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Qui de ma génération n’a pas rêvé dans les années 70 de ressembler à Maître Abdoulaye Wade. En tant que jeunes à la fleur de l’âge, nous nous étonnions de son CV qui accompagnait ses photos accrochées sur les murs. On nous racontait que c’est lui le « messie économique » du Sénégal. Mais au-delà de cet aspect Maître Wade incarnait, le modèle d’homme révolutionnaire à la trempe des Nelson Mandela, Che Guevara etc. De par sa personnalité, ses idées et ses discours captivants et engagés chacun voulait qu’il soit son leader. Il nous faisait rêver d’un Sénégal prospère et que lui seul avait la recette miracle.
Dans les années 80, à cause des politiques d’ajustement structurel et ses méfaits sociaux, les choses s’accélèrent en sa faveur. La morosité économique du pays accompagnée de licenciements de travailleurs avait engendrée des mécontentements populaires. Le terrain était favorable à Maître Wade pour renforcer sa crédibilité en fédérant tous les sénégalais autour du Sopi et pour le départ du président Diouf.
Les sénégalais ne se doutaient jamais de ce qui dormais au plus profond de l’homme Wade. Seuls quelques rares sénégalais parmi lesquels le Président Senghor semblaient avoir bien prédit que Wade n’st pas l’homme qu’il faut.
La soif d’alternance faisait de Maître Wade le bien qu’il fallait vite acquérir à la tête de l’État. Qui n’a pas dansé en 2000 de la fin des 40 ans de pouvoir des socialistes ? Qui n’a pas, dans son for intérieur dit que le Sénégal allait enfin connaitre des changements (Sopi) perceptible dans sa vie quotidienne ?
Malheureusement il a suffi de quelques jours voire quelques mois de pouvoir libéral pour que nous déchantions :
-Un expert, agent d’un ministère de l’époque disait que la présence des liberos dans l’appareil d’État avait chamboulé les systèmes formels de planification et de suivi-évaluation des ministères. Le pilotage à vue était érigé en règle. Il arrivait que des agents d’un ministère descendent à la base pour faire le travail du service déconcentré. La course vers la richesse en était la cause et l’instabilité des ministres un facteur favorisant. Il fallait vite s’enrichir avant que les humeurs du Pape du Sopi changent pour aboutir au licenciement. Les ministères étaient peuplés de ce que je qualifie de « rats de ministères », des porteurs de valise et de mallettes du week-end.
-Aussi, sous le magistère de Wade, la magie noire prenait de l’ampleur. Des morts suspectés d’être empreintes de rituels étaient souvent relatés dans la presse.
-Sous le magistère de Wade un gangstérisme d’État s’est développé. L’affaire Talla Sylla est vivace dans les mémoires.
-Sous le magistère de Wade, un sénégalais était le meilleur des fils que le Sénégal a produit au point qu’il cumulait à lui seul, plusieurs postes ministériels. L’on se rappelle d’un acte inélégant de Karim Wade qui débarqua à Ziguinchor avec un avion alors que même son Premier ministre de l’époque, (son supérieur hiérarchique) avait débarqué en voiture.
-Sous le magistère de Wade on détournait nos maigres deniers sous le couvert d’un pont, d’une route, d’une école, d’un tunnel, d’un monument, d’un programme agricole etc.
-Sous le magistère de Wade, l’arrogance, le népotisme, l’impolitesse étaient érigés en règle.
-Sous le magistère de Wade, tout était concentré dans les ministères; les services techniques déconcentrés tournaient les pouces.
Les frustrations se sont accumulées pendant 12 années de règne, comparées à l’espoir incarné par le Sopi d’antan. Nos anciens, y compris le Président Senghor avaient raison.
Mais tout pouvoir procède du pouvoir Divin. Maitre Wade et ses partisans, habitués aux délices du pouvoir, semblent ignorer le décret divin. Ils ne pourraient intérioriser et accepter l’élection du Président Macky Sall. À l’image d’Adan au paradis, les libéraux ont gouté à la pomme défendue (les deniers publics). Chassé du pouvoir ils tentent de remonter la pente. Mais éternellement, comme Adan il faut qu’ils payent les fautes.
Maître Wade et ses partisans ne semblent pas bien comprendre ce retournement brutal de situation. Lorsque les bailleurs décidèrent de soutenir le Plan Sénégal émergent, Il semble se dire : « la réussite de Macky Sall c’est ma perte » à l’exemple du célèbre téléfilm « un DG peut en cacher un autre ».
Dans ce contexte, mon humble avis relatif à ses agissements c’est de torpiller le Plan Sénégal émergent, conscient que les bailleurs sont frileux des pays instables. En effet, ces derniers temps, Maitre Wade a marqué de son emprunte tous les grands événements à incidence économique sur notre pays. Il s’agit de:
-la validation en France par les bailleurs de fonds du Plan Sénégal émergent. Maître Wade débarqua à Dakar quelques jours plus tard pour manifester.
-le sommet la Francophonie pendant lequel il s’est agité pour l’organisation d’une marche
-la visite de Madame Christine Lagarde, Directrice du FMI au cours de laquelle Maître Wade s’est agité pour l’organisation d’une marche.
L’ex Premier ministre Mimi Touré semble donner raison à Wade lorsqu’elle a affirmé qu’un pays ne peut atteindre l’émergence dans une tension politique permanente. En effet c’est ce que cherche Maître Wade tout en jouant avec l’État sur son âge assez avancée.
Maître Wade est aujourd’hui ce que les wolof appellent « mboott mu dee si loxo » (une grenouille qui meurt sur le paume de la main). On ne sait quoi en faire.
Seulement la faute et la responsabilité incombent à tous les sénégalais qu’il a berné depuis 1974 et qui l’ont porté au pouvoir en 2000. Ceux-là même doivent se dire: « Abdoulaye Wade vraiment, est un mal bien acquis ».
Alioune SECK, Assistant social, Kaolack
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SOURCE:http://www.leral.net/Abdoulaye-Wade-un-mal-bien-acquis-_a137344.html