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Dakar à ses nouveaux symboles. Ils s’appellent monument de la renaissance africaine, place du souvenir africain, place du millénaire, «corniche la plus belle de l’Afrique»… Dakar se fait de plus en plus belle, avec des pavages jusque dans les quartiers dit populaires. Pendant ce temps, l’on peine à entretenir certains monuments historiques qui sont laissés décrépitude. L’image qu’affichent la place de l’indépendance et le monument de l’indépendance laisse à désirer. Leur aspect actuel est indigne d’un symbole national. Une situation que déplore la population Dakaroise qui estime que ces endroits sont des symboles que les autorités n’ont pas le droit de négliger.
Depuis l’allée du Centenaire se dresse une majestueuse sculpture qui pointe vers le ciel : le monument de l’indépendance. Implanté au cœur de la place de l’Obélisque, l’endroit était jadis d’une beauté extraordinaire.
Le Monument de l’indépendance en décrépitude
Aujourd’hui, ses murs sont lézardés de partout, sa laideur sans commune. L’endroit est clos. Sa porte trouée de partout. Les fils sur lesquels étaient accrochées des lampes qui illuminaient pendant la nuit le fronton sur lequel était inscrit la devise nationale : «Un peuple, Un but, Une foi» sont déchiquetés de partout, pendus au dessus de la porte. La devanture broussailleuse ne serre plus qu’à un urinoir pour les passants. L’odeur infecte qui s’y dégage repousse les passants de la porte. De cet endroit, il ne reste que le symbole. Un symbole désacralisé depuis belle lurette. Des taxis stationnés de gauche à droite au bon soin des laveurs de voitures, des enfants qui jouent au foot, ou des groupuscules de jeunes gens qui prennent l’air, ou encore des moutons qui se promènent tranquillement, forment le décor quasi-quotidien de ce lieu.
Ce qui ne dérange pas, outre mesure, certains. D’autres par contre ne comprennent pas cette négligence des autorités.
Oumar, un habitué des lieux, dont le passe-temps favori est de venir s’installer convenablement sous les arbres qui entourent le monument de l’indépendance et lire son journal sans que personne ne vienne interrompre sa tranquillité, est de ceux-là. «Cela fait longtemps que je fréquente cet endroit. Je m’y plais bien, mais je trouve qu’il est trop sale pour un endroit marquant de notre pays» se désole t-il. Pour lui, le gouvernement ou la mairie doit plus se soucier de ce genre d’endroits qui ont fait l’histoire du Sénégal. «Je pense qu’il ya une volonté de la mairie de donner un nouveau visage à la capitale. C’est bien beau des paver les rue de Dakar, mais il ne faut pas oublier ces places. Elles constituent notre fierté» dit-il. Alioune abonde dans le même sens. «La beauté d’un pays passe d’abord par la beauté des monuments symboliques, le respect des autres à l’égard du pays en dépend». Lui est commerçant et aime venir passer du temps avec ses compagnons à la place de l’Obélisque. «La plupart du temps, dit-il, je viens compléter mon travail ici au calme, loin du bruit et des yeux».
La place de l’indépendance, refuge des Sdf
La place de l’indépendance dont le nom est connu à travers le monde, est tout aussi mal entretenue. Elle passerait presque inaperçue à cause de l’insalubrité «inqualifiable» qui y règne. La majeure partie des lampadaires devant éclairer les lieux ne marche plus. Des herbes sauvages parasitent le gazon d’une verdure douteuse. Les bancs se comptent du bout des doigts et les ordures polluent l’atmosphère. Aujourd’hui, si la place de l’Indépendance ne sert que de raccourci pour traverser la grande rue, personne n’y vient pour se divertir, sinon ceux qui demandent l’aumône et les sans domicile fixe (Sfd) qui squattent les lieux.
Cet endroit était, pourtant, très bien entretenu et accueillait même des expositions artistiques et des minis foires commerciales. Aujourd’hui, les passants ne cessent de ruminer leur colère après l’avoir traversé. «Le pays est à l’image de son dirigeant», peste Gorgui, trouvé sur place. Face aux ordures qui trainent partout, l’odeur putride qui s’y dégage et l’absence de bancs publiques (ceux qui y étaient implantés se gâtent un à un), il ne mâche pas ses mots, n’utilise pas non plus de gants pour dire le fond de sa pensée. «Le régime précédent faisait mieux que celui-ci. Eux au moins, ils avaient mis en place une équipe de surveillance et de nettoyage. Mais le régime actuel préfère paver des rues, oubliant cet espace qui fait notre fierté», dit-il. L’état de la place de l’indépendance est «inacceptable», selon nombre de passants interrogés qui espèrent une plus grande considération de la part de l’Etat à l’endroit de ce lieu. Mais cette personne âgée trouvée sur place prend la défense des autorités et demande aux gens d’avoir plus de civisme. «Les populations sont les premiers responsables de l’état dans lequel se trouve la place de l’Indépendance. Les ordures sont jetés à tout bout de champs, non pas par l’Etat, mais par les gens, ceux-là même qui critiquent». Néanmoins, il invite les autorités étatiques à revoir leur politique d’embellissement de la capitale Sénégalaise, en commençant par le commencement, c'est-à-dire là ou tout a commencé.
