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Thèse de doctorat d’Etat : Mamadou Fall apporte de nouvelles hypothèses sur l’histoire de la Sénégambie
L’historien Mamadou Fall a soutenu, le 30 mai 2014, avec brio, une thèse de Doctorat d’Etat. Les travaux ont porté sur « Terroirs et territoires dans la formation de l’espace régional ouest-africain ». Il s’est intéressé aux dynamiques locales comme espace de vie et de culture.
Le jury a été unanime. Le travail que lui a soumis Mamadou Fall pour l’obtention de son Doctorat d’Etat ès Lettres est du « béton ». De ce point de vue, il mérite largement la mention très honorable. Le jury était composé des Pr Boubacar Barry, Abdoulaye Bathily, Catherine Coquery-Vidrovitch, Bouba Diop et Patrick Manning de l’université de Pittsburgh.
Dans sa thèse, Mamadou Fall a démontré que, contrairement à une idée avancée qui consiste à faire l’histoire par le haut, à travers les structures de l’Etat, les institutions publiques, il y avait une manière d’approcher l’histoire à partir du bas en mettent en avant les peuples, leur vie quotidienne. « Jusque-là, l’historiographie a mis en avant une approche par le haut à travers les dynasties, les Etats, en oubliant que la base de l’histoire est à retrouver chez les peuples dans leurs dynamiques quotidiennes, leur vie de tous les jours, leur évolution, dans leur identité, leurs structures, mais aussi dans les mouvements globaux qui ont permis à ces peuples de configurer leur espace de manière spécifique », déclare-t-il.
En effet, depuis 1950, l’historiographie de l’Afrique de l’Ouest est comptable d’une production de haute facture depuis Abdoulaye Ly et les excellents travaux de l’Ecole de
Dakar que représentent bien Boubacar Barry, Abdoulaye Bathily et Bouba Diop. Mais ces travaux ont, pour l’essentiel, insisté sur l’histoire politique, celle des dynasties wolof, soninké, sérère ou mandingue et leur connexion avec le monde Atlantique à partir du 15ème siècle. Du coup, beaucoup de questions sont restées sans réponses. Par exemple, comment identifier les instances de pouvoir et définir les identités collectives à partir d’un vocabulaire géopolitique allogène ? Comment dépasser la bibliothèque coloniale sans la renier ? Comment replacer l’histoire de l’Afrique au cœur de l’histoire mondiale et non dans ses marges ? A quoi correspond le royaume en Afrique de l’Ouest ? Etc. Ce sont ces questions, au nombre de treize, que Mamadou Fall s’est posé dans les 60 chapitres de cette thèse. Et il a abouti à 13 résultats provisoires qu’il a documentés avec des archives, des témoignages, des représentations graphiques ou des vestiges de la culture matérielle.
Ainsi, il est parvenu à démontrer que la tradition orale, comme les descriptions européennes, permettent d’insérer tous les terroirs de la Sénégambie dans un cadre géographique intégré. Du 10ème au 20ème siècle, dans l’espace ouest-africain, le terroir est l’identité collective la plus générale, la plus homogène, la plus répandue, la mieux vécue. C’est aussi la dynamique sociale la plus vivace et la mieux documentée par les populations elles-mêmes à travers leurs langues, leurs rites, leur imaginaire et la configuration de leur espace. Son directeur de thèse, le Pr Abdoulaye Bathily, a qualifié la thèse de Mamadou Fall de « travail immense qui a le mérite de présenter de nouvelles hypothèses très intéressantes sur l’histoire de la Sénégambie ». Il s’est félicité de la volonté de l’auteur de toujours ouvrir de nouveaux chantiers par des travaux qui attestent de sa réflexion originale. Quant au Pr Boubacar Barry, président du jury, il a salué un travail « remarquable et solide à tout point de vue ».
Elhadji Ibrahima THIAM
SOURCE /http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=40354:these-de-doctorat-detat-mamadou-fall-apporte-de-nouvelles-hypotheses-sur-lhistoire-de-la-senegambie&catid=140:actualites