. Pape Mamadou Pouye jouirait-il de toutes ses facultés mentales ? Cet autre prévenu passerait pour avoir perdu la tête alors qu’au niveau de la Crei, la conviction serait faite qu’il simule la folie. On verra comment il se présentera ce matin devant les juges.
Par ailleurs, la tenue du procès Karim Wace va poser un enjeu sécuritaire important pour l’Etat. De nombreux milieux politiques (voir par ailleurs) appellent à une certaine mobilisation des troupes pour peser sur le déroulement de ce procès. Quels moyens l‘Etat se donnera-t-il pour que force reste à la loi ? Il risque fort d’y avoir du grabuge et dans ces conditions, l’Etat ne donnera-t-il pas l’impression d’user de la force pour mâter et museler des opposants ? On osera espérer simplement que toutes les conditions seront réunies pour la tenue d’un procès public équitable. Ainsi, saura-t-on si les accusations contre Karim Wade et consorts tiennent ou non, si l’enquête a permis ou non d’établir des preuves.
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source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/7161-son-proces-souvre-aujourdhui--karim-entre-au-palais