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Les avocats de Karim Wade qui ont raté la chance de se livrer à la décisive épreuve des plaidoiries dans le procès intenté contre leur client par la Crei, ont tenté de se rattraper hier, vendredi 20 février. Tour à tour, les conseils de ‘’Wade fils’’ ont fait le procès de la Cour et du pouvoir en place en listant une kyrielle de faits et actes irréguliers qui prouvent la volonté manifeste du chef de l’Etat, Macky Sall, et du président de la Crei, Henry Grégoire Diop, de barrer la route à un adversaire politique, à savoir Karim Wade.
La salle 4 du tribunal de Dakar qui a abrité le procès le plus médiatisé dans l’histoire de la justice sénégalaise, à savoir l’affaire «Karim Wade et co-prévenus», a été transposée dans un hôtel de la place hier, vendredi 20 février. C’est le moins que l’on puisse dire, vu la manière dont les conseils du fils de l’ancien chef de l’Etat se sont relayés au micro pour démonter les arguments avancés par les avocats de la partie civile et ceux du parquet spécial, lors des plaidoiries effectuées devant la barre de la Cour. De l’incompétence de la Crei à juger un ancien ministre d’Etat au réquisitoire du parquet spécial, en passant par les nombreux incidents qui ont émaillé le procès, les témoignages «montés de toute pièce», les avocats de Karim Wade se sont étalés sur les actes et faits qui démontrent que le procès intenté contre leur client n’a pour objectif que l’élimination d’un adversaire politique.
Absence de preuves
Ce fut ainsi à Me Jean René Farthouat d’ouvrir le bal en défiant la presse de lui trouver des preuves dans les plaidoiries de la partie civile ainsi que dans le réquisitoire des deux procureurs spéciaux. Pour le bâtonnier au barreau de Paris, «ces histoires de Singapour qu’on nous sort du chapeau à la veille de l’audience nous apportent la preuve que c’est quelque chose qui est radicalement inexistant puisque la société qui est sensée détenir les dizaines de millions imputés à Karim Wade n’existe pas». Selon lui, «l’accusation a prolongé d’une manière totalement artificielle les griefs attribués à Karim Wade».
Karim, blanc comme neige
Enfonçant le clou, Me Amadou Sall est revenu sur les promesses faites devant la barre, à savoir «si la preuve de la culpabilité de Karim Wade est rapportée, j’allais publiquement déchirer ma robe». Une chose qu’il se réjouit de ne pas exécuter, dans la mesure où, a estimé l’ancien ministre libéral de la Justice, «j’ai l’absolue certitude qu’aucune preuve n’a été apportée dans ce dossier». A l’en croire, Karim Wade a occupé beaucoup de postes et que «la totalité des rapports conclut à une seule chose : quitus lui a été donné, il a géré avec vertu». Pour Me Sall, la reddition des comptes a totalement blanchi son client. Sur cette base, il a soutenu «que Macky Sall fait une grave erreur à la fois esthétique et une erreur d’éthique car il confond la reddition des comptes au règlement de compte». A l’en croire, «jusqu’au moment où je parle, comme patrimoine, personne n’a rapporté un patrimoine propre à Karim Wade. On lui attribue le patrimoine de Bibo Bourgi. Pour en rapporter la preuve, il n’y a aucun écrit. Tout est bâti sur des témoignages». D’où, selon lui, la certitude que «les masques sont tombés» avant de renchérir que «ce que tout le monde retient, c’est qu’une seule chose intéresse le procureur spécial : que Karim Wade soit privé de ses droits civils et politiques». Qui plus est, a-t-il conclu, «nous sommes en train d’assister à un discrédit énorme qui s’abat sur la justice (…) et d’assister à la transformation de notre système
politique démocratique».
Une justice manipulée
Pour sa part, Me Seydou Diagne s’est offusqué de la pléthore des recours égarés au niveau de la Cour suprême. Jetant des pierres dans le jardin de la justice, Me Diagne a trouvé que «manifestement la justice est instrumentalisée». Pour lui, «Karim Wade dispose d’environ une dizaine de recours devant la Cour suprême qui, s’ils étaient jugés, la Crei lui-même ne serait pas à mesure de faire tout ce qu’elle a fait, ces derniers mois, jusqu’à mettre cette affaire en délibéré». A l’en croire, «le ministre de la Justice, par un communiqué à travers un journal très influent, et le procureur général de la Cour suprême ont fait une procédure de rabat d’arrêt pour tordre la main aux magistrats de la Cour suprême en audience des chambres réunis pour qu’on revienne sur la possibilité qui a été reconnue par une partie de la justice sénégalaise, que Karim Wade puisse contester sa détention et son inculpation par la Crei». Hélas, s’est-il désolé pour finir, «jusqu’à présent, c’est comme s’il y a avait une main invisible qui empêche les magistrats de se pencher sur les recours». Pour lui, la condamnation de Karim Wade a été déjà rédigée et que Henry Grégoire l’a dans sa poche.
Le peuple, en témoin
Dans la même dynamique, Me Madické Niang a justifié l’absence de la défense au prétoire par le fait que les conseils de Karim Wade étaient convaincus que les exigences d’un procès équitable ne sont pas respectées. C’est pourquoi, a-t-il fait savoir, «nous avons dit que la justice est rendue au nom du peuple sénégalais, retournons vers le peuple». Selon lui, le peuple avait déjà une opinion, mais qu’ils étaient là pour la conforter, car il n’y a pas de preuve. Qui plus est, «toute la charpente s’est affaissée», a-t-il soutenu. Selon le dernier ministre des Affaires étrangères sous Wade, il y a tout sauf le droit dans ce dossier.
Pour couronner le tout, Me Pierre Olivier Sur du barreau de Paris a indiqué que la seule chose que l’Etat montre aux Sénégalais et à l’opinion internationale est le procès du fils de l’ancien président de la République est
politique. Pour autant, il a déclaré que les avocats de la défense ne se font aucune illusion quant au verdict annoncé pour le 23 mars prochain, non sans s’en remettre à «l’opinion publique et l’opinion internationale pour sortir Karim du piège».
Source: http://www.sudonline.sn/la-d%C3%89fense-plaide-hors-pr%C3%89toire_a_23231.html