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L’élection présidentielle, partout dans le monde, suscite toujours une vive passion parce quelle constitue un enjeu capital dans la marche d’une nation. Plus elle s’approche, plus elle exacerbe les passions et ambitions des forces politiques et des personnalités qui convoitent le prestigieux fauteuil présidentiel.
La prochaine présidentielle au Sénégal, s’inscrit parfaitement dans cette logique. D’où, la surenchère à laquelle on assiste ces derniers temps chez certains libéraux, décidés à en découdre avec l’actuelle locataire du Palais de la République, considéré comme quelqu’un qui est issue de leurs rangs, et qui n’a pas plus de mérite que les autres pour occuper le fauteuil présidentiel.
C’est sans doute cela, qui explique la prolifération des candidats déclarés et provenant du camp libéral : monsieur Karim Meissa Wade, déjà investi comme candidat du PDS, Me Souleymane Ndéné Ndiaye , ancien premier Ministre de Me Wade ,monsieur Pape Diop, ancien Président du Sénat et de l’Assemblée Nationale , Dr Aliou Sow, ancien ministre , monsieur Abdoulaye Baldé, ancien ministre d’Etat et actuel maire de Ziguinchor, monsieur Idrissa Seck, ancien premier Ministre et président du Conseil départemental de Thiès, président du parti Reew-mi.
Pour l’instant, ce sont ces personnalités qui ont déclaré leur candidature pour la présidentielle à venir. Qu’ils viennent tous du parti de Me Abdoulaye Wade n’est pas fortuit. C’est un héritage commun qu’ils partagent, et il n’est pas exclu que d’autres personnalités issus de la même formation libérale, viennent les rejoindre dans la course vers la présidentielle. A ces candidats, il faut ajouter ceux qui vont provenir des autres partis et coalitions de parti, et même ceux qui vont se réclamer de la société civile ou candidat indépendant.
La prochaine élection présidentielle va se dérouler dans un contexte politique particulier, marqué par 3 (trois) éléments saillants.
1/ Une date encore incertaine : Le candidat Macky Sall, lors de la campagne électorale de la présidentielle de 2012, avait pris l’engagement ferme devant les Sénégalais, de réduire la durée de son mandat de 7 ans, pour le ramener à 5 ans, en cas de victoire. Cette promesse avait été fortement appréciée par les les populations. Après la victoire qu’il a obtenue au 2ème tour haut la main, il a réaffirmé à plusieurs reprises au plan national comme au plan international, le maintien de sa promesse. Mais, force est de reconnaître que depuis un certain temps, le doute semble l’habiter. Interpellé à plusieurs reprises sur cette question, à savoir s’il allait respecter ou pas sa promesse préélectorale, la réponse n’est pas très claire : ni oui, ni non. Mais puisque sa décision finale n’est pas encore arrêtée, il convient d’avoir des préjugés favorables comme quoi il va respecter sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Il semble, d’après les informations fournies par la presse, que le Conseil Constitutionnel a été saisi sur la question.
La conséquence d’une telle situation, c’est que les Sénégalais ne sont pas encore édifiés sur la date précise à laquelle la prochaine présidentielle aura lieu : 2017 ou 2019. C’est dire, qu’un voile de mystère plane encore sur la date du scrutin et les Sénégalais, sont impatients d’être fixés sur la date précise de la prochaine élection présidentielle.
2/ Un risque d’inflation de candidatures : la dernière présidentielle de 2012, avait enregistré officiellement, 14 candidats en lice. C’était un record, dans l’histoire des élections présidentielles au Sénégal. Avec l’élection à venir, qui a déjà enregistré à l’heure actuelle 6 candidats déclarées du côté des libéraux, beaucoup d’observateurs se demandent si la prochaine élection présidentielle ne va pas dépasser celle de 2012, en nombre de candidats.
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3/ Un espace politique atomisé : A l’heure actuelle, près de 250 partis légalement constitués existent au Sénégal. D’après le ministère de l’Intérieur, beaucoup de demandes de reconnaissance de parti sont introduites dans le circuit, et attendent leur récépissé. C’est dire que d’ici les prochaines échéances, on va assister à une inflation de partis. C’est pourquoi nombreux sont les sénégalais qui déplorent la pléthore de partis au Sénégal., pour une population de 13 millions d’habitants environ. Une récente enquête sur les partis, a révélé que beaucoup de partis n’ont ni siège, ni adresse connue, ni instances régulières. Ils attendent seulement les élections, pour monnayer leur soutien à un parti, à une coalition de partis ou à une candidature indépendante.
Voila le contexte dans lequel va se dérouler la prochaine présidentielle dans notre pays. Mais, quelque soit la complexité de cette élection à venir, tous les acteurs politiques, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, doivent savoir raison garder et ne mettre en avant que les intérêts du pays, car le scrutin présidentiel à venir, quel que soit ses enjeux, ne sera qu’une élection, et rien d’autre. Notre pays, faut-il le rappeler, capitalise une histoire politique vieille de plus d’un siècle et demi de vie démocratique.
C’est pourquoi il est difficile de comprendre le sens des accusations de fraudes électorales formulées par les partis de l’opposition regroupés dans le Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) , relatives à la confection « secrète » par les services du ministère de l’Intérieur , des cartes nationales d’identité et de cartes d’électeur au profit des militants de l’APR et du pôle présidentiel. Pareilles accusations n’ont pas de sens, si l’ont sait que dans le calendrier des opérations électorales dominé en ce moment, par la révision des listes électorales, dans la période du 02 février au 31 juillet 2015, de fortes demandes de cartes nationales d’identité (CNI), ont été enregistrées au niveau des centres de dépôts que sont les commissariats de police et les sous -préfectures. Et pour satisfaire cette demande, la Direction de l’Automatisation des Fichiers (DAF) opère un déploiement de commissions mobiles chargées d’instruire la procédure d’obtention de la CNI, dans tous les départements du pays. Naturellement, ce sont les autorités administratives déconcentrées qui supervisent le travail de ces commissions mobiles, en collaboration étroite avec les Commissions Electorales Départementales Autonomes (CEDA). Cette pratique, rappelons la, n’est pas nouvelle. Elle a toujours existée pendant la période de révision des listes électorales.
Et cette opération, qui vient en appoint aux centres traditionnels de dépôt pour l’instruction des CNI, se déroule sur toute l’étendue du territoire national et vise tous les citoyens sénégalais sans exception, qui veulent disposer d’une CNI, pour pouvoir s’acquitter de leurs devoirs civiques.
Comme chacun le sait, il existe au Sénégal des localités où il n y a pas de centres de dépôts. Les commissions mobiles ont précisément pour mission de se rendre dans ces localités pour trouver sur place les populations et instruire la procédure d’obtention de la CNI.
La logique qui justifie l’institutionnalisation des commissions mobiles d’instruction de la CNI, c’est que chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais, qu’ils soit en milieu urbain ou en milieu rural, doit pouvoir disposer d’une CNI, non seulement pour le vote, mais pour les actes de tous les jours où l’on a besoin de fournir la preuve son identité .
La question que les acteurs politiques doivent se poser est la suivante : depuis le démarrage des inscriptions sur les listes électorales, le 02 février 2015, combien de partis ont effectivement siégé dans les commissions administratives de révision des listes ? Qu’est ce que chaque parti ou coalition de parti a fait, individuellement ou collectivement, pour sensibiliser les populations pour qu’elles aillent s’inscrire sur les listes électorales ? Voilà les questions pertinentes sur lesquelles les partis sont interpellés.
Que l’on dise qu’il n’y a pas eu suffisamment de communication et de sensibilisation des populations sur les inscriptions sur les listes électorales, je peux le comprendre. Que l’on constate des manquements çà et là, dans la procédure d’instruction de la carte nationale d’identité, dans certaines localités, cela aussi, on peut parfaitement le comprendre.
Mais que le Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) déclare de façon péremptoire, que des centres clandestins sont institués « secrètement », dans certaines localités, sont en train de confectionner des cartes d’identité et des cartes d’électeur, au profit des militants APR et des partis alliés, je dis que de telles affirmations ne sont ni fondées ni prouvées. Aucune carte d’électeur n’est confectionnée en ce moment et ne peut l’être. Pourquoi ? Parce que dans la chaîne des opérations électorales, il y a des étapes qui se suivent les unes les autres. La période de la révision ordinaire des listes électorales s’étend du 02 février au 31 Juillet, mais les inscriptions sont clôturées le 10 Juillet .Aussitôt après, va s’ouvrir une autre période : celle de la publication provisoire des listes, suivi de la phase contentieuse où le citoyen peut faire des réclamations auprès du président du Tribunal départemental, s’il est omis sur la liste électorale ou s’il est victime d’une erreur purement matérielle portant sur l’un de ses éléments d’identification , suivi de la phase d’instruction des contentieux par le juge du Tribunal départemental . Après, il y a la période de notification de la décision du juge, suivi de la période d’intégration et de correction des erreurs par la DAF. Ensuite intervient la phase de consolidation du fichier et de sa validation et enfin la phase de la publication définitive des listes. C’est à ce moment seulement qu’intervient l’étape de l’impression des cartes d’électeur.
C’est dire, qu’à l’heure actuelle, aucune carte d’électeur n’est imprimée. Quant aux commissions d’instruction de la CNI, elles fonctionnent car leur existence n’est pas liée aux élections. En dehors de la période électorale, l’instruction des CNI se fait uniquement dans les centres de dépôts que sont les commissariats de police et les sous-préfectures. Ce n’est que pendant la période électorale où il y a une forte demande en CNI, que la DAF déploie des commissions mobiles dans les départements, qui viennent renforcer et appuyer les structures existantes sur place, pour satisfaire la demande au niveau local. Cela est tout à fait normal, car l’Etat a l’obligation de garantir à tous les citoyens l’expression de leurs droits et devoirs civiques, c'est-à-dire du choix des personnes qui doivent les diriger, pendant une période déterminée. Passée cette séquence temporelle qu’on appelle mandature, les citoyens sont sollicités à nouveau pour choisir de nouvelles équipes dirigeantes. En démocratie, c’est cela le sens du vote, et rien d’autre. Mais, pour voter, il faut figurer sur les listes électorales, et avant d’y figurer, il faut disposer de l’élément d’identification qu’est la CNI.
Nous devons donc tous saluer, l’initiative du ministère de l’Intérieur d’envoyer des commissions mobiles d’instruction de la CNI, dans toutes les localités du pays, pour permettre à chaque citoyen de pouvoir voter.
Si donc, le FPDR, crie déjà à la fraude et accuse le ministère de l’Intérieur, de confectionner « secrètement » des cartes d’électeur et d’identité, dans des centres clandestins, qu’est ce qu’il attend pour saisir les CEDA de ces localités, et même les forces de sécurité, pour procéder au démantèlement de ces centres illégaux, si tant est qu’ils existent?. La Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), en tant qu’organe de supervision et de contrôle a été instituée pour servir effectivement de témoin dans la constitution des éléments du contentieux électoral.
La loi électorale lui donne la possibilité d’intervenir sur place et sur pièces, chaque fois qu’elle est saisie d’un manquement ou d’une irrégularité, pour corriger et rectifier tout ce qui peut et doit l’être. L’article L. 6 du Code électoral dit de façon claire : « La CENA est obligatoirement présente à tous les niveaux de conception, d’organisation, de prise de décision et d’exécution depuis l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats. En cas de non-respect des dispositions législatives et réglementaires relatives aux élections ou référendums par une autorité administrative, la CENA, après une mise en demeure, peut prendre des décisions immédiatement exécutoires d’injonction, de substitution d’action dans le cadre des opérations électorales, nonobstant son pouvoir de saisine des juridictions ».
En plus de la saisine de la CENA, le FPDR avait la possibilité de s’attacher les services d’huissier de justice pour prendre les fraudeurs la main dans le sac, afin de détenir des preuves irréfutables de fraude. Aujourd’hui que la presse est partout présente dans toutes les localités du pays, pourquoi ne pas la prendre à témoin pour prouver à l’opinion l’existence de centres clandestins ?
En vérité, le FPDR n’est pas intéressé par des éléments de preuve, parce qu’il sait en son âme et conscience, qu’il n’existe à l’heure actuelle, aucun centre de confection de cartes d’électeur. Le seul objectif qu’il vise, c’est de créer les conditions artificielles d’un contentieux préélectoral, qui, inévitablement, va se déteindre sur tout le cours du processus électoral, et même post électoral.
Les élections locales de 2014, ont constitué un premier test pour le ministre de l’Intérieur. Avant le scrutin, il y avait beaucoup d’inquiétudes liées au nombre extrêmement élevé de listes en compétition, plus de 2700. Jamais dans l’histoire politique des élections au Sénégal, on avait atteint une telle barre en matière de listes. Au finish, de l’avis des tous les observateurs, ces locales se sont très bien déroulées dans tout le pays. Aucune contestation n’a été enregistrée, aucun recours n’a été déposé. Dès le lendemain du scrutin, la vie a repris son cours normal et le pays s’est mis au travail.
S’il en est ainsi, c’est parce que le peuple sénégalais a fait preuve de grande maturité et de conscience citoyenne élevée. Mais, c’est aussi parce que le ministère de l’Intérieur, a fait preuve de professionnalisme dans la phase préparatoire comme dans celle du déroulement du scrutin.. Aussi, rien d’étonnant, si la classe politique a chaleureusement félicité le ministre de l’Intérieur, le lendemain du scrutin, en louant son esprit d’ouverture, de dialogue et sa grande capacité d’écoute.
La raison profonde des accusations extrêmement graves portées contre le ministère de l’Intérieur, vise en réalité le Président Macky Sall. « Frapper à la tête, le reste du corps tombera de soi-même », disait Mao Tse Toung. Le FPDR , sachant parfaitement qu’il ne peut pas atteindre la tête du président Macky Sall , sur le terrain du débat d’idées, de son bilan, de ses réalisations, de son programme et de ses projets, choisit un autre angle d’attaque ,qui consiste à grouper et synchroniser les tirs sur le ministre en charge des élections ,pour le discréditer et le culpabiliser, afin qu’il jette l’éponge ou qu’il soit démis de ses fonctions , à quelques mois seulement du scrutin présidentiel, ce qui ne serait pas sans conséquence sur le bon déroulement de celui-ci
En tout état de cause, c’est sur le terrain de la bataille des idées, de la confrontation des programmes et projets de société que les Sénégalais attendent les hommes politiques. Au regard de la trajectoire historique démocratique de notre pays, les acteurs politiques doivent se convaincre qu’il n’est plus possible, au Sénégal, de gagner les élections par la fraude ou par des voies antidémocratiques. Cette époque est définitivement révolue ,car notre peuple a acquis une conscience citoyenne si élevée, qu’il est devenu lui-même, la sentinelle vigilante de la surveillance du processus électoral. Puisque les dernières élections locales de 2014, ont été bien organisées avec zéro contestation et zéro recours, nous devons donc renforcer, élargir et approfondir ce sillon électoral creusé par le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, pour que la prochaine présidentielle soit plus transparente encore avec zéro contestation.
L’Administration sénégalaise, de Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade est restée la même. Les hommes qui sont à sa tête changent en fonction des circonstances historiques, mais sa nature républicaine demeure et demeurera toujours. C’est cela qui explique son professionnalisme unanimement reconnu à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Les techniciens de cette Administration qui ont organisé les élections qui ont conduit à la première alternance politique de 2OOO, puis à la deuxième de 2012, sans contestation aucune, sont les mêmes qui ont abattu le magnifique travail qui a permis à notre pays de se tirer d’affaire, avec bonheur, dans un scrutin, dont la réussite organisationnelle n’était pas gagnée d’avance. Le ministre de l’intérieur n’a été qu’un manageur d’une équipe pleinement consciente de ses responsabilités .C’est dire que nous devons faire confiance à notre Administration, car, hier comme aujourd’hui, elle est solidement arc boutée sur les valeurs républicaines qui ont fait sa réputation.
Donc, nous tous, nous devons savoir raison garder, et faire confiance à notre peuple. Il est tout à fait normal que les hommes politiques ne se fassent pas confiance quand arrivent les élections, et ils ne doivent pas d’ailleurs se faire confiance, parce qu’ils sont sur le terrain de la compétition électorale, où aucun candidat ne fait confiance à l’autre. Mais, lorsqu’un pays sort d’une élection où personne n’a manifesté un quelconque mécontentement parce que n’ayant déposé aucun recours, tous les acteurs politiques se doivent d’encourager toute l’équipe qui a travaillé à cela, pour que les élections à venir soient encore mieux organisées et plus transparentes, pour que soit toujours élevé plus haut, le drapeau électoral de notre pays dans le firmament des nations authentiquement démocratiques
Dakar, le 04 Juillet 2015.
Ousmane Badiane
Chargé des Elections de la Ligue Démocratique (LD)
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