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L’OBS – L’ancien médiateur de l’université, Boubacar Diop (2004-2011) et l’ancien responsable du mouvement étudiant, Déthié Diouf (1996-2000), passent au laser les problèmes de l’université. Un décryptage qui tourne autour de la violation des franchises universitaires et de la mauvaise gestion des bourses.
FRANCHISE. Le décor de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a changé. L’on ne voit plus, ou à peine, les étudiants cartables à la main, marcher pour rejoindre les amphis, seuls des policiers disséminés dans les endroits stratégiques du campus, peuplent le décor. Il en est ainsi depuis les scènes d’intifada de jeudi et vendredi. Des échauffourées au cours desquelles les étudiants ont fini par déposer les pierres pour prendre leurs bagages et vider le campus de l’université, laissant sur place la horde de policiers savourant une victoire acquise à force de jeter des gaz lacrymogènes et passer à tabac des étudiants. Le campus ressemble désormais à une cité fantôme, quadrillée par des hommes de tenue prêts à mater les étudiants. Une présence massive des forces de l’ordre qui viole les franchises universitaires. Ancien dirigeant du mouvement étudiant de 1996 à 2000, Déthié Diouf n’y va pas de main morte pour dénoncer l’attitude des autorités dans ces jours sombres que traverse l’université. «Le gouvernement fait du je-m’en-foutisme, ce n’est pas une bonne idée de vouloir régler par la force les problèmes. Alors qu’à l’université, il y a des espaces de dialogue. C’est honteux ce qu’ils font subir aux étudiants», regrette ce syndicaliste étudiant qui a siégé dans les hautes assemblées de l’université. A l’Université Cheikh Anta Diop, la culture de la violence a pris le pas sur le climat de paix et de sérénité qui devrait prévaloir dans l’espace universitaire. Boubacar Diop, ancien médiateur de l’Université de 2004 à 2011, jette un regard lucide sur les récents événements qui ont embrasé l’université et chahuté les rigoureuses normes des franchises universitaires. «Il y a une culture de la bêtise qu’il faut éradiquer de l’université. Et dans cette crise à l’université, ceux qui souffrent le plus, ce sont les jeunes bacheliers qui viennent d’arriver, ils sont dégoûtés. Quand vous voyez l’image de ces jeunes-là, avec leurs valises rentrer chez eux, le Sénégal ne mérite pas ça. Ce n’est pas normal, il faut arrêter cette répétition idiote des mêmes errements. Ce qui fait que la présence policière à l’université et les grenades lacrymogènes que les gens jettent, les pierres balancées par les étudiants, il faut que tout cela cesse», préconise l’enseignant. Un appel au dialogue et à la pacification de l’université qui ne peut se réaliser que si les autorités pédagogiques anticipent les problèmes liés aux bourses.
- Les étudiants ont beau bloquer l’avenue Cheikh Anta Diop, rouspéter dans le vacarme de leurs chambres pour exiger le paiement de leurs bourses. Sans succès. Ils sont restés huit mois sans que les autorités ne leur prêtent la moindre oreille attentive. Alors, le trop plein de colère a débordé, les étudiants ont sorti leur arme favorite : la violence pour faire face aux forces de l’ordre. Une situation aux relents sociaux terribles pour les étudiants et leur famille. Bouba Diop, ancien médiateur de l’université, s’indigne. «Cela fait plusieurs mois, je me demande si le gouvernement a des problèmes de finance ou quoi. Parce que c’est inadmissible qu’on reste jusqu’au mois de mai à parler de bourses. On se rejette la balle entre EcoBank et le gouvernement ce n’est pas sérieux. J’ai vu des parents qui ont demandé à leurs enfants de rentrer à la maison. C’est intenable. Et les parents ont été stoïques, ils auraient dû dire des choses, mais ils ne l’ont pas fait», décrypte-t-il. Comme l’on ne peut pas se contenter d’eau et d’études, les étudiants ont alors pris leurs responsabilités pour pousser les autorités à prendre en compte leurs légitimes préoccupations. Déthié Diouf, ancien meneur du mouvement étudiant, regrette le statu quo qui prévaut encore dans la gestion des bourses. Il dit : «Ce n’est pas normal que les étudiants restent tout ce temps sans percevoir leur bourse. Les gens de la direction des bourses devraient tenir compte des procédures lentes de l’administration pour anticiper sur les éventuels blocages.»
En tout cas, l’ancien médiateur a identifié six sources de tension qui polluent Cheikh Anta Diop : le problème de l’orientation des nouveaux bacheliers, la création de l’université virtuelle, les droits d’inscriptions au niveau des établissements d’enseignement supérieur, le découpage de l’année, les sortants des écoles de formation de l’enseignement supérieur et le respect des engagements signés entre le gouvernement et les chercheurs.
MOR TALLA GAYE
SAINT-LOUIS – IDRISSA SECK SUR LA CRISE UNIVERSITAIRE
«Il faut être inculte pour penser que la répression est un outil de gouvernement»
Présent à Saint-Louis samedi pour présenter ses condoléances au Directeur des structures de Rewmi, Déthié Fall, qui a perdu sa mère, Idrissa Seck ne s’est pas privé de décocher des flèches à l’endroit du pouvoir.
Les affrontements entre les Forces de l’ordre et les étudiants n’agréent pas Idrissa Seck. Selon lui, l’utilisation de la violence pour mettre fin à la crise universitaire n’est pas souhaitable et ce n’est pas en mettant des Forces de l’ordre dans l’enceinte des universités qu’on réglera le problème. Idy peste fort : «Il n’y a que des gens incultes qui continuent de penser que la répression est un outil de gouvernement. La répression, la dictature… finissent toujours par tomber et dans les situations dramatiques.» Le maire de Thiès ne se contente pas de faire des critiques. Le Président de Rewmi indique également la voie à suivre pour un retour au calme. «La solution, c’est de trouver les moyens financiers adéquats pour financer l’éducation, pour donner les bourses aux étudiants. Quand quelqu’un a déjà acquis un droit, vous ne le lui enlevez pas, même si vous n’avez pas la capacité», pense-t-il. «L’éducation est non seulement un droit, mais c’est notre principale source de développement.» Idrissa Seck ne manque pas de préconiser des solutions. «Non seulement le gouvernement doit veiller à financer de façon optimale ce secteur de l’éducation, mais aussi il doit sécuriser et respecter les franchises universitaires», prévient-il.
Le maire de Thiès a également profité de la présence de plusieurs candidats à la mairie sur les lieux (Cheikh Bamba Dièye, Mansour Faye, Alioune Badara Cissé) pour inviter la classe politique à s’unir autour de l’essentiel. «Nous sommes tous en mission, de quelque bord qu’on se situe et cette mission, c’est de faire le maximum pour produire des bienfaits pour les populations. Quelles que soient les divergences politiques, les appartenances et quelles que soient les divisions de la classe politique, des évènements de cette nature sont une excellente occasion pour se rassembler et s’unir parce que c’est une mission qui nous est commune. Et le Tout-Puissant dit qu’Il apprécie que ceux qui travaillent dans l’accomplissement de sa mission le fassent unis comme les briques d’un seul mur», a dit Idrissa Seck qui s’est félicité de la présence de toute la classe politique en ces moments difficiles pour son camarade Déthié Fall.
EL HADJI TALL
SOURCE: http://www.gfm.sn/le-gouvernement-fait-du-je-men-foutisme/