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Rien ne s’est passé comme d’habitude. Le mariage entre deux hommes dont un Sénégalais venu spécialement du Maroc a été célébré à Creil dans des conditions inhabituelles. Le jour du mariage, la mairie de Creil avait des airs de Fort Alamo pour éviter la présence des médias et d’éventuelles manifestations.
Ils se sont dits « Oui ». Un Sénégalais a pris légalement pour époux un Français, samedi 12 juillet 2014, à la mairie de Creil (50 km de Paris). Située sur une bande de terre bercée par deux bras du fleuve l’Oise, la mairie de Creil se trouve sur l’île Saint-Maurice. Pendant les jours précédant le mariage, la municipalité est restée très discrète sur les préparatifs administratifs.
A événement exceptionnel, une organisation exceptionnelle. En effet, pour la première fois en France (et certainement aussi dans l’histoire du Sénégal), un Sénégalais de 30 ans est venu en France dans le seul but de se marier avec un Français de 65 ans de même sexe. Pour plusieurs raisons, ce mariage n’a pas été comme les autres.
A Creil, les mariages sont généralement célébrés à la mairie tous les samedis entre 14h et 16h. Mais la règle tacite n’a pas été respectée cette fois- ci. C’est contre toute attente que les deux hommes se sont présentés à la mairie à 11h pour officialiser leur union devant la loi française. Sur les raisons de l’horaire mariage avancé, Pierrick White du cabinet du maire, fait savoir que « c’est une demande qui émanait des époux ».
Dispositif inhabituel
D’après Ludovic Lascombe, journaliste à Oise Hebdo, « l’autorisation du mariage homosexuel a créé en France une forte cassure au sein de la société. Dans une ville comme Creil avec de fortes communautés religieuses, tout le monde n’est pas prêt à accepter cela ».
Pourtant Bineta Diallo, une française d’origine sénégalaise, trouve que les homosexuels ont le droit de se marier, en France. «Qu’on les laisse tranquille. De toutes les façons, on ne peut pas faire autrement que de se plier à la loi ».
En effet, même les institutions se doivent de respecter la loi, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur qui n’a pas voulu délivrer de visa d’entrer en France à l’homosexuel sénégalais. C’est la loi française du 17 mai 2013 qui ouvre le mariage aux couples homosexuels. Elle prévoit que si l’un des époux est ressortissant d’un pays interdisant ces unions, le mariage ne peut être célébré par les autorités diplomatiques et consulaires françaises mais doit avoir lieu en France.
Le Sénégalais, après avoir été un sans-papier en France en 2010, a quitté le territoire français puis s’est installé à Casablanca (Maroc) où il vivait avec le Français depuis quatre ans. Ils ne pouvaient pas se marier au Maroc où l’union entre deux personnes de même sexe est interdite. C’est ainsi que peu de temps après l’entrée en vigueur de la loi, le Sénégalais avait entamé les démarches administratives pour épouser son compagnon.
Après avoir eu un refus du Consulat français de Casablanca de lui octroyer un visa court séjour pour venir se marier en France, et vu son appel en urgence rejeté par le Tribunal administratif de Nantes, le Sénégalais avait saisi le Conseil d’Etat.
La plus haute juridiction administrative française lui a donné raison en début de semaine dernière en ordonnant au ministère de l’Intérieur de lui délivrer un visa sous 24h et de lui verser 5.000 euros, soit environ 3.200.000 FCfa.
Jurisprudence
D’après le journaliste Ludovic Las- combe, « la décision favorable du Conseil d’Etat va faire l’objet d’une jurisprudence sur les mariages homosexuels mixtes ». Du côté des autorités françaises, on craint une utilisation du mariage homosexuel comme une filière d’immigration déguisée. Dans le marché bihebdomadaire de Creil, certaines réactions vont dans ce sens.
Bertrand, vendeur de tissus, prévient qu’il est « pour les mariages mixtes car étant lui même marié à une camerounaise ». Mais le jeune vendeur est « contre le mariage homosexuel », avant d’ajouter que si cela peut permettre au « gars (le Sénégalais, ndlr) d’avoir des papiers français, c’est bien. Au vu de la différence d’âge (35ans), le gars est venu chercher des papiers ».
Tout le contraire de Dominique, son voisin. Très enthousiaste, il pense que « c’est formidable que ce mariage puisse avoir lieu ». Le jugement est plus sévère à la résidence universitaire de Creil située à la rue Verdun. Elle abrite une forte communauté sénégalaise. Sous anonymat, un jeune étudiant sénégalais de 21 ans en licence de comptabilité se désole de la tenue de ce mariage car il « ne cautionne pas les actes contre-nature ».
Pendant ce temps-là, c’est discrètement que les nouveaux époux ont quitté la mairie de Creil après la cérémonie.
Le Soleil
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