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13 morts et 7 blesses, tous des exploitants forestiers, coupeurs de bois; c’est le triste bilan d’un «carnage» survenu, avant-hier samedi, dans la forêt de «Bayotte» et perpétré par une quinzaine d’individus lourdement armés. A la recherche de bois dans cette forêt, ces coupeurs de bois ont été arrêtés, rassemblés puis froidement abattus par des hommes armés qui se sont fondu dans la nature. L’armée, fortement déployée sur les lieux, a aussitôt enclenché la traque aux auteurs encore non identifiés de ce carnage qui a fini par plonger la région dans la tristesse et la consternation. Le seul journaliste-reporté présent sur les lieux, Ignace Ndeye de Sud Fm, (Groupe Sud Communication) retrace le film horrible de ce drame.
C’est un véritable carnage qui est survenu avant-hier, samedi 6 janvier dans la forêt de «Bayotte», vers Bofa, lorsque des individus lourdement armés ont froidement exécuté des exploitants forestiers, tuant 13 personnes et blessant 7 autres qui seront évacués à l’hôpital régional de Ziguinchor. Images insoutenables de l’évacuation des corps à bord de charrettes jusqu’à Brofaye Baïnouk. Des corps criblés de balles, des corps calcinés de ces coupeurs de bois dont certains ont été égorgés, ont été d’abord acheminé à Brofaye Baïnouk, à quelques encablures de Mpack, village frontalier avec la Guinée-Bissau.
Les corps sans vie ont été ensuite évacués par les Sapeurs pompier à l’hôpital régional de Ziguinchor où le balais des autorités s’est poursuivi jusque tard dans la soirée. Et le gouverneur de région, Guedji Diouf qui conduisait une forte délégation au chevet des blessés, a laissé entendre que cet incident ne va en rien torpiller le processus de paix. «Les auteurs de cet acte ignoble seront traqués et remis à la justice…», a déclaré le chef de l’exécutif régional au chevet des blessés internés au service des urgences de l’hôpital régional.
Le maire de Boutoupa Camara Counda, localité voisine à Brofaye, très émue, a regretté de tels actes avant de s’incliner devant la mémoire des victimes. Pendant ce temps, l’armée qui a bien géré la situation s’est fortement déployée dans la zone pour traquer les auteurs de ce «carnage».
S’il est difficile d’identifier les auteurs de ce «carnage», il reste que les langues se délient dans la capitale du Sud sur cette affaire de jeunes membres du Comité de surveillance de la forêt dont certains membre ont été récemment condamnés pour coups et blessures. Un feuilleton qui alimentait l’actualité ces dernières semaines et que certains essaient de lier à ce massacre de forestiers survenu ce samedi dans la forêt de Bayotte.
Un drame qui a également exhibé les difficultés de la morgue de l’hôpital régional de Ziguinchor dépassée qui ne pouvait accueillir les treize corps dont on était obligé de déposer certains dans des morgues des mosquées de la ville et du camp militaire de Ziguinchor. En attendant les résultats de l’enquête déclenchée par la gendarmerie et les résultats du ratissage de la zone par l’armée, Brofaye Diola, Brofaye Baïnouk, Toubacouta… et Ziguinchor, attristés par ce carnage qui a fait 13 morts, s’interrogent sur les mobiles de ce «crime odieux» en série qui a fini de plonger toute une région dans la tristesse et la consternation.
AMADOU DIALLO, UN DES BLESSES ET RESCAPES : «Des hommes armés encagoulés nous ont rassemblés d’abord avant de déverser leur chargement d’arme sur nous»
Un des blessés et rescapés de cette «barbarie», interné à l’hôpital régional de Ziguinchor, retrace le film de l’horreur. «Nous avons été arrêtés par des hommes armés encagoulés qui nous ont rassemblés d’abord avant de déverser leur chargement d’arme sur nous. Après, ils nous ont laissé sur place pensant que tout le monde était mort. J’ai attendu qu’ils s’éloignent pour me relever avec mes blessures et m’échapper, laissant derrières mes frères morts, sauvagement abattus par ces individus armés qui nous ont signifié que c’est à cause de l’arrestation et l’emprisonnement des jeunes qui assuraient la surveillance et la protection de la foret qu’ils nous tuent…», lâche Amadou Diallo déboussolés aux mains des soigneurs.
APRES LE CARNAGE, LES POPULATIONS S'INTERROGENT
Même s'il est difficile de lever le voile sur l'identité des assaillants de ce massacre survenu avant-hier, samedi 6 janvier 2018, dans la forêt du Bayotte qui a fait 13 morts et 7 blessés, la thèse d'un règlement de compte est de plus en plus agitée par certains observateurs avertis du processus de paix en Casamance. Si, pour certains, la piste rebelle est à exclure, pour d'autres, il faut surtout orienter les regards vers les fossoyeurs de la paix. Ils s'appuient surtout sur le fait que l'arrestation et la condamnation, pour coups et blessures, de certains membres du Comité villageois de surveillance et de protection de la forêt (comité qui regroupe des villageois de cette zone qui se sont érigés en sentinelles dans la forêt) qui avait suscité colère et frustrations chez les populations de la zone de Toubacouta, localité située dans l'arrondissement de Niassya.
Il se murmure de plus en plus que la tension était latente dans la zone, surtout que des menaces et autres mise en garde étaient déjà lancées aux coupeurs de bois. Et, les témoignages de certains blessés, sur le message on ne peut plus révélateur des assaillants, peuvent conforter une telle thèse. «Vous vous êtes frottés à nous, vous nous avez attaqués. Aujourd'hui, on prend notre revanche...», à laissé entendre un blessé dans son lit d'hôpital. Les membres du comité inter-villageois pour la surveillance de la forêt avaient décidé de surseoir à leurs activités de veille dans cette forêt.
En retournant dans la forêt après la condamnation de quatre membres du comité inter-villageois, ces exploitants forestiers ont-ils fait les frais d'une vengeance ? Les hommes armés ne se sont-ils pas sentis narguer par ces coupeurs de bois ? Autant d'interrogations agitées dans la capitale du Sud au lendemain de ce «carnage». Bref, aujourd'hui, l'on s'interroge surtout sur les raisons de «cette tuerie» assimilable à une «boucherie», des corps calcinés, des corps criblés de balles et même des victimes égorgées. C'est à se demander ce qui a poussé ces hommes armés à cette extrémité.
Mais, lorsque certaines informations font état d'usage d'armes très sophistiquées comme les AK47, il y a de quoi s'interroger sur l'équipement de ces hommes. Difficile de penser alors que c'est un simple villageois qui peut disposer d'un tel armement. Les conflits armés sont souvent adossés à une économie de guerre. Et, cette question de l'exploitation de bois reste un enjeu capital dans certaines zones forestières de la région sud. La forêt est en proie à une exploitation abusive que même les agents des Eaux et forêts, sous équipés, sont incapables de stopper.
Pour l'heure, les langues se délient sur les auteurs de ce drame. Les enquêtes enclenchées par la gendarmerie nous édifieront certainement sur l'identité des assaillants. En attendant, l'armée fortement déployée dans la zone poursuit la traque des auteurs de ce carnage qui ont semé tristesse et désolation dans une région sous le choc et qui a passé toute la journée du dimanche à enterrer ses morts.
SOURCE:http://www.sudonline.sn/13-personnes-froidement-executees-par-des-bandes-armees-_a_37787.html