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Dimanche 6 Janvier 2013 - 19:30
Dans la nuit du 30 décembre 2006, le député libéral Oumar Lamine Badji, président du Conseil régional de Ziguinchor au moment des faits, était abattu froidement. Tel l’« oiseau » de bon augure survolant la Casamance pour prêcher la paix qu’il était, il a été atteint en plein vol. Sous d’autres cieux, un tel assassinat odieux ne serait pas resté impuni. Et pourtant, six ans après, les assassins et les commanditaires courent toujours bien que des individus aient arrêtés et placés sous mandat de dépôt. En exclusivité pour « Le Témoin », M. Seydou Badji, porte-parole de la famille et frère du défunt, crie justice et « vengeance ». Entretien…
Le Témoin : M. Badji, six après la mort de votre frère Omar Lamine Badji, la famille réclame toujours justice… Pourquoi continue-t-elle de le faire quand on sait que toutes les personnes accusées d’être mêlées de près ou de loin à cet assassinat auraient été arrêtées ?
Seydou Badji : (Rires, plus précisément rires… macabres) Vous n’avez rien compris ! Car, les vrais assassins et commanditaires courent toujours à visage découvert puisqu’ils sont dans les hautes instances du Pds. D’autres se sont réfugiés dans l’Apr de Bignona. Seuls quelques assassins ont été arrêtés alors que Omar Lamine Badji a été assassiné par une section de « commandos » qui a été préparée et équipée par des commanditaires. Lesquels ont soigneusement mûri leur plan. J’y reviendrai… Seulement, permettez-moi de remercier toute la famille de feu Omar Lamine Badji au nom de laquelle, d’ailleurs, je m’exprime chaque mois de décembre dans les colonnes du « Témoin ». Je me souviens que la première interview réalisée (Ndlr : Le Témoin du 28 décembre 2011) a eu l’effet escompté car, de partout le monde, les internautes n’ont pas manqué d’apprécier vos questions que vous avez préparées et les réponses que nous avons apportées. Des questions et des réponses qui ont permis aux uns et aux autres de comprendre la lame de fond du dossier sous son angle politique.
Et suite aux commentaires reçus d’anonymes ou de personnalités d’envergure, nous sommes heureux et encouragés de revenir, comme qui dirait, sur les lieux du crime.
Cette fois-ci, vous allez donc revenir sur les lieux du crime avec de nouvelles révélations… N’est-ce pas ?
Tout élément nouveau pouvant convaincre l’opinion ou le peuple sénégalais de nous aider à rouvrir le dossier, nous allons l’apporter, ici, dans vos colonnes. Ce bien que, pour cette année, nous préférions mettre la pédale douce. Parce que, dans ce dossier, nous avions affaire à deux interlocuteurs : l’Etat, à travers son démembrement qu’est le ministère de la Justice, émanation du pouvoir exécutif d’une part, et la justice elle-même, de l’autre. C’est ainsi que, pendant cinq ans, nous avons écrit sans cesse au président de la République d’alors, Me Abdoulaye Wade, et réclamé justice. À l’arrivée, nous n’avons reçu aucune réaction dans ce sens sauf de l’aide pour organiser trois manifestations pour le rappel à Dieu d’El Hadji Oumar Lamine Badji. Depuis lors, aucune aide ne nous est parvenue. Pis, pas la moindre action n’a été enclenchée pour montrer à l’opinion que justice serait rendue dans cette affaire.
Donc à qui profite l’omerta ?
Justement, c’est une très bonne question que tout le monde se pose ! D’ailleurs, c’est pour cela que nous interpellons aujourd’hui le nouveau président de la République, M. Macky Sall, pour lui demander de régler définitivement cette affaire. Parce que la justice a la possibilité d’activer la gendarmerie pour une continuation d’enquête afin d’achever ou de boucler le dossier relatif au lâche assassinat commis sur la personne de l’ancien président du Conseil Régional de Ziguinchor, EL Hadji Oumar Lamine Badji. Je profite aussi de l’occasion pour prendre l’opinion sénégalaise à témoin et lui demander de prendre date avec nous à partir de ce 30 décembre 2012 marquant le sixième anniversaire de la mort d’Oumar Lamine Badji. En venant au « Témoin », nous avions décidé de ne faire aucune révélation afin de laisser Madame le ministre de la Justice mener sérieusement le travail. Cela dit, nous ne pouvons pas, pour autant, ne pas apporter de la lumière sur la gestion du dossier pendant devant la justice depuis le lendemain de la mort de notre parent.
Vous parlez de lumière ! Cela signifie-t-il qu’il y a toujours des zones d’ombre dans ce dossier que vous voulez éclairer ?
Justement ! D’abord, la première partie de l’enquête confiée à la gendarmerie de Bignona n’est pas arrivée à terme… Il nous semble qu’il y avait des problèmes. Parce que le gendarme qui avait courageusement mené l’enquête avec beaucoup de professionnalisme arrêtant du coup de véritables présumés coupables a été muté ailleurs à notre grande surprise. Affecté dans le « Ndoukoumane », il a été envoyé en mission alors qu’il était sur le point d’arrêter l’un des cerveaux présumés de l’assassinat, qui était en cavale depuis le 06 février 2007 en Gambie. Et le comble dans tout cela, c’est la libération des personnes arrêtées dans cette affaire sans autre forme de procès, ce qui reste pour nous une zone d’ombre. En effet, s’il y avait un procès ouvert au public, nous aurions une petite idée de l’innocence des personnes libérées. Oumar Lamine Badji, selon les révélations faites par son fils depuis l’étranger, a parlé de menaces de mort dont son père a fait l’objet depuis qu’il occupait le fauteuil de président du Conseil régional de Ziguinchor.
Qui étaient les personnes qui l’auraient menacé ?
Toutes ces menaces ont été proférées par des adversaires politiques au sein de son parti, le Pds. Et de la part des animateurs de la tendance opposée à l’action d’Omar Lamine Badji. Ces menaces étaient réelles, vraies et vérifiables par de nouvelles enquêtes qui permettront de serrer l’étau autour des cagoulards que l’on pourrait démasquer parmi les nouveaux hommes forts de l’Apr et porte-étendards de la nouvelle coalition Benno Bokk Yaakar (Bby) dans le Bignona. Les auteurs et commanditaires de l’assassinat de notre parent se sont réfugiés dans l’Apr de Bignona. Des témoins formels au sein des dirigeants mêmes du Pds affirment que, lors de réunions politiques, Omar Lamine Badji était menacé de mort. Et publiquement ! À notre avis, l’enquête pourra vérifier ces allégations autour de ces responsables qui sont maintenant éparpillés entre les deux partis à savoir l’Apr et le Pds. C’est la seule voie de salut qui permettra de voir la vérité éclater un jour.
Autres révélations que nous avons glanées au cours de ces six ans auprès de personnes neutres ou faisant partie des deux tendances, à savoir celle animée par feu Oumar et celle d’Abdoulaye Badji, il y avait des problèmes nés à la veille de la présidentielle de 2007 entre ces deux protagonistes politiques. Le premier nommé était le Secrétaire Général de la Fédération Pds de Bignona tandis le second voulait le supplanter à ce poste. Il y avait de sérieuses dissensions entre les responsables des deux tendances lors de la tournée du directeur de campagne de Me Wade en 2007. Pour cette tournée, des moyens auraient été remis au challenger d’Omar Lamine Badji. Cherchons à comprendre pourquoi ce dernier a-t-il reçu les moyens du parti pendant qu’Omar Lamine Badji devait se contenter de gérer la frustration de ses hommes jusque dans le cortège qui a conduit le directeur de campagne de Me Wade dans les rues de Bignona. Les observateurs de cette scène ont vu Oumar auprès du directeur de campagne en question. Ils l’auraient aussi entendu demander à l’homme que Wade s’était choisi pour cette campagne présidentielle de le suivre afin d’éviter le pire ce jour-là. Qui va nous dire exactement ce qui se serait passé si Omar Lamine Badji avait refusé de « courber l’échine » ce jour afin de sauver cette cohésion de façade du PDS à la veille de la présidentielle de 2007 à Bignona ? L’autre camp a alors savouré sa victoire car le sphinx s’est plié à la seule volonté du directeur de campagne de Wade de placer ses hommes à l’occasion de cette mémorable tournée de pré-campagne électorale. En fait, il y a tant d’autres révélations que « Le Témoin » ne pourrait pas toutes les sortir, faute d’espace ! Parce qu’entre autres, Me Wade avait promis une maison à la famille le jour des obsèques. Je vous révèle que la maison « si petite » est toujours en… chantier.
Quel message allez vous lancer à l’ancien président Wade depuis sa retraite politique en France ?
À l’occasion du sixième anniversaire de la mort d’Oumar Lamine, nous demandons à Me Abdoulaye Wade de faire revenir ses techniciens en construction de bâtiments à Sindian afin d’achever la maison qu’il avait promise à notre famille. Une maison qui a englouti plusieurs millions fcfa alors qu’elle est toujours en chantier. Certaines indiscrétions avanceraient même un montant de 100 millions fcfa. Est-ce que c’est cela le respect qu’on manifeste à une famille meurtrie ?
Êtes-vous optimistes quant à un dénouement judiciaire de cette affaire avec l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir ?
En ma qualité de Coordonnateur de l’anniversaire et en tant que frère du défunt, je reste sceptique quant à la suite qui sera donnée à cette affaire. Mais nous ne voulons pas lancer ici d’ultimatum aux tenants du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire pour leur demander que justice soit rendue avant décembre 2013. Seulement, les signes avant-coureurs montrent que nous prenons notre mal en patience car, depuis l’avènement de ce Benno Bokk Yaakaar, plusieurs dossiers ont été exhumés pour que justice soit rendue mais nous n’avons jamais entendu parler de l’assassinat d’Oumar Lamine Badji par les nouvelles autorités. Nous pensons que tous les hommes épris de justice, sans oublier les Ong, lutteront avec nous pour que le dossier d’Omar Lamine Badji connaisse son épilogue en cette année 2013…
Propos recueillis par Pape Ndiaye
« Le Témoin » N° 1109 –Hebdomadaire Sénégalais ( JANVIER 2013)
La rédaction
SOURCE: LERAL