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L’OBS – Ce sera le quatrième référendum tenu dans l’histoire du Sénégal. Macky Sall veut passer par cette voie pour réduire son mandat de 7 à 5 ans. Le président de la République a décidé de respecter sa promesse de campagne. Une promesse qui a un coût.
PAR CODOU BADIANE & AÏCHA DIOUF (STAGIAIRE)
Il a tracé la voie. Le chef de l’Etat a pris la décision de passer par un référendum pour réduire son mandat. Alors candidat à l’élection présidentielle de 2012, Macky Sall avait promis de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Et depuis sa nomination, les choses tardaient à se faire. Personne ne savait par quel procédé le président de la République allait passer pour réduire son mandat. Mais lundi dernier, Macky Sall a levé tout équivoque. Des Etats-Unis où il se trouve pour assister au sommet Etats-Unis/Afrique, Macky Sall a, dans un entretien accordé au «Wall Street Journal», indiqué qu’il allait organiser un référendum pour que le peuple puisse se prononcer sur les propositions de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). Macky Sall semble suivre la piste tracée par son conseiller chargé des Affaires juridiques, le constitutionnaliste Ismaïla Madior Fall. Ce dernier avait clairement dit que l’article 27 de la Constitution ne peut être modifié que par le peuple et seulement par voie référendaire et que cela ne saurait faire l’objet d’interprétations.
Même si Macky Sall n’a pas encore donné de date exacte, la classe politique se réjouit que le chef de l’Etat ait décidé de respecter sa promesse. «Le Président Macky Sall avait pris cet engagement en pleine campagne, cet engagement était réitéré plusieurs fois à l’intérieur du pays et sur le perron de l’Elysée. Et depuis lors, aucun acte allant dans le sens de matérialiser cet engagement n’a été clairement défini par le président de la République. Deux ans après, s’il prend la décision de matérialiser cela, quelle que soit la procédure ou la formule utilisée, je pense qu’il faut s’en féliciter. C’est le contraire qui nous aurait étonnés», se félicite Mbaye Dione, responsable de l’Alliance des forces de progrès (Afp).
Une brèche dans laquelle s’engouffre le porte-parole du Parti socialiste (Ps). «Nous nous réjouissons que cette annonce puisse participer à élucider cette question qui, ces temps-ci, semble être le pain de mie d’une certaine classe politique. En 2012, c’est lui-même qui a librement dit qu’il appliquerait le quinquennat et qu’il se donnera les moyens politiques et légaux de ramener le mandat à 5 ans. Alors puisqu’en la matière, il n’a que sa volonté politique et sa parole, et si cette dernière recoupe sa volonté politique, nous ne pouvons que nous en réjouir», développe Abdoulaye Wilane.
Le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds) affirme que Macky Sall n’avait d’autre choix que celui d’organiser un référendum. «Le président de la République gagnerait à privilégier la presse locale et les acteurs locaux pour se prononcer sur une question d’une importance aussi grande. Il a déjà reçu le rapport de la Cnri, et jusqu’au moment où je vous parle, il n’y a pas encore eu de réponse officielle sur le mandat et sur le respect de ses engagements électoraux. Au demeurant, il n’y a pas une autre possibilité que de passer par le référendum. Certainement, le régime lui avait suggéré de passer par l’Assemblée nationale, espérant peut-être le désaveu de sa majorité. Avec l’intervention de tous les Constitutionnalistes et de tous les professionnels des questions institutionnelles, le Président Macky Sall, depuis les Etats-Unis, ce que je déplore, s’adresse à son peuple pour réitérer son engagement de réduire son mandat en passant par le référendum.»
Le prix de la démocratie : Depuis son accession à la magistrature suprême, Macky Sall a déjà eu à organiser deux élections (législative et locale». Revenir pour encore tenir une autre élection nécessiterait d’autres dépenses. Mbaye Dione pense que ce sera une élection de trop qui ralentit la marche du pays. «Il faudrait juste signaler que c’est une élection de plus. Le Sénégal a vécu un cycle d’élections. Depuis qu’il a été élu, il y a eu les Législatives, les Sénatoriales qui ont été reportées, et les Locales du 29 juin dernier. Cela veut dire qu’en moins de trois ans, nous aurons vécu 4 élections, c’est coûteux, lourd et cela ralentit la marche de notre pays. Mais si cela permet de régler un problème politique, le fait de régler cette question, je ne vois pas d’inconvénient et je pense qu’il faudra encourager le président de la République», estime Mbaye Dione.
Abdoulaye Wilane est d’avis contraire. Selon le maire de Kaffrine, la démocratie a un coût. «Je ne fais pas partie de ces hommes politiques qui font dans la démagogie et le populisme. Une démocratie a un coût, la République a un coût. Il y a des actions qui coûtent très cher au moment où on les faisait, mais les conséquences dans le court et le moyen terme peuvent être telles que vous regretterez de ne l’avoir pas fait.» Babacar Gaye ne dira pas le contraire : «Il faut qu’on reste dans l’Etat de droit, il faut qu’on respecte la Constitution, les lois et les règlements du pays. Comprenant tout cela, j’avais proposé, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Acte III de la Décentralisation, de prendre le temps de la réflexion dans la sérénité et d’en profiter. Le cas échéant, faire toutes les réformes nécessaires, y compris la modification de la Constitution pour le mandat présidentiel, et ainsi jumeler le mandat et les élections locales, ce qui aurait peut-être coûté moins pour les finances publiques. C’est dommage, mais une démocratie n’a pas de prix, elle a un coût.»