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Jeu, Nov
dimanche, 22 septembre 2013 00:00

DANS LA CHALEUR DE LA NUIT GAMBIENNE «Sénégambia», voyage dans un bordel à ciel ouvert

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L'OBS - La «Sénégambia» est en haut de l’affiche pour ceux qui veulent festoyer et se donner du bon temps en Gambie. Large avenue d’un kilomètre ceinturée par des restaurants aux enseignes lumineuses et aguicheuses, l’endroit est un haut lieu du sexe et de trafic de drogue en tous genres.

L’homme semble marcher sur l’eau, Ibou Ceesay, le «Prince de la nuit» gambienne, s’avance vers son ombre. «C’est celui qui descend du véhicule, c’est le flambeur en chef», chuchote le sympathique habitué qui sert de guide. Le fantôme de la «Sénégambia» By Night, très fantasque bon viveur, descend d’un 4X4 clinquant d’extravagance qui ressemble à son port de Junky : jants dorés, des feux de toutes les couleurs pour émerveiller les suiveurs… Lui porte une casquette à l’envers, une grosse chaîne qui brille autour du cou, un tee-shirt XXL, un jean et des baskets Converse…

 N’en jetez plus ! Cette nuit-là, la «Sénégambia» le «Place to Be» gambien étale son bordel à ciel ouvert sur la chaussée, Ibou Ceesay jette ses dalasis (la monnaie gambienne) aux serveuses qui se précipitent pour apporter à manger et à boire abondamment pour la «cour du roi». «Aujourd’hui, je suis show show,  happiness», se réjouit-il, attablé dans ce restaurant couru. Personne ne saura ce qui le comble de joie.

Mais à «Sénégambia», une large avenue où tout Banjul, Sérékunda, Westfield se précipitent pour s’encanailler au bout de la nuit, il n’y a pas de place pour la tristesse. Ici, c’est Banjul qui ne dort pas et qui risque de se réveiller avec la gueule de bois. Tant la jeunesse gambienne et d’ailleurs s’enivre de bière, de bouffe speed et de filles de joie. La Sénégambie des peuples, tant chantée à travers les âges, vaste projet d’union entre la Gambie et le Sénégal, est partie en vrilles et elle apprend désormais à conjurer son sort sous la bannière du vice. Il est 20 heures, pour le moment, il n’y a pas de quoi se mettre sous la dent. Des couples, des membres d’une même famille descendent de bolides pour se payer à manger. Rien de grave. Même si un check-point des limiers filtre les entrées. Les chaînes de restaurant, plus scintillantes les unes des autres, rivalisent de lumières et d’ingéniosité pour attirer les clients. Ici, les noms sont ronflants, «Ali Baba Restaurant», «Little Havana», «Yasmina Restaurant», «Jackpot Royale», une salle de jeu très prisée par les touristes, des boutiques de luxe, «Paris mini-market», «Africa Queen», etc. Quelques enseignes ne s’allument pas encore, mais à l’intérieur. C’est le calme qui précède la tempête d’eau de feu qui risque de se déverser sur les lieux.

Aïda, la trentaine, vêtue d’un haut bleu qui met en valeur ses seins arrondis, un jean bleu et un sourire à dompter les mâles, guette ses proies masculines, attablée à l’intérieur d’un restaurant mi-ouvert, mi-fermé. Elle est attablée avec ses copines Moussou surnommée «Black queen», regards de biches, longs compas, et le teint «khéssalisé (dépigmenté)» à l’excès qui lui donne une allure d’actrice de Bollywood. Il y a aussi Khadidiatou dépourvue de charme qui se permet d’aller droit au but avec les mecs qui passent et repassent. «Hey ! Viens m’offrir à boire, après on va discuter», chante-t-elle aux passants. Vainement ou presque. Aïda qui totalise dix ans de métier dans le «sex-food» affiche une dent en or et un don de parler de «Sénégambia». «Il est 21 heures, vous n’avez encore rien vu. Le meilleur est pour la fin, quand les policiers vont lever le Check point, ce sera grave. Tous les restaurants aux lampes éteintes vont s’allumer et les concerts de salsa vont commencer», récite-t-elle dans un Wolof à l’anglaise. Et pourtant, le temps ne suspend pas son vol. Les minutes filent et des clients blancs n’hésitent pas à héler des filles pour les embarquer dans leurs véhicules. Certains n’hésitent pas à les appeler directement.

 

Le vieux toubab m’a dit : «Tu es une vraie vitamine.»

A la table où elle est assise, Moussou qui se satisfait d’avoir décroché un vieux toubab qu’elle a complètement fait flipper au lit, fait sourire ses amies. «Vous savez ce que le vieux m’a dit à la fin de notre partie de jambes en l’air : «Tu es une vraie vitamine», narre-t-elle dans un langage salace. L’on a beau se boucher les oreilles. Mais quand on entend cette fille d’une vingtaine d’années raconter crument ses ébats avec un vieux toubab, l’on ne manque pas de se pincer pour le croire. Alors qu’il y a quelques heures, la mosquée qui jouxte l’avenue «Sénégambia» débitait des versets du Coran. Mais, cette Moussou-là est d’une autre planète. Dans sa narration érotique et vulgaire, ses copines, vexées peut-être par tant de vantardise et d’extrapolations, se mettent à la flatter davantage. Et Moussou ne se retient plus de raconter les détails de son film interdit au moins de 12 ans qui déclenche un fou rire chez les filles. «Il m’a ensuite remis une enveloppe remplie d’argent. Le vieux toubab est très généreux et m’a promis une seconde séance. Je vais le tuer», sert-elle. Soudain, son portable grésille, elle laisse sonner, puis d’un air taquin dit à ses amies : «C’est le vieux toubab qui appelle, il n’a qu’à venir ici.» Finalement, c’est un chauffeur de taxi, un homme d’âge mûr, qui vient lui dire dans une langue Socé virile que son vieux n’attend qu’elle. Le temps file. L’horloge affiche 22 heures. Des hommes se mettent à table pour consommer de la bière «Youki» pour 25 Dalasis. Rasta au vent, teint noir, tee-shirt blanc, Ebrahima Manga s’assoit sans saluer les filles. Il commande une bière, regarde autour de lui et, d’un trait, vide le contenu de la bouteille. «C’est un vigile chargé de la sécurité du restaurant d’en face, quand les policiers vont lever le check-point, la sécurité privée va assurer la relève», raconte Aïda, toujours en quête de son premier client. La dame qui n’est pas vilaine pour un sou raconte son job, le plus vieux métier au monde auquel elle s’adonne. «C’est un métier difficile, on rencontre des gens qui sont bien dotés par la nature, d’autres qu’il faut vraiment exciter. On rencontre des poids lourds comme des poids légers. Je ne vous dis pas ce qu’on endure, c’est vraiment difficile comme boulot», confie-t-elle. Du monde s’en va, une autre foule se forme devant les restaurants. Un chassé-croisé qui n’en finit pas.

 

«Sénégambia», endroit idéal pour faire circuler de la drogue»

Minuit, levée du Check-point. Les policiers s’engouffrent dans un véhicule de service et démarrent en trombe. Les restaurants, jusque-là éteints, s’allument. Les décibels de musique tonnent désormais dans plusieurs coins de «Sénégambia». Les clients «sérieux» sont tous pratiquement partis. Quelques rares touristes curieux et «amateurs d’herbe» restent pour s’approvisionner. Ici le marché du chanvre indien est florissant. «Tous ceux que vous voyez en train de consommer dans les restaurants ne viennent pas que pour manger, certains ne sont intéressés que par le chanvre indien et le lieu est l’endroit idéal pour faire circuler de la drogue», certifie un agent de la sécurité d’un restaurant. Eux, ne peuvent que constater les dégâts. Difficile cependant de vérifier l’information. Seul constat : les va-et-vient incessants dans de sombres allées de cette vaste avenue d’un kilomètre encerclée par des restaurants et des commerces de toutes sortes. La nuit bat son plein, l’endroit grouille désormais d’un monde fou venu de tous les coins. Des groupes de salsas aux noms creux se produisent sans trop convaincre. Mais l’essentiel est ailleurs. Les couples s’entrelacent sur fond de musique cubaine. La bière coule à flots et des dérapages ne manquent pas. Moussou est revenue de son escapade amoureuse avec son toubab ; Aïda tombe dans les bras d’un homme ; alors que Khadidiatou se laisse toucher par un mec qui file vers la route distante de 150 mètres en direction des taxis stationnés. «Sénégambia» est gagné par les effluves de l’alcool, l’endroit pue l’eau de feu. Il est 2 heures du matin, «Sénégambia» vient de démarrer sa nuit longue et agitée. Ibou Ceesay, le «Prince de la nuit» gambienne est parti sans qu’on s’en aperçoive. Il a laissé derrière lui le manteau de la nuit habiller les dernières beuveries et les derniers soupirs de joie d’une jeunesse qui noie son «spleen» dans la bouteille et le sexe. Messe de requiem pour la «Sénégambia»…

MOR TALLA GAYE (Envoyé spécial en Gambie)

 

Les hôtels et motels, le bordel est dans le sexe

Le plus «hard» du bordel sexuel en Gambie se trouve dans les hôtels et motels miteux de Westfield, Sérékunda et Banjul… A longueur de journée, le marché du sexe carbure à volonté. Des chambres de passe abordables, de la discrétion garantie, car le plus souvent ces motels sont nombreux à l’intérieur des quartiers et donnent un large éventail de choix aux clients du sexe. Et là où le bât blesse, parfois de jeunes filles sont obligées de tomber sur toutes ces scènes d’hommes et de femmes qui entrent et sortent. Car la plupart des motels sont des propriétés familiales. Et c’est comme si l’Etat gambien ne fait rien pour contrôler ces établissements hôteliers qui nuisent considérablement au tourisme de ce pays. «Ces propriétaires de motels payent des montants faramineux à l’Etat gambien, ce n’est pas dans l’intérêt des autorités de fermer ces établissements qui ne remplissent aucune condition du point de vue sécuritaire et des commodités de séjour», regrette un professionnel du Tourisme.  

M.T.G (Envoyé spécial en Gambie)

source: http://www.gfm.sn/dep-societe/item/5602-dans-la-chaleur-de-la-nuit-gambienne-senegambia-voyage-dans-un-bordel-a-ciel-ouvert.html

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