Fast backlinks and Guest-post hosting
L’OBS – Mbaye Ndiaye a, en deux jours, fait près de 9 tours d’horloge devant la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (Crei). Dans son interrogatoire, il a parlé de cette supposée dette de 9 milliards FCfa de Ads et du recrutement des agents de l’Anoci.
Il a une santé fragile. Lundi, lors de son interrogatoire, il a eu un bourdonnement d’oreilles au point de provoquer une suspension d’audience de 10 minutes. Dans l’impossibilité de se tenir debout durant des heures, Mbaye Ndiaye a su attirer l’attention du juge Henry Grégoire Diop qui lui permet de s’asseoir dès qu’il se sent mal. Hier encore, l’ancien Boss des Aéroports du Sénégal (Ads) a dû, à un moment donné de son interrogatoire qui a duré une journée et demie, finir son face-à-face avec le juge, en position assise.
Dans le jet de questions qui lui est lancé, Me Yerim Thiam, qui a lâché en premier, demande: «Vous avez expliqué à la Cour que vous n’avez aucune raison de favoriser Karim Wade et compagnie, avez-vous des raisons de favoriser une société allemande ou des particuliers allemands ?» Mbaye Ndiaye se redresse, fixe la Cour et répond : «Non». Donc, poursuit le bâtonnier Thiam : «Vous avez remis 98 millions FCfa de nos FCfa à une société allemande…» La réponse de Mbaye Ndiaye ne se veut ni répétitive ni pédagogique : «Je pense avoir répondu sur pourquoi j’ai remis ces 125 mille euros à Daport suite à des prestations. J’ai toutes les raisons de verser les 95 ou 98 millions FCfa…»
Evoquant la dette de Ads, Me Yerim poursuit : «En fin juin 2012, les Ads avaient, selon un rapport du ministère des Finances, un stock de dettes de 9,61 milliards FCfa, est-ce que vous confirmez ça ?» Je ne peux répondre car à cette époque, je ne n’étais plus directeur, dira Mbaye Ndiaye. Se voulant agressif et virulent, Me Thiam tente d’abattre son homme. Il vise et fait feu : «Est-ce qu’à votre départ, vous étiez créditeur ou débiteur ?» Esquivant le coup, le prévenu Ndiaye met son casque de protection : «Je ne peux répondre car je ne suis pas l’agent comptable.» Pour ne pas perdre la cible, Me Thiam mitraille : «Si les agents du ministre des Finances ont raison, est-ce que vous trouvez normal de répandre cette somme à des Allemands alors que vous aviez une telle dette.» Mbaye Ndiaye, qui ne se laisse pas brûler par le feu roulant, riposte : «Il faut expliquer les détails de cette dette…Je n’étais pas au courant de cette dette de 9 milliards FCfa. On pouvait m’envoyer un courrier après mon départ, pour m’informer et me donner des explications…mais je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit…» Me Moustapha Mbaye vient en renfort : «Vous étiez Directeur général, vous ne pouvez pas dire que vous ne connaissiez pas l’état de finances de la société…» La réponse tombe claire et sans tension : «A ma connaissance, je n’ai pas laissé de dette de cette somme. Je n’ai jamais dit que je ne savais rien de mes finances. J’ai dit que quand je quittais, je n’ai pas laissé de dette qui n’est pas d’emprunt. Nos problèmes étaient les arrivées de Sénégal Airlines et autres. Jusqu’à présent, ces dettes existent car Air Afrique n’a pas encore payé des redevances.» A Me Mbaye qui lui demande s’il n’était pas gêné de payer 98 millions FCfa à Daport, alors que depuis leur création les Ads étaient déficitaires et avaient des dettes, l’ancien boss de la société aéroportuaire réplique : «Non, car cette tension de trésorerie dont on parle n’existe pas.» Evoquant certes la lenteur de paiement des compagnies d’aviation qui leur demandaient un délai de 30 jours ou plus pour le paiement des redevances, Mbaye Ndiaye dit encore : «Les Ads n’avaient pas de problèmes de trésorerie.» Toujours par rapport à cette dette, Me Demba Ciré Bathily souligne : «Les compagnies vous devaient 12 milliards FCfa et vous avez des arriérés de de 3 milliards FCfa. A la fin, ces 9 milliards FCfa, c’est vous qui les devez ou on vous les doit ? » Mbaye Ndiaye : «C’est pourquoi, je dis qu’on n’avait pas de problèmes de trésorerie.»
Mbaye Ndiaye : «La structure qu’on a dirigée depuis 2000 a vu son budget augmenter. On a pu multiplier les salaires par 3, 4»
Le Substitut du procureur Antoine Diome s’est, quant à lui, intéressé au statut des Ads. «C’est une société publique de type commercial. Nous ne sommes pas appelés à faire des bénéfices. L’essentiel était d’être en équilibre. Nous n’avions pas le droit, comme Asecna, de faire des bénéfices. On devait être à la hauteur des autres aéroports», explique Mbaye Ndiaye, avant de poursuivre : «Les Ads étaient une société qui relèvent de l’Etat. Le conseil d’orientation dépendait du ministère de tutelle. Toutes les mesures relevées par le conseil d’orientation pouvaient être refusées par le ministre et que toute décision devait être approuvée par le ministère.» Face à la question de savoir à quel moment ont commencé les négociations avec Ads, il explique : «Les Ads ont été créés entre le 08 et le 09 février 2008. Je pense qu’il faudrait poser cette question à madame Aminata Niane de Aibd car on a pris le train en marche. Je n’ai pas été à l’initiative de cette signature de convention. J’ai reçu des instructions me disant de signer avec Daport.» Antoine Diome demande : «Dans votre interrogation au fond, vous avez dit qu’il vous arrivait de faire des prêts. Hier, vous avez dit que vous n’étiez pas au courant du prêt de 1 Milliard FCfa. Pourquoi ce prêt, car il est ressorti qu’il fallait recourir aux banques pour une facilité de caisse ?» Mbaye Ndiaye répond : «Je dois dire que dans le passé, quand le Sénégal a voulu se retirer de l’Asecna, on nous a demandé la récupération de l’ensemble des redevances d’atterrissage. Quand il y a eu ce retrait de l’Asecna, on a reçu 100% de redevances. Abib Sy a demandé à ce qu’on paye 56% à l’Asecna. J’ai signé une convention avec l’Asecna pour payer 46 millions FCfa par mois à l’Asecna. Sur le plan comptable, on avait des problèmes. Je ne sais pas si mon successeur le fait toujours. Aussi, il y a des compagnies qui nous payaient tardivement. Quand il s’agissait de faire ce prêt de 3 milliards FCfa, j’ai parlé au conseil d’orientation qui en a parlé au ministre qui nous a dit oui, mais qu’on ne fasse plus de prêt. Cet emprunt de 1 milliard, je n’étais pas au courant. Et comment une banque sachant qu’il y aura dans quelques mois la dissolution des Ads puisse nous faire un prêt. Je ne peux pas engager l’Etat sur une société mourante. La structure qu’on a dirigée depuis 2000 a vu son budget augmenter. On a pu multiplier les salaires par 3, 4. Et même l’Asecna, convoitise de tout le monde, voulaient rejoindre les Ads.»
Recrutement des agents de l’Anoci : «C’est le Directeur de cabinet du ministère, Racine Kane, qui m’a appelé.»
Par rapport au recrutement des agents de l’Anoci, Mbaye Ndiaye confie : «C’est le Directeur de cabinet du ministère, Racine Kane, qui m’a appelé. J’en ai parlé à mon Directeur des ressources humaines qui s’en est occupé. Après deux mois, ça a été effectif. Ces recrutements entrent dans mes prérogatives et j’en assume l’entière paternité. Je l’assume pleinement. A part Madior Sylla et Cheikh Diallo, ils sont toujours là-bas.» Pourquoi les agents de l’Anoci et non des anciens agents de Sias, questionne Alioune Ndao ? La réplique : «J’ai eu à recruter plus de 300 personnes et elles sont venues de plusieurs structures. Je vous donne un exemple. J’ai recruté deux jeunes filles que j’ai emmenées à Niamey. L’une est l’épouse de Imam Mbaye Niang. Ce n’était pas facile pour elles à Niamey, mais elles sont sorties majors de leur promotion.»
Me Baboucar Cisse sur le cas de Mor Ngom : « Monsieur le Procureur spécial, vous avez un cas d’enrichissement illicite»
Me Baboucar Cissé revient sur le cas Mor Ngom. «J’ai dit que Mor Ngom, on le payait durant 4 ans. C’était la période où il était détaché à la haute autorité. Il venait à l’aéroport, il n’avait pas de bureau, mais il était toujours un agent de Ads. Quand le ministre s’est séparé de lui, il est revenu.» Me Baboucar Cissé se veut fouineur : «Il se promenait ? Monsieur le Procureur spécial, vous avez un cas d’enrichissement illicite.» Le tour des questions effectué, le Président a appelé Karim et Cie à la barre. «Est-ce que vous avez une question à poser à Mbaye Ndiaye.» Karim répond : «Monsieur le Président, je n’ai aucune question à lui poser tant que Me Abou Khalil n’est pas là…» Pouye donne une réponse similaire avant que Me Sèye ne s’offusque sur le fait qu’un prévenu n’avait pas à poser des questions à ses co-prévenus. Un débat juridique s’est posé. Le Président qui a cherché l’article concerné en vain a vu Me Ciré Clédor ly voler à son secours. Mais, il l’a plus enfoncé car Henry Grégoire est tombé dans le trou qu’il avait lui-même, creusé…
T. Marie Louise Ndiaye