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Quel avenir pour la Démocratie au XXIème Siècle?
Chez certains de mes amis de facebook, il subsiste encore une vision romantique de la "Démocratie" que l'on réduit en une affaire de " Gentlemen agreement"!
Ce faisant, l'on vide la " Démocratie" de son contenu de classe, qui rend réellement compte de la différence entre les formes de " démocratie" dans les différents pays.
Mais il est devenu aujourd'hui, de plus en plus évident, l'existence d'une confiscation , par les puissances d'argent, de la volonté du peuple qu'il a confiée à ses Elus à intervalles régulières, à travers l'expression de son suffrage.
C'est cela qui a réduit la " Démocratie" à la compétition électorale pour capter le suffrage du peuple pour accéder au pouvoir et l'exercer, et à son contrôle institutionnel, en reléguant à l'arrière plan, l'autre facette de la Démocratie, qui est aussi, " contrôle citoyen du pouvoir".
Cette confiscation se traduit par la puissance, devenue de plus en plus insupportable pour les peuples, des " Grands Commis de l'Etat", qui se sont octroyés le pouvoir de définir, unilatéralement, la " Politique des Nations", alors qu'ils ne détiennent aucun mandat électif qui leur confère un tel pouvoir et une telle légitimité.
En Europe, ce sont la "Commission Européenne" et la "Banque Centrale Européenne", dans les pays en développement, ce sont le " FMI et la Banque mondiale", et au niveau mondial , ce sont la " Réserve Fédérale Américaine", la "Bourse", et "l'Organisation Mondiale du Commerce" (OMC).
Cette situation est reflétée dans chaque Etat par le contenu de classe de sa " Démocratie" , qui fait que, plus les " Grands Commis de l'Etat" sont hors de contrôle du Pouvoir législatif, plus ils reproduisent mieux ce modèle international de confiscation de la volonté des peuples, au point de vider les fondamentaux du contrôle institutionnel de la " Démocratie" qui font que, le "pouvoir arrête le pouvoir" , selon le principe de "l'équilibre entre les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire", et de leur "contrôle réciproque".
Les " Grands Commis de l'Etat" qui sont aux commandes du Pouvoir Exécutif et du Pouvoir judiciaire, se sont avérés plutôt au service des puissances d'argent qui les enrichissent, qu'à l'écoute des élus du peuple, qu'ils contrôlent, avec l'aide , ou en concurrence avec des lobbies, à travers leurs appuis financiers lors des élections, transformant ainsi les Parlements en leur " Caisse de résonnance", et en plaçant les Elus, hors des préoccupations de leurs mandats qui leur ont pourtant fait " délégation de leur volonté".
D'où l'impérieuse nécessité de légiférer pour réduire à sa plus simple expression, le poids de l'argent dans les élections, afin de " libérer le suffrage du peuple", pris en otage par ses besoins de survie qui le rendent vulnérable à la corruption.
C'est pour redonner un contrôle au peuple sur ses Elus, que les Etats Unis ont inventé les " élections parlementaires à mi-mandat", pour sanctionner positivement ou négativement, ses Elus au Parlement et à la Présidence de la République, avant l'échéance de leurs mandats respectifs.
Par contre, c'est pour échapper à ce contrôle en France, où le peuple avait pris conscience de son pouvoir de sanctionner le Président durant son mandat à l'occasion d'une Législative, en lui imposant une " Cohabitation "avec son opposition, que les " Grands Commis" de l'Etat Français, on profité de la réduction du mandat du Président de 7 à 5 ans, pour inverser le calendrier électoral, afin de tenir les Législatives après la présidentielle.
Mais le résultat de cette inversion ne s'est pas fait attendre: c'est l'incapacité d'un Président d'avoir un second mandat, comme Sarkozy et Hollande l'ont vécu, et c'est l'apparition du mouvement des "Gilets Jaunes" qui réclament le " Référendum d'Initiative citoyenne", (RIC) pour récuser un élu, pouvoir légiférer, et destituer un " Grand Commis de l'Etat" pour manquement grave.
Dans ces conditions, à défaut de faire rectifier "la Politique" du Président de la République à mi-mandat à travers la tenue de Législatives au cours de son mandat, le peuple de France a décidé de le sanctionner gravement en fin de mandat, en empêchant démocratiquement sa ré élection.
Dans notre pays, cette restitution au peuple d'une partie de sa souveraineté sur ses Elus, est possible, lorsqu'il y a des élections législatives durant le mandat encours du Président de la République, et des élections locales, durant le mandat encours de l'Assemblée nationale.
C'est pour cette raison que le calendrier électoral, issu du Code électoral de 1992, avait dissocié la Présidentielle des Législatives, et de celles-ci, des Locales, pour créer les conditions de "respiration" nécessaire à toute " Démocratie, pour éviter de la transformer en " parodie".
Cela avait permis d'avoir un calendrier électoral dans lequel, les Locales se tiennent avant les Législatives, et celles- ci avant la présidentielle, pour permettre au peuple de sanctionner ses Elus positivement où négativement, avant la fin de leurs mandats respectifs.
Malheureusement, ces acquis furent remis en cause dès 2000, par la tenue de Législatives anticipées avant les Locales reportées en 2004, mais dont les résultats peu favorables au pouvoir, avaient amené le Président de la République à reporter les Législatives prévues en 2006 , pour les tenir après la présidentielle de 2007.
Ce bouleversement du calendrier électoral avait contribuer à faire échapper au Président sortant, une sanction négative du peuple à la présidentielle de Février 2007, qui se dessinait dès les Locales de 2004, et qui n' a pas tardé à se manifester amplement aux Législatives de Juin 2007 , pour aboutir sa chute à la présidentielle de 2012.
Ainsi la manipulation du calendrier électoral pour éviter une sanction décisive du peuple n'est qu'illusoire, et que peine perdue.
Heureusement, le calendrier électoral de 1992 fut rétabli dès 2012, avec la tenue des Locales en 2014, suivie des Législatives en 2017, et de la présidentielle en 2019.
C'est dans ce même esprit que la tenue des Locales en Décembre 2019, suivie de celle des Législatives en 2022, puis, de la présidentielle en 2024, va restituer pleinement à notre peuple, toute sa souveraineté.
Ensuite, avec l'Acte 3 de la Décentralisation de 2013, l'institution du " Comité Consultatif de Quartier/Village", dans chaque Commune, donne aux citoyens, le pouvoir de participer à la gestion de leur Institution locale.
Enfin, la Constitution de 2016 donne, pour la première fois de notre histoire, à notre Pouvoir législatif, des prérogatives de contrôle des " Grands Commis de l'Etat" au sein de l'Exécutif, en les convoquant directement pour audition.
Ainsi, pour renforcer notre processus de démocratisation de notre Etat, ce qu'il nous faudrait , c'est consolider et approfondir ces acquis démocratiques qui restituent au peuple sa souveraineté, à travers le contrôle de ses Elus par voie électorale durant leur mandat, le contrôle des " Grands Commis de l'Etat" par ses élus à l'Assemblée nationale, et sa participation à la gestion du pouvoir local.
C'est à cet effet, que pour rendre vivante et efficiente notre " Démocratie", il est impératif de respecter le calendrier électoral tel qu'il s'est forgé historiquement dans le sens d'une " restitution progressive au peuple, sa souveraineté totale sur ses Elus et ses "Grands Commis de l'Etat".
Le contrôle citoyen et la participation citoyenne sont devenus les maîtres mots de l'aspiration des peuples du monde entier, à "plus de Démocratie".
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 16 mai 2019