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Sénégal - Quand le Président déclare la guerre à ses alliés socialistes !

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Le président de la République est présenté comme un stratège et aussi comme un génie politique, mais il est permis d’en douter.

Sinon, en effet, il n’aurait pas perdu Dakar et de grandes villes du pays dimanche dernier. Car si les Dakarois ont plébiscité M. Khalifa Sall, c’est simplement parce qu’ils ont voulu combattre l’injustice qui lui était faite par le camp présidentiel. Alors qu’aux yeux de tout le monde il apparait évidemment que le maire sortant de la capitale et son équipe ont très bien travaillé, le peuple de Dakar ne comprenait pas qu’au vu de leur bilan on veuille les pousser à la porte. 

Or, on ne change pas une équipe qui gagne, c’est bien connu ! Le fait pour Khalifa Sall de ne pas appartenir au parti du président de la République a été perçu par ce dernier comme un « crime » qu’il fallait lui faire payer très cher. Plus exactement, le Président a proposé au tombeur de Mme Aminata Touré à Grand-Yoff le « deal » suivant : tu t’engages à ne pas te présenter contre moi en 2017 et je te garantis ta réélection. 

Un marché bien évidemment rejeté avec effroi par M. Khalifa Sall qui savait dès lors à quoi s’en tenir. Pour lui faire expier cet « affront », le Président a donc entrepris de faire changer la loi pour tout simplement… supprimer la Ville de Dakar en tant que collectivité locale !

En lieu et place, on a créé un département qui serait une émanation des communes d’arrondissement… que l’APR espérait gagner bien sûr ! Cette curieuse réforme taillée sur mesure avait surtout pour but d’éliminer Khalifa Sall à Dakar et Idrissa Seck à Thiès.

Deux dangereux adversaires de l’actuel président de la République qui, malgré les tripatouillages de la loi, ont été réélus triomphalement chez eux. Le président n’avait sans doute pas mesuré à quel point les Dakarois en particulier appréciaient positivement l’excellent travail effectué par M. Khalifa Sall qu’ils entendaient donc reconduire pour un nouveau bail afin de lui permettre de terminer les chantiers qu’il a entamés.

En cherchant par tous les moyens à propulser un responsable de l’APR à la tête du département de Dakar, en faisant donc passer son parti avant la Patrie, le président déclarait la guerre aux Dakarois. Lesquels entendaient donc laver l’affront.

Et c’est là que M. Khalifa Sall a montré qu’il était plus stratège et plus politique que le président de la République puisque, pour contourner les obstacles présidentiels, il a tout simplement parrainé des listes au niveau de toutes les communes d’arrondissement de Dakar.

Des listes qui, grâce au sésame magique du nom de M. Khalifa Sall, ont écrasé partout — dans 16 des 19 communes ! — celles du parti au pouvoir. Pour tout dire, les habitants de la capitale ont plébiscité leur maire qu’ils ont reconduit avec toutes les équipes qui le soutenaient dans les arrondissements, pour cinq nouvelles années.

Depuis plusieurs jours, sans le crier sur les toits, les Dakarois s’étaient donné le mot : il fallait voter Khalifa Sall pour infliger une raclée au camp présidentiel. De fait, la cause était entendue depuis longtemps même si le Premier ministre, Mme Aminata Touré, faisait semblant de croire le contraire.

Le peuple de Dakar a voulu laver lui-même l’affront que le Président voulait faire à M. Khalifa Sall. Avec le Président, le grand perdant de ce scrutin à Dakar, c’est le président de l’Assemblée nationale, M. Moustapha Niasse, qui a cru devoir se donner avec armes et bagages au président de la République.

Résultat : le Dr Malick Diop qui avait suivi ses consignes en se désolidarisant de M. Khalifa Sall à Fann-Point E, Amitié s’est fait laminer par la liste parrainée par le maire de Dakar. A l’opposé, M. Santi Agne qui, à Baobabs-Liberté, s’est désolidarisé de son leader de parti pour soutenir M. Khalifa Sall, a gagné dans sa commune. Même chose à Hann Bel-Air.

Ailleurs, plusieurs responsables de l’AFP (Alliance des Forces de Progrès) ont préféré tout simplement désobéir à M. Niasse pour soutenir « Taxawu Dakar ».

D’une manière générale, on ne comprend pas la stratégie ayant consisté, pour le camp présidentiel — le président de la République en tête — a choisir de déclarer la guerre à des alliés qui lui sont demeurés fidèles jusque-là, en particulier le Parti Socialiste.

Quelle mouche a donc piqué le Président pour qu’il ait décidé de présenter un candidat contre M. Khalifa Sall à Dakar mais aussi, en allant jusqu’à s’allier avec le diable Pds, contre Mme Aïssata Tall Sall à Podor ? Une alliance contre nature pour abattre cette brave dame, qui a révulsé la majorité des Sénégalais. On pourrait aussi parler du cas de Abdoulaye Wilane à Kaffrine. Ou de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, battue par un candidat de… l’APR à Louga.

En fait, c’est presque partout à travers le territoire national que le président de la République a envoyé ses partisans affronter les maires socialistes sortants dont le parti est quand même un des plus sûrs alliés du président de la République !

Par exemple, était-ce courtois de la part de ce dernier de chercher à déboulonner Ousmane Tanor Dieng, dont la loyauté ne lui a jamais fait défaut, dans le département de Mbour ? C’est pourtant ce qu’il a fait en récupérant effectivement la plupart des fiefs socialistes de la Petite Côte.

Autant d’actes hostiles qui pourraient être considérés comme des déclarations de guerre par les socialistes. Faire ça à des alliés… On se demande ce qu’il peut en être des adversaires… quand on ne s’allie pas avec eux dans certaines localités bien sûr pour abattre des alliés comme à Podor !

Bref, c’est la boulimie du parti présidentiel et son manque de générosité avec ses alliés qui expliquent grandement ses défaites dans beaucoup de localités du pays. Sans compter, bien sûr, l’impopularité des candidats qui y défendaient ses couleurs…

source : Le Témoin