Fast backlinks and Guest-post hosting
Fatimé Sakine, secrétaire à l’Assemblée nationale du Tchad, est venue hier partager ses douloureux souvenirs avec la Cour. D’origine arabe, elle a été arrêtée le 24 octobre 1984 au Fleuve Chari alors qu’elle se rendait à Kousseri au Cameroun pour les besoins de son commerce. A l’époque, elle était mineure et était âgée de 17 ans. Interrogée d’abord sous un hangar par les agents du service des renseignements généraux au sujet de ses parents membres du Conseil démocratique de la révolution (Cdr), en rébellion contre le régime de Habré, elle a été par la suite conduite au Commissariat central de Ndjamena.
N’ayant pas obtenu des «aveux», ses «bourreaux l’ont conduite à la Dds dans le bureau de Saleh Younous.» Là, elle «est ligotée, tabassée, électrocutée. C’est là que j’ai connu le pire», se rappelle-t-elle. Elle ajoute : «On me faisait appeler chaque soir dans le bureau de Saleh Younous et ce dernier abusait de moi», se résigne-t-elle à révéler sur insistance des parties civiles. D’ailleurs précise-t-elle : «On m’appelait Mme Saleh Younous.» Pendant trois mois à la Dds, ses journées se résumaient ainsi jusqu’à son transfèrement aux Locaux. «Je n’avais pas de cellule. Je passais la journée dans la Cour sous le soleil», révèle le témoin.
Parlant des conditions de détention, Fatimé Sakine soutient devant la barre qu’elle n’avait droit qu’à quelques grains de riz non cuits. «Pourquoi on vous a arrêté», interroge le Parquet. «On m’a arrêtée parce que mes parents sont arabes», répond la victime. Elle s’est souvenue d’une nuit où Hissein Habré était venu à la prison des Locaux. «Je ne l’ai pas vu parce qu’on était enfermées dans notre cellule mais j’ai entendu dire qu’il était venu prendre 3 détenues dans la cellule», soutient-il.
Par ailleurs, le témoin a révélé aussi la mort de 57 membres du Cdr dans la cellule C à la prison des Locaux. Elle évoque aussi le cas de Rose Lokissime. «C’est une femme Gorane Anacaza qui l’a balancée. On ne savait pas qu’elle était une espionne. Elle est allée dire à Issa Araway que Rose était en train d’écrire sur du papier des notes», déclare-t-elle.
Elle est libérée le 17 janvier 1986 à la suite des accords qui ont abouti au ralliement des Cdr. Profitant de sa tribune, il a laissé exploser toute sa rancœur. «Je ne veux plus revoir ce type», en désignant du doigt le Président sagement assis sur sa chaise.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
source: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/proces-habre-audition-de-fatime-sakine-saleh-younous-abusait-de-moi-et-on-m-appelait-mme-saleh-younous