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L’OBS – Le tribunal D’Evry dans la banlieue parisienne, a décidé d’accorder le non-lieu aux autorités sénégalaises présumées responsables du drame du «Joola». Une décision qui met un coup d’arrêt à une enquête de plus de 10 ans. Retour sur les grandes dates de la pire catastrophe de l’histoire.
Claire Vershatse avait 20 ans le jour du drame du «Joola», elle revenait de la Casamance qu’elle aimait tant, le cœur en fête. Comme des milliers de passagers du bateau, elle devait regagner Dakar, puis la France. Elle ne quittera jamais le Sénégal. Elle fait partie des 22 victimes françaises et des plus de 2000 personnes englouties par les eaux au large de la Gambie.
C’était ce 26 septembre 2002 de triste mémoire. Passé l’émotion de ce terrifiant drame, depuis 12 ans, une question revient à intervalles réguliers. Pourquoi les responsables de cette vaste chaîne de commandement n’ont-ils pas été inquiétés ? Et selon les juges d’instruction français qui ont décidé d’ordonner le non-lieu suivant les réquisitions du parquet d’Evry, il n’y a plus aucune poursuite contre les autorités sénégalaises. Retour sur onze (11) années d’enquête.
1er avril 2003. Les familles des victimes françaises déposent des plaintes contre X au tribunal d’Evry dans la région parisienne. Cette Cour de première instance a été désignée pour enquêter sur des faits d’homicide involontaire, violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et défaut d’assistance à personne(s) en péril. Des plaintes qui sonnent comme une réaction à l’inaction des autorités sénégalaises.
11 mars 2004. Jean François Pascal, procureur de la République d’Evry en région parisienne, lance trois commissions rogatoires dans le cadre de l’information judiciaire sur le tragique naufrage du «Joola». Une commission rogatoire a été délivrée à la section de recherches de la gendarmerie de Paris (France) pour vérifier si la base de la Marine française à Dakar avait reçu des appels au secours la nuit du naufrage, et si ces navires étaient présents dans la zone du naufrage. Ensuite, il y a une commission rogatoire pour déceler, à partir des plans du bateau et de son cahier des charges, d’éventuels défauts de construction. Enfin, au Sénégal, une commission rogatoire avait été chargée d’entendre les membres de l’équipage rescapés et de s’assurer du décès de Issa Diarra, le commandant du «Joola», qu’un rescapé avait formellement reconnu vivant, alors que les autorités sénégalaises, au lendemain du naufrage, l’avaient déclaré mort. C’est sur cette base que l’action avait été éteinte en haut lieu.
5 octobre 2006. Un faible vent de volonté traverse le tribunal d’Evry, car une réunion entre les parties civiles et Jean Wilfried Noël, le juge d’instruction en charge du naufrage du «Joola», a permis de faire le point sur les avancées de l’enquête et l’éventualité de délivrer des mandats d’arrêt internationaux contre huit (8) personnalités de la République. Parmi celles-ci, l’ancien Premier ministre sénégalais, Mame Madior Boye, l’ex-ministre de l’Equipement et des Transports, Youssouph Sakho, l’ex-ministre des Forces Armées, Youba Sambou et cinq directeurs d’administration. Mais le procureur de la République d’Evry, Jean François Pascal, a regretté le refus du Sénégal de coopérer à l’enquête.
Janvier 2008. Le juge Jean-Wilfried Noël foule le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Il débarque à Dakar la tête farcie d’interrogations. Car, au cours d’une commission rogatoire de deux semaines, il ne parvient pas à auditionner l’ex Premier ministre Mame Madior Boye et les deux ex ministres, des Forces Armées, Youba Sambo, et des Transports, Youssouf Sakho. Sous le régime de Wade, les autorités sénégalaises ont longtemps bloqué cette commission, la seule accordée en cinq ans d’instruction. Mais le juge d’Evry n’a pas fait le voyage pour rien, car cela lui a permis de recueillir des documents confortant le rapport d’expertise, qui pointe du doigt 19 manquements graves au Code de la marine marchande sénégalaise.
12 septembre 2008. Coup de théâtre ! Jean-Wilfried Noël, le juge d’instruction du tribunal de Grand Instance d’Evry, lance 9 mandats d’arrêt internationaux contre Mame Madior Boye, ex Premier ministre du Sénégal, Youba Sambou, ex ministre des Forces Armées, Youssouf Sakho, ex ministre des Transports, Babacar Gaye ex chef d’état-major général des Armées, Ousseynou Kombo ex chef d’état-major de la Marine nationale, Meïssa Tamba, ex chef d’état-major de l’Armée de l’air, Gomis Diedhiou ex chef du bureau de la sécurité maritime, Abdoul Hamid Diop, ex directeur de la Marine marchande, Mody Siguine, ex chef d’exploitation du «Joola». Réponse du berger à la bergère, le tribunal de Dakar ouvre une information judiciaire contre le juge Noël pour forfaiture et actes de nature à jeter le discrédit sur les institutions sénégalaises. Pan !
Janvier 2010. La cour de cassation confirme l’arrêt de la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris, qui avait annulé en juin 2009, les mandats internationaux contre Mame Madior Boye et Youba Sambou et toutes les procédures les concernant…
MOR TALLA GAYE
Source: http://www.gfm.sn/chronique-de-la-mort-annoncee-de-lenquete-sur-le-joola/