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Le tourisme sénégalais, plongé dans le marasme par plusieurs années de tâtonnements et de mauvaises décisions, risque de rendre définitivement l’âme du fait d’Ebola. Les membres de la Fédération patronale des hôteliers et opérateurs touristiques attendent désormais de l’Etat qu’il lance une véritable campagne de séduction à l’extérieur, et facilite les choses à certains opérateurs pris à la gorge à l’intérieur du pays.
A écouter les acteurs du secteur touristique faire la relation de leurs malheurs, on se demande si les pouvoirs publics de ce pays ont une idée du potentiel qui est en train de dépérir devant les yeux de tout le monde. Pour un secteur que ses rentrées financières et son potentiel de création d’emplois plaçaient dans le trio de tête des secteurs d’activités de ce pays, son marasme actuel aurait dû inquiéter les pouvoirs publics. Or, à entendre les opérateurs économiques qui ont investi dans le secteur, c’est à peine si l’Etat s’intéresse à eux.
La preuve, la station de Saly est en train de mourir lentement de sa belle mort, sans que des mesures concrètes soient prises. Le problème majeur, pour une station dite balnéaire, c’est la disparition plus ou moins accélérée de la plage, qui a déjà obligé plusieurs sites hôteliers à fermer. Le jeudi dernier, lorsque les membres de la Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (Fopits) ont reçu la délégation du Conseil national du patronat, venue écouter leurs doléances, la litanie était presqu’insoutenable entre les hôtels qui ont fermé du fait de l’érosion côtière, de la dégradation de l’environnement touristique, qui plonge l’activité dans une insécurité quasi-permanente. Cette dégradation se traduit, selon les termes du président du Syndicat d’initiative, M. Boubacar Sabaly, par les constructions sauvages, le déboisement de la forêt classée, le remblaiement de la lagune, entre autres. Et toutes ces actions nuisibles ont quasiment reçu l’aval des pouvoirs publics.
Et il a été heureux que l’Etat n’ait pas été représenté dans cette rencontre, car il n’aurait entendu rien de positif et de rassurant quant à son action.
Si les gens ont salué le geste du Président Sall qui, le 29 novembre de l’année dernière, s’était rendu à Saly pour lancer la saison touristique d’hiver, et se rendre compte des problèmes rencontrés par les acteurs, ils ont été autant désolés de voir que la situation n’a pas évolué depuis lors sur aucun plan. Et le peu d’espoir qui subsistait est en train de s’envoler inexorablement avec Ebola.
Les dégâts causés par la phobie soulevée par la fièvre à virus Ebola ne peuvent être comparables qu’avec le peu d’efforts fournis par l’Etat pour en limiter les effets.
Les hôteliers présents à la rencontre d’hier faisaient la comptabilité de leurs pertes à un horizon plus ou moins proche. Ainsi, les annulations vont coûter 1,8 milliard de francs Cfa à Nouvelles Frontières. Pour le complexe Terrou-Bi, en trois mois, les annulations représentent environ 150 millions de francs de manque à gagner, tandis que le King Fahd Palace a vu s’envoler 480 millions. Et pis, a expliqué son directeur de l’exploitation, c’est que certaines annulations couvrent même la période de décembre, après le Sommet de la Francophonie.
Cette situation est imputable à «la mauvaise communication du gouvernement sur Ebola. Comment peut-on comprendre que les Etats-Unis, qui ont comptabilisé jusqu’à quatre cas d’infection, l’Espagne qui compte sept ressortissants infectés ou la France qui en a eu un, ne soient pas présentés comme des pays à risques Ebola, et que le Sénégal, qui a connu un seul cas, vite guéri, soit toujours indexé, même auprès de l’Oms, comme pays affecté par Ebola, sans que le gouvernement ne fasse quelque chose ?», se sont indignés les membres du Fopits devant l’ampleur des dégâts.
Pour en montrer l’aberration, d’autres font remarquer que les tours operators hollandais, qui viennent d’annuler leur partenariat avec Nouvelles Frontières cette année, ont maintenu six vols charters la semaine vers la Gambie, durant toute la durée de la saison touristique qui débute en novembre. Or, l’ironie de l’histoire, si le Sénégal est mis à l’index pour Ebola, la Gambie, pourtant totalement «avalée» par le Sénégal, n’est même pas citée…
En conséquence, si les grands hôteliers de Dakar s’arrachent les cheveux, se demandant où donner de la tête, plusieurs de leurs collègues de l’intérieur ont cessé de se poser la question, ayant déjà mis la clé sous le paillasson. Et comme souvent dans ce genre de cas, la première variable d’ajustement est le personnel. Les hôteliers estiment qu’à ce jour, dans les différents sites à l’intérieur du pays, la désaffection de la fréquentation a déjà coûté entre 800 et 1 800 emplois dans les différents sites d’hébergement. «Et si la situation ne se redresse pas rapidement, d’autres vont malheureusement suivre», a noté le président de la Fopits, M. Mamadou Racine Sy.
Si l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a fini, le 9 octobre dernier, par sortir le pays de sa liste rouge des pays affectés par Ebola, encore faudrait-il maintenant lancer une campagne de promotion susceptible de faire revenir au Sénégal les touristes qui s’en sont plus ou moins détournés. Et c’est là que les opérateurs touristiques s’interrogent sur le rôle de l’Agence sénégalaise de promotion du tourisme (Aspt).
Remise en selle après la disparition de l’Agence nationale de promotion du tourisme (Anpt), elle n’est toujours pas fonctionnelle et n’a pas encore commencé le travail pour lequel elle a été relancée. Preuve de cette incapacité, même son Conseil de surveillance n’a pas encore été installé, ce qui empêche l’adoption de son budget.
La situation est donc telle que les acteurs du secteur touristique attendent plus que jamais que l’Etat prenne des décisions fortes, permettant dans un premier temps de faire une réelle promotion de la destination Sénégal, aussi bien auprès des marchés émetteurs que dans d’autres. Ensuite, permettre à ceux des hôteliers qui sont dans le besoin de pouvoir assainir leurs comptes et relancer leurs activités. Et enfin, de commencer le processus de réhabilitation de la station balnéaire de Saly Portudal.
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source :http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/7352-tourisme-mauvaise-communication-gouvernementale--ebola-chasse-les-clients