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MBOUR - 6e jour d’audience du procès de Cheikh Béthio Thioune et coinculpés pics et répliques pour asseoir ou démonter les accusations

MBOUR - 6e jour d’audience du procès de Cheikh Béthio Thioune et coinculpés pics et répliques pour asseoir ou démonter les accusations

MBOUR - 6e jour d’audience du procès de Cheikh Béthio Thioune et coinculpés pics et répliques pour asseoir ou démonter les accusations

JUSTICE
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 La journée d’hier jeudi, sixième jour d’audience du procès du double meurtre de Médinatoul Salam, a démarré par une plaidoirie de Me Abdourahmane Sow, assurant  la défense d’Al Demba Diallo, avant les répliques de la partie civile et de la défense. Les accusés ont, par la suite, défilé à la barre pour faire part de leurs dernières considérations avant le verdict mis en délibéré pour le lundi 06 mai 2019. 

 

Pour Me Badara Ndiaye, «la défense a soulevé des exceptions. Je m’attendais à des exceptions de nullité. Elle contestent l’imputabilité des faits pour évoquer l’innocence de leur client». La robe noire charge la défense, parlant des éléments de surface, alors que le droit pénal puise dans l’intimité psychologique de l’accusé, ce qu’a fait le juge d’instruction. Le sensationnel et l’émotionnel sont présents, pour lui, dans ce procès. Il a tenu à désarticuler les arguments de la défense.

Me Ibrahima Mbengue, dégage la torture, parle de personnes en vie, le caractère mortel des charges. Selon lui, les victimes étaient en vie avant l’enterrement et des douleurs endurées, avant la mort,  par Bara Sow et Ababacar Diagne. La partie civile est aussi revenue sur les propos de Me Kane réfutant  l’acte de barbarie qui n’est pas défini dans le Code pénal comme une aggravation. Selon la partie civile, la fosse commune et l’absence de toilette mortuaire relève de la barbarie. Me Diallo lui parle du modèle de fusil, les grenailles sur le bras droit. «Ce raisonnement ne tient pas. Il n’était pas en légitime défense et son client avait l’intention de tuer».

«CHEIKH BETHIO, PROPRIETAIRE DE L’ARME DU CRIME, NE PEUT PAS ETRE BLANC COMME NEIGE»

Me Khassimou Touré, le coordinateur des conseils de la partie civile s’est ému des propos de la défense. A l’en croire, l’indécence et les propos entendus relèvent du  manque du respect de la mémoire des défunts. Selon lui, l’ordonnance de renvoi repose sur des faits et des personnes visées. Trois choses sont à retenir: l’autorité de poursuite, celle d’enquête et celle de jugement. Pour Me Touré, le «faisceau d’indices» brandi lundi dernier par le Procureur Youssoupha Diallo «a pesé lourd» et «vient à l’appui de l’accusation» dans ce dossier du double meurtre de Médinatoul Salam. A l’en croire, l’infraction de meurtre est constituée, «dans la mesure où Cheikh Béthio ne pouvait pas ne pas savoir» que Bara Sow et Ababacar Diagne ont été tués, sous ses ordres. Alors que les avocats de la défense ont réfuté cette thèse, Me Touré trouve qu’il existe «de charges suffisantes» à l’encontre du guide des Thiantacounes.

L’avocat reste convaincu que «Cheikh Béthio, propriétaire de l’arme du crime, ne peut pas être blanc comme neige. Le problème d’imputabilité ne peut pas se poser. Nous avons assisté à des délires intellectuels. L’opinion publique est avec nous. Le droit est avec nous. Il faut respecter la mémoire de Bara Sow et Ababacar Diagne», a plaidé Me Touré. Qui en appelle à «un peu plus de décence. Cela vaudrait beaucoup mieux pour tout le monde». Non sans dénoncer, en outre, la «lecture biaisée de la vérité médicale dans cette affaire». Au bout du compte, fait noter le conseil des familles des victimes, la défense n’a soulevé aucune exception et ne parle pas de la baisse des 3 milliards de réparation demandés. Ainsi, soutient-il, «vous ne pouvez ni les baisser, ni  les augmenter. Aucune observation n’a été  faite sur la partie civile aussi. Vous en prenez acte. On a fait des observations sur la défense».

YOUSSOUPHA DIALLO, PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE : «Tous les accusés ont reconnu ce qui est dit dans le réquisitoire»

Le Procureur Youssoupha Diallo, prenant la parole a répliqué: «Je préféré le privilège du parquetier, prendre la parole en premier. On se découvre et met à l’aise la défense et on l’assiste dans ce procès. Les plaidoiries du ministère ne sont pas dans l’oubli. Sur la responsabilité collective, les responsabilités individuelles sont situées pour les accusés. Tous ont reconnu ce qui est dit dans le réquisitoire. On insiste sur le véhicule, on a travesti les résultats. Le liminol a effacé l’Adn par les actions de la Gendarmerie. L’ordonnance du juge est complète et donne tous les éléments. Les accusés ont fait la diète pour demander justice, un droit à un procès dans les délais raisonnables, la justice est là. Un des accusés est absent, des éléments attestent son accusation».

AL DEMBA DIALLO POURSUIVI ENTRE AUTRES POUR RECEL DE CADAVRE : Me Abdourahmane Sow reconnait le délit et plaide l’acquittement de son client

Selon Me Abdourahmane Sow, par obligation, il est tenu de revenir sur un acte et de discuter de la responsabilité de son lient, et son intervention dans un contexte temporel. Pour lui, «Al Demba Diallo a dit à la barre, être dans un chantier et a entendu des cris. Il a couru pour s’enquérir de ce qui se passe. Il a vu une bagarre et a pris son gourdin, mais  a trouvé une porte fermée. Il trouve deux camps en train de se jeter des pierres». «Les témoins, pouvant être considéré comme  partie civile, disent, à en croire Me Sow, que l’intervention d’Al Demba est postérieure aux blessures.»

Sur l’arrivée du tracteur, «Bara Sow nous a demandé de partir, ont-ils soutenu. Le certificat de genre de mort précise la mort avant le jet de pierres. On ne saurait imputer la mort à son client. Son aveu sur le recel de cadavres est constant». Ainsi, il en conclut que la charge de la preuve fait défaut sur la participation d’Al Demba Diallo à la bagarre. Sa détention de 7 ans ayant couvert l’infraction, il a plaidé l’acquittement.

Maître Mamadou Guèye dira au tribunal: «vous êtes saisi des faits, la requalification et la disqualification vous incombe. Les arguments de Me Ibrahima Mbengue de la défense sur Bara Sow sont mal fondés. Les défenseurs dégagent les actes de barbarie et de torture pour parler de morts déjà enregistrés. On suppose que jusqu’à 22 heures, l’heure de leur enterrement, les victimes étaient vivantes».

LA DEFENSE PERSISTE DANS L’ABSENCE DE PREUVES ET DEMANDE L’ACQUITTEMENT

Me Moustapha Dieng n’a pas mis de gant pour attaquer le ministère public, qui dit ne pas aimer les répliques, lui imposant de prendre la parole en premier. Pour le conseil de la défense, cela montre que le Procureur est contre la loi car les répliques sont prévues par la loi. Il appartenait à l’accusation d’apporter les preuves des incriminations. Ses confrères de la défense ont abondé dans le même sens.

Selon Me Moustapha Dieng, chacun a de fait droit de proclamer sa foi et de dire toute sa déception à l’endroit du parquet. Il se console d’avoir en face des juges indépendants. Les Thiantacounes ont toujours alerté sur Bara Sow, un sujet paranoïaque. En plus, à l’en croire le ministère public n’a pas requis à charge et à décharge. Pour l’avocat de la défense, «il y a des gens tapis dans l’ombre qui veulent réduire à néant la foi des Thiantacounes. Mais, c’est peine perdue !» Il appelle à plus de considération pour la famille de Cheikh Béthio Thioune, qui cherche, dit-il, «à occuper ses disciples afin qu’ils ne s’adonnent pas à certaines pratiques». Mais, selon lui, face à tous ces efforts, au lieu d’un encouragement on essaye de le «nuire». L’avocat qui dit être au courant de beaucoup de choses déclare: «nous avons à cœur de préserver la paix publique dans notre pays».

S’adressant au juge Thierno Niang, il dira que «les infractions reprochées à Cheikh Béthio et Cie ne sont pas fondées. Le parquet n’a pas réussi à prouver la culpabilité des accusés. L’Etat de droit exclut la condamnation collective. Des arguments suffisants sont donnés par la défense. Je plaide pour la légalité républicaine. L’instruction est mal faite. Le dossier est simple, l’accusation n’apporte pas de preuve individuelle, il n’y a que des coups et blessures et pas de faits criminels. La liberté vous écoute. Nous demandons un jugement sans passion, ni faiblesse coupable. On n’a pas outrepassé notre mandat. Nous l’avons dit, la condamnation découle de preuves rapportées, discutées à la barre. L’accusation rejette les Thiantacounes, le ndigal est un acte individuel. Les 3 milliards ne seront pas donnés par un innocent».

«PAS DE PREUVE INDIVIDUELLE»

Son confrère Me Ibrahima Mbengue, le coordinateur des avocats de la défense, embouche la même trompète. «On cherche à briser le mouvement des Thiantacounes, on a tapé sur leur patrimoine et leur dignité… pour casser le mouvement, mais la bataille de l’opinion n’est pas importante. Depuis le début de l’audience on parle d’opinion, on n’est ni pour les passions, ni pour les humeurs. Le Sénégal nous écoute. La déception est venue du ministère public car voyant à travers des œillères,  avec un glaive à la main. Six jours d’audience, aucune preuve rapportée, des scellés et des projections ne justifient rien et ne rapportent rien… L’important est de dire le droit», a-t-il dit tout déplorant l’ordonnance de renvoi de Samba Ngom qui n’était pas sur les lieux devant le tribunal.

Me Abdourahmane  Sow  de la défense, après avoir le parquet, dira que «les carences des enquêteurs ne sont pas à combler par le tribunal. J’ai demandé l’arme. Les grenailles retrouvées, le calibrage des armes est fait, la balle tirée est prévue pour tuer des oiseaux. Je plaide le non-lieu». Me Sow ajoutera: «le tribunal n’est composé que de magistrats professionnels. Le tribunal va apprécier la demande des 3 milliards, pour la réparation, réclamés par la partie civile n’est pas du droit. Les défunts ne sont pas des parties civiles. Le parquet glisse sur la complicité par provocation. Le ndigël est une instruction. L’ordre supposé être n’a jamais été prouvé. Cheikh Béthio a toujours dit que personne ne le (Bara Sow) touche».

Me Bassirou Samb qui défend Mamadou Hanne, souligne que, partant des tests Adn, «le sang de Bara sur la charrette est sans équivoque, mais pas sur le véhicule de Mamadou Hanne. Il n y a rien dans ce dossier. Mon client n’était pas sur les lieux du crime. Personne ne parle de Mamadou Hanne. La responsabilité pénale est individuelle. Mon client est à relaxer».

Pour Me Abdou Daily Kane, «l’opinion publique ne juge pas. Un problème de droit se pose avec la participation de Demba Kébé. Il n’a pas donné de coups, il n’a pas enterré, il n’a pas tué. En matière pénale, les faits sont là, des éléments le disculpent. Qui avait intérêt à dissimuler le cadavre ? La culpabilité de Demba Kébé n’a pas été établie sur la base de preuves suffisantes. Je réfute la perpétuité contre Demba Kébé».

Me Mamadou Ndiaye de poursuivre que «la charge de la preuve n’est pas inversée, comme dans d’autres juridictions. La charge de la preuve revient au ministère public dans une affaire pénale, criminelle. On a dénoncé la culpabilité sur une  responsabilité collective, la preuve de la culpabilité de notre client n’est pas établie. Il y a eu mort d’hommes, qui est l’auteur de ces morts ? Le parquet ne le dit pas. Il doit apporter des preuves pour dire que Mohamed, mon client,  a donné des coups. La pluralité de coups, la pluralité d’acteurs, il faut fonder son intime conviction sur des éléments de preuve concertés et rapportés.»

CHAMBRE CRIMINELLE DE MBOUR, 6E JOUR DE PROCES DES THIANTACOUNES : Le verdict mis en délibéré, pour lundi prochain

Le verdict du procès du double meurtre de Médinatoul Salam sera connu ce lundi 6 mai. En attendant de connaître le sort qui sera réservé au guide des Thiantacoune, Cheikh Béthio Thioune et ses coinculpés poursuivis pour la mort de Bara Sow et Ababacar Diagne, le président de la Chambre Criminelle du Tribunal de Grande Instance de Mbour, le juge Thierno Niang, a clôturé la sixième journée d’audience de cette affaire sur des notes de remerciement et de satisfaction. Il n’a pas manqué de relever que, le long du procès, il a entendu des propos aimable à l’endroit de la Chambre criminelle et du Procureur de la République. Le magistrat s’est réjoui et félicité de l’organisation mise en place, de la participation des conseils, partie civile et défense. Ainsi il dira: «un procès doit se dérouler ainsi, pour la manifestation de la vérité. Je rassure tout le monde que la Chambre criminelle, par la législation en vigueur et par référence aux Codes (le code pénal et le code procédure pénale), va rendre une justice conforme.» Avant de mettre l’affaire en délibéré pour le lundi 6 mai prochain à 9 heures, le temps de tout. En attendant ce verdict, il a remercié ses assesseurs et les greffiers, les Forces de l’ordre, l’administration pénitentiaire et la presse.

DERNIERES CONFIDENCES DES ACCUSES, AVANT LE VERDICT

Cheikh Faye : «vous avez osé nous juger. On a fait 7 ans en prison. On a été privé de liberté pendant longtemps, je n’ai pas assisté à l’enterrement de ma mère. Je n’attends que la justice. Je maintiens mes propos…».

Pape Ndiaye : «je remercie tout le monde. J’attendais ce jour. Je n’ai jamais été tenté par l’évasion. Je souffre d’une maladie. Ceux qui m’ont accusé ne m’ont pas vu. J’étais venu prendre l’argent du carburant. Depuis que j’ai eu vent de l’interdiction de Bara Sow et compagnie à Médinatoul Salam, je ne les côtoyais plus…».

Ablaye Diouf : «L’intention était pour moi de faire rejaillir la vérité. On attendait ce jour depuis 7 ans 6 jours. Le Bon Dieu a fait qu’on soit là. On veut que justice soit rendue…»

Serigne Khadim Seck : «je présente des excuses. Bara était avec moi, Ababacar Diagne m’était méconnu. Je dispersais la foule. J’ai appris les écrits de Serigne Saliou Mbacké, que j’ai beaucoup servi, en prison…».

Samba Ngom : «je ne suis au courant de rien et je l’ai dit devant le juge et la Gendarmerie. On m’a confié un pistolet et je l’ai remis à un homme de confiance…».

Mame Balla Diouf : «j’ai tout fait pour éviter la bagarre, pour éviter d’autres morts. Nous avons déplacé les corps…»

Demba Kébé : «on ne s’est pas prononcé sur les longues détentions. On est tous estomaqué par l’oubli en prison. Mon avocat a tout dit. Le juge d’instruction a fait son travail dans des délais raisonnables…»

Mamadou Guèye : «je n’en fais pas partie…»

Aziz Mbacké Ndour : «je ne suis pas coupable des faits. Serigne Béthio est blanc comme neige dans cette affaire (excuse sur injonction du président sur la tentative de défense de du Cheikh)...»

Aliou Diallo : «je remercie le Bon Dieu. J’ai beaucoup appris en prison, je ne croyais jamais y être»

Al Demba Diallo : «j’ai appris en prison, malgré les difficultés...»

Momar Talla Diop : «On a fait des erreurs, on a suivi notre passion, personne ne nous a dit de tuer quelqu’un…»

Samba Fall : «j’ai un petit regret, nous qui nous bagarrions, nous ne sommes pas des inconscients, je ne nie rien. Les défunts sont sous terre. On doit s’excuser devant Serigne Béthio pour les fautes et erreurs répréhensives. On est de la même famille…»

Mohamed Sène : «on présente des excuses et on rend grâce au Bon Dieu…»

Adama Sow dit Dose : «j’ai vécu 22 ans derrière Béthio. Je rentre à la maison ou je retourne en prison, selon la volonté divine. Je m’excuse devant tout le monde…»

Serigne Saliou Barro : «je ne suis au courant de rien. J’ai amené un fusil et on m’a frappé toute une nuit pour m’extorquer des aveux…»

Aly Diouf : «des excuses à tout le monde. Seule la vérité va triompher…»

Mamadou dit Pape Hanne : «les 7 ans de prison relèvent de la volonté divine. Je n’ai fait aucun acte devant me conduire en prison. L’une de mes épouses a divorcé…»

Moussa Dièye : «après avoir présenté mes condoléances, je souhaite le paradis aux défunts. On croit à la justice et on s’excuse».

Samba Niébé BA

 

source: https://www.sudonline.sn/pics-et-repliques-pour-asseoir--ou-demonter-les-accusations_a_43807.html