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Le soutien que la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a apporté à Khalifa Sall semble ne pas emporter l’adhésion de l’Association des maires du Sénégal (Ams). En effet, à travers la lettre-réponse que voici, avec ampliations à différentes autorités de la République, Aliou Sall et Cie reprochent à l’édile de la capitale française de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain alors que les hommes politiques sénégalais ont toujours fait montre de réserve pour des dossiers judiciaires impliquant des personnalités de part et d’autre de la Seine, comme celui relatif au scandale des Hlm de Paris qui avait éclaboussé la droite chez Marianne.
Monsieur Aliou SALL
Dakar, le 02Janvier 2018
Président de l’Association
des Maires du Sénégal
Madame Anne HIDALGO
Hôtel de Ville de Paris
Place de l'Hôtel de Ville
Madame le Maire,
Une certaine idée de la République et des principes sacrés qui fécondent son esprit et son intangibilité m’imposent, en ma qualité de Président de l’Association des Maires du Sénégal (AMS), le devoir de vous saisir suite à la maladroite ingérence de votre part relative à un dossier pendant en justice au Sénégal.
Respectueux du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs et de la souveraineté des Etats, je me fais l’écho, du sentiment des Maires du Sénégal qui constatent que cette prise de position inédite a installé un malaise réel dans l’esprit des élus.
Cette intrusion s’avère bien plus sérieuse qu’un simple dérapage verbal en décalage avec la hauteur et la densité auxquels l’écosystème politique est tenu. Un maire ne peut se soustraire aux précautions oratoires et s’auto proclamer « Procureur ».
Aucune personnalité politique, ici au Sénégal, ne s’est jamais prononcé sur des décisions émanant de la justice française, quand bien même il s’est agi du dossier d’emplois fictifs à la Mairie de Paris qui a conduit à la condamnation de hautes personnalités.
L’onction électorale et la légitimité du suffrage universel ne donnent à aucun élu un blanc-seing, qui lui garantit une immunité judiciaire, ou le soustrait de facto à l’obligation de la reddition des comptes et de l’imputabilité.
Le Sénégal est un pays ouvert et démocratique, dont l’armature est constituée de solides institutions tenues par des Femmes et des Hommes de compétence et de conviction, dont la bonne gouvernance constitue l’épine dorsale. Le Sénégal c’est aussi une justice indépendante, non sélective, qui reste imperturbable face aux vociférations outre atlantique, aux agitations politiques et pressions multiformes dont les motivations sont de tous connues.
En conclusion, je vous renouvelle mon attachement au respect que nous nous devons mutuellement en tant que collectivités locales d’égale dignité, je vous rappelle la sérénité et l’esprit de responsabilité qui doivent être convoqués, même au milieu des tourbillons qui, par nature, sont passagers, pour ne pas entraver le travail des Institutions judiciaires auxquelles nous devons faire confiance.
Une justice républicaine et impartiale au service d’une gouvernance moderne de rupture est le socle de notre émergence, vous devez nous y accompagner à l’instar de la coopération exemplaire que nous entretenons avec la France et avec les Maires de France.
Le devoir de solidarité vis-à-vis de nos collègues, quand ils trébuchent sur les travers de leur municipalité, a des limites objectives que la raison nous empêche de franchir et que le serment sacré nous interdit de violer.
Aliou SALL
Ampliations :