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8 mars 2004, journée internationale de la femme, célébrée par le Sénégal, à l'instar des autres pays du monde. Des manifestions sont organisées par divers associations de la société civile et des mouvements politiques pour marquer ce jour. Loin de cette animation, de braves femmes qui vivent à la sueur de leur front en menant de petites activités génératrices de revenus comme les vendeuses de poisson, les femmes pileuses de mil et les femmes de ménage, se sentent exclues de cette fête. Elles ne savent même pas l'utilité de cette journée qui est loin d'être pour elles, un tournant décisif dans l'amélioration de leurs conditions de vie. Reportage.
05 mars 2014. Les yeux rivés sur son étal de poisson qu’elle n’a pas pu vendre depuis le matin, Awa Kane est visiblement préoccupée. Il est 13 heures passées au marché poisson de Pikine alors qu’elle ne voit même pas l’ombre d’un client qui peut acheter sa marchandise au moment où les lieux commencent à se vider de ses habitués.
Drapée dans une camisole wax et un pagne d’un autre ton, cette dame âgée de 59 ans s’active dans la vente de poissons depuis une dizaine d’années. Veuve, mère de 8 enfants, Awa Kane entretient sa famille avec le peu d’argent qu’elle gagne. Interpellée sur la journée du 8 mars qui est dédiée aux femmes, cette dame qui quitte chaque jour son populeux quartier de Diamaguène à 4 heures du matin, pour rallier le marché au poisson de Pikine, à bord d’un car rapide dit n'être pas au courant.
«Sincèrement je ne connais pas cette journée et je n’ai jamais entendu parler de cela. Tout ce que je peux vous dire, c’est que les femmes sénégalaises sont très braves, elles quittent chez elles à l’aube pour ne rentrer que le soir. Donc nous méritons vraiment le soutien des autorités », indique-t-elle avec un grand sourire aux lèvres.
A l’image de Awa Kane, elles sont nombreuses ces femmes qui assurent les charges de leurs ménages en exerçant de petites activités. Pour la plupart, elles ignorent la célébration de la journée du 8 mars dédiée aux femmes du monde entier, préoccupées qu'elles sont de trouver de quoi nourrir et entretenir leurs progénitures car vivant dans une société qui traverse une crise économique sans précédent.
Le calvaire des femmes de ménage
Rond-point Liberté 6, au milieu des incessants déplacements des véhicules, un groupe de jeunes dames assises sur des sièges de fortune ou à même le sol attirent les regards. La place dénommée Samaké est devenu le point de convergence de femmes à la recherche d’un travail de ménagère. Une tâche qui n’est pas du tout aisée, selon Fatou Diop. «Dans l’exercice de notre métier on est souvent considéré comme des esclaves », laisse entendre cette dame, la trentaine passée et qui mène cette activité depuis l’âge de 7 ans.
Les salaires sont dérisoires. Payée 40.000 f/ le mois alors que qu'elle s'occupe de tout dans la maison, elle se retrouve devoir honorer sa location, envoyer de l’argent à la famille, et pour finir il ne lui reste plus rien pour subvenir à ses autres besoins. Pire encore, Fatou trouve qu’elles sont souvent victimes de licenciement abusif? «Dés fois, nos patronnes nous licencient sans aucun motif valable », fait-elle remarquer. Des griefs que partage Michelle Diallo, la maîtresse des lieux qui, par sa longue présence à la place Samaké a fini par devenir un passage incontournable.
Assise confortablement sur sa chaise, guettant le moindre déplacement de femme susceptible d’être une cliente, elle fustige le fait que « souvent des domestiques sont mal traités". Une de ses" protégées a été jetée à la rue comme un mal propre en pleine nuit" soutient-elle, le regard tournée vers une fille tout de noir vêtue. Une autre chose qui n’est pas du goût de la dame, c'est que «souvent, les filles sont victimes de tentatives de viol dans leur lieu de travail ». Se voulant impartiale elle ajoute : « je ne dis pas que les domestiques ne sont fautives, mais c’est anormal qu’elles subissent des violences sexuelles».
Le dur labeur des femmes transformatrices de mil
Marché de Grand Dakar, un hangar fait de pagnes usés sert de lieu de travail à des femmes qui s’activent dans la transformation céréalière. Tening Séne, debout près d’une marmite surveille le moindre geste des dames malaxant une farine de mil dans des calebasses. Gérante des lieux, elle s’active dans la vente de couscous et de « Araaw Tiakri» depuis qu’elle a quitté son Diourbel natal pour s’installer dans la capitale sénégalaise. Aujourd’hui elle a sous sa tutelle une dizaine de femmes qu’elle paye chacune 2000 f la journée. Elle passe toute ses journées dans son lieu de travail pour satisfaire sa clientèle, constituée en majorité de vendeurs de lait caillée. Ses produits sont vendus entre 250 et 500 francs Cfa le pot.
Pour cette dame sérère, la journée du 8 mars célébrant la femme n’a pas de sens car dit-elle, elle ne change rien à la vie qu’elle mène avec ses consœurs.
Et voilà que notre randonnée dans les ruelles de Grand Dakar nous amène à la rencontre de femmes ménagères. Assises à côté de son étal, Khemess Ngom, la cinquantaine raconte son quotidien. «Mon travail dépend des circonstances. Des fois il m’arrive de travailler comme lavandière, pileuse et commerçante à mes heures creuses" dit-elle. Elle est obliger de s'adonner à ces activités harassantes car ce qui importe à ses yeux, c'est de «trouver de quoi entretenir ses enfants, élèves au village plutôt de célébrer une quelconque journée».
Avec Ndèye Aminata CISSE
SOURCE/ http://www.sudonline.sn/les-laissees-en-rade_a_17854.html