APRES DES DIZAINES D’HEURES DE COUPURES DE COURANT Les émeutes de l’électricité embrasent Dakar, Thiès, Kaolack, Mbour et Mbacké

Depuis presque soixante-douze heures, il est impossible de disposer du courant pendant trois heures d’affilée. Dans beaucoup de quartiers, l’électricité est devenue un véritable luxe, auquel n’a droit que la petite classe des privilégiés de la République. Le peuple est constamment plongé dans le noir, sans aucun espoir de voir le bout du tunnel. Surtout que les autorités en charge de l’électricité, Karim Wade et ses services, semblent indifférentes aux événements puisque s’emmurant dans un silence d’enfer. Seulement, la coupe a fini par être pleine. Excédées par cette situation infernale et l’indifférence arrogante des autorités en charge de l’électricité, les populations de certains quartiers de la capitale sont spontanément sorties hier pour crier leur ras-le-bol. Et comme une fièvre contagieuse, les quartiers de Dakar ont succombé aux manifestations, les uns après les autres. C’est la Vdn et Ouakam qui ont donné le ton depuis avant-hier nuit, avant de reprendre de plus belle dans l’après-midi d’hier. Pendant plusieurs heures hier, les manifestants ont barré la circulation le long de la Vdn jusqu’à Yoff, en passant par le Cices. Ils ont brûlé des pneus, dressé des barricades pour obstruer les routes.
 
Mairie des Parcelles Assainies réduite en cendres

Les automobilistes étaient contraints d’emprunter des déviations. Même scène de colère sur l’avenue Bourguiba et dans les Sicap. Au niveau des Parcelles Assainies, de nombreux dégâts ont été causés par les manifestants qui ont complètement mis à sac les locaux de la Mairie, avant d’y mettre le feu. Les bureaux, le matériel, les ordinateurs, bref tout est parti en fumée. Même les véhicules n’ont pas été épargnés. Ils ont été calcinés. La municipalité dirigée par Moussa Sy a été sérieusement endommagée, avant l’arrivée des forces de l’ordre. Lesquelles ont été très débordées dans la soirée d’hier, à cause de la multiplicité des fronts qui ont éclaté dans tous les quartiers de Dakar. 

A Sacré Cœur où le ronronnement des générateurs électriques fait désormais partie du décor habituel des lieux, une foule de mécontents s’est ruée vers la villa du ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy, pour la saccager. La famille Sy n’a dû son salut qu’à la prompte intervention des forces de l’ordre qui se sont immédiatement dépêchées sur les lieux. Une chance que n’a pas eue l’agence Senelec de Yeumbeul (en banlieue dakaroise) qui a été incendiée par des manifestants. Ces derniers, dans leur furie, étaient sur le point de s’attaquer au commissariat de la zone, avant d’être repoussés. A Pikine, les populations se sont également fait entendre.

Même scénario à l’intérieur du pays plus particulièrement à Mbacké et Mbour ! Mais c’est dans la capitale de la Petite Côte que les émeutes ont été beaucoup plus violentes. On y a dénombré 27 foyers de tension. Les affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants ont été féroces. N’empêche, les jeunes sont parvenus à réduire en poussière l’agence Senelec de Mbour. 
H. B

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Déficit sans précédent de 214mw

Les interminables délestages qui, hier, ont fait sortir les populations de leurs gonds sont dus à un énorme déficit de production. Dans la journée d’avant-hier dimanche 26 juin, ce déficit s’élevait à 214 mégawatts, soit les deux tiers de la puissance de la Senelec (315 mégawatts). Ce qui constitue une première dans l’histoire de la Senelec, car cette barre n’a jamais été atteinte. Même du temps de l’affaire du mauvais fuel, le déficit était de 180 mégawatts. Mais entre dimanche et hier lundi, la situation a évolué et le déficit se situait à 120 mégawatts. Ce déficit s’explique par les problèmes de trésorerie que traverse la Senelec qui doit plus de 20 milliards de francs Cfa à son principal fournisseur de combustible. Le calvaire de ces derniers jours a été accentué par la grève de zèle du Sutelec.

Finalement, après plusieurs supplications des autorités, la Senelec a reçu 3 000 tonnes vendredi dernier et 2 000 tonnes hier lundi. Ces quelques tonnes ont permis d’éviter le black-out total vers lequel s’acheminait la société dirigée par Seydina Kane. Depuis vendredi donc, toutes les vannes de Senstock et de Oryx ont été ouvertes pour aider Sénélec. En présence de la Douane pour éviter la réédition du contentieux qui avait opposé en 2004 la Douane à Oryx. La situation ne devrait revenir à la normale qu’à compter du vendredi 1er juillet avec l’arrivée d’un bateau de 33 000 tonnes.

H.B

SOURCE: LAS QUOTIDIEN