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Spécialiste de la communication politique, le Dr Momar Thiam décortique le nouveau concept «Fast-Track» du quinquennat du président Macky Sall, à la lumière des dernières mesures adoptées lors du Conseil des ministres du mercredi 17 avril dernier. Interpellé par Sud quotidien, Momar Thiam tout en admettant les transformations bénéfiques que pourraient imprimer cette nouvelle démarche du président Sall a toutefois tenu à mettre en garde sur le caractère réfractaire de l’administration aux changements.
«Je pense que la formule Fast-Track dans son contenu est en soi une bonne chose si toutefois les procédés en matière administrative, en matière de gestion de la chose publique peuvent suivre et ne pas être empêchées par des lourdeurs. Parce qu’au fond, le président de la République, en évoquant cette méthode, veut simplement imprimer une nouvelle démarche dans la gestion de la chose publique. Il a commencé par exprimer son ambition de supprimer le poste de Premier ministre. On voit effectivement que depuis sa déclaration, il a fallu deux semaines pour prendre le taureau par les cornes et la loi va passer à l’Assemblée nationale et certainement avec la majorité dont il dispose, elle va être votée. C’est la même chose quand il dit qu’il va s’attaquer à l’insalubrité. Si vous regardez très bien lors du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, il a instruit les ministres de prendre les mesures idoines et de lui proposer un schéma de travail pour que ses vœux soient exaucés. C’est la même chose par rapport au Conseil des ministres de mercredi dernier, notamment quand il a pris la ferme décision de revoir le train de vie de l’Etat. Je rappelle à ce niveau que ce train de vie de l’Etat était déjà une de ses mesures phares en 2012 mais dans la même dynamique, la redéfinition du champ d’application des personnes devant bénéficier des passeports diplomatiques. Quelque part, je dirais que le président redéfinit une autre manière de travailler. Donc, du point de vue de la communication, c’est une bonne chose puisque forcément, ce sont des choses qui impactent l’opinion. Seulement, il faut savoir que l’administration a ses propres procédures. C’est une très bonne chose de vouloir accélérer les procédures mais vous savez que l’administration est quelquefois réfractaire aux changements parce que tout simplement, il y a des textes, des procédures, des possibilités de recours. Quelquefois, il faut redimensionner même la loi pour que ce soit applicable à des contextes un peu particuliers et tout cela. Et, même si le président de la République, de bonne foi, prend une décision et veut que celle-ci soit appliquée le plus rapidement possible, ça passe par des canaux qui sont pourvus de lourdeurs ».
GOULOTS ADMINISTRATIFS
« Rappelez-vous sous Abdoul Mbaye, quand il y a eu malheureusement ce drame avec les talibés et que le Premier ministre Abdoul Mbaye, en accord avec le Président de la République, avait pris la ferme décision d’éradiquer cette situation en commençant à aller chercher les talibés dans la rue. C’était une affaire d’un mois et après, on a laissé tomber face à des récriminations quelquefois même de la société religieuse comme j’ai l’habitude de l’appeler. C’est la même chose quand il y a eu le drame du Joola. Des mesures ont été prises rapidement mais qui n’ont pas pu être appliquées dans le temps. Le problème est là. Le souci que j’ai donc avec le Fast-Track qui est, en soi, une bonne chose est que je me demande si réellement, il va pouvoir s’adapter aux procédures de l’administration. Parce que comme je l’ai déjà dit, quand une décision est prise, ça passe par des canaux administratifs, soit ministériels le temps que le décret d’application soit mis en place et que les instructions soient données aux services compétents, ça prend encore du temps et on a l’impression qu’une mesure cherche une autre.
A mon avis, le problème est beaucoup plus large et n’est pas dans le fait que le Président de la République ait dit aujourd’hui qu’il a l’ambition de supprimer le poste de PM, que la loi soit votée rapidement et qu’au fond, il sera le seul interlocuteur pour ne pas dire l’unique interlocuteur de son gouvernement, à savoir les ministres, pour que les décisions se prennent rapidement. C’est le temps d’application que ces décisions prendront, c’est à ce niveau qu’il va y avoir des lenteurs compte tenu des lourdeurs administratives. Je veux dire par là si on prend une décision et qu’on ne s’attaque pas aux lourdeurs qui sont inhérentes à l’administration, de manière intelligente et efficace, on retombera dans les mêmes travers. Et cela ne restera qu’une opération de communication qui n’a pas eu l’effet escompté, qui ne dure pas dans le temps. Je pense que quand le président dit qu’il faut s’attaquer aux lourdeurs de l’administration, à mon avis, c’est là qu’il faut commencer et voir avec les différents corps de l’administration comment on peut redéfinir une administration plus proche des usagers, plus efficace et plus rapide dans ses procédures et ses prises de décisions. Si, on le fait, les décisions qui vont être prises, pourront impacter cette nouvelle manière de travailler. Cela aura des effets escomptés. Par contre, si on prend des décisions alors qu’on ne s’attaque pas de manière intelligente et efficace aux procédures qui sont inhérentes au fonctionnement de l’administration, en ce moment, et je me répète, on retombera dans les mêmes travers».
GOULOTS ADMINISTRATIFS
« Rappelez-vous sous Abdoul Mbaye, quand il y a eu malheureusement ce drame avec les talibés et que le Premier ministre Abdoul Mbaye, en accord avec le Président de la République, avait pris la ferme décision d’éradiquer cette situation en commençant à aller chercher les talibés dans la rue. C’était une affaire d’un mois et après, on a laissé tomber face à des récriminations quelquefois même de la société religieuse comme j’ai l’habitude de l’appeler. C’est la même chose quand il y a eu le drame du Joola. Des mesures ont été prises rapidement mais qui n’ont pas pu être appliquées dans le temps. Le problème est là. Le souci que j’ai donc avec le Fast-Track qui est, en soi, une bonne chose est que je me demande si réellement, il va pouvoir s’adapter aux procédures de l’administration. Parce que comme je l’ai déjà dit, quand une décision est prise, ça passe par des canaux administratifs, soit ministériels le temps que le décret d’application soit mis en place et que les instructions soient données aux services compétents, ça prend encore du temps et on a l’impression qu’une mesure cherche une autre.
A mon avis, le problème est beaucoup plus large et n’est pas dans le fait que le Président de la République ait dit aujourd’hui qu’il a l’ambition de supprimer le poste de PM, que la loi soit votée rapidement et qu’au fond, il sera le seul interlocuteur pour ne pas dire l’unique interlocuteur de son gouvernement, à savoir les ministres, pour que les décisions se prennent rapidement. C’est le temps d’application que ces décisions prendront, c’est à ce niveau qu’il va y avoir des lenteurs compte tenu des lourdeurs administratives. Je veux dire par là si on prend une décision et qu’on ne s’attaque pas aux lourdeurs qui sont inhérentes à l’administration, de manière intelligente et efficace, on retombera dans les mêmes travers. Et cela ne restera qu’une opération de communication qui n’a pas eu l’effet escompté, qui ne dure pas dans le temps. Je pense que quand le président dit qu’il faut s’attaquer aux lourdeurs de l’administration, à mon avis, c’est là qu’il faut commencer et voir avec les différents corps de l’administration comment on peut redéfinir une administration plus proche des usagers, plus efficace et plus rapide dans ses procédures et ses prises de décisions. Si, on le fait, les décisions qui vont être prises, pourront impacter cette nouvelle manière de travailler. Cela aura des effets escomptés. Par contre, si on prend des décisions alors qu’on ne s’attaque pas de manière intelligente et efficace aux procédures qui sont inhérentes au fonctionnement de l’administration, en ce moment, et je me répète, on retombera dans les mêmes travers».