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Dim, Déc

Sénégalaises :NORLEVO, MA «COPINE» APRÈS LE SEXE !

SANTÉ & ENVIRONNEMENT
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Pilule contraceptive d’urgence, NorLevo, comprimé de 1,5mg vendu dans une boîte à 1, est le nouveau médicament secret des jeunes filles sénégalaises. Utilisée après un rapport sexuel non protégé ou à risque, la pilule serait consommée aujourd’hui par presque 50% des filles qui ont atteint ou dépassé l’âge de la puberté, sans époux ou divorcées. L’Observateur a mené l’enquête ! Son histoire est à faire rire le…mâle, mais elle couche sur le divan de la société sénégalaise toutes les tares sexuelles de la nouvelle «Génération NorLevo». «Un soir, raconte Aïcha, j’étais partie voir mon copain à Ouagou Niayes. Il m’a entraînée dans sa chambre. On a discuté pendant un moment et puis j’ai été comme poussée par une force surnaturelle. J’ai subitement été envahie par une grande pulsion. Je me suis approchée de lui. Il y a d’abord eu quelques frottements et puis je me suis laissée aller.
Et quelques minutes après, j’ai constaté les dégâts. C’était ma première fois et mon copain n’a même pas su calmer mes ardeurs. Il a abusé de moi sans se protéger. J’ai été tellement dégoûtée que je l’ai quitté, les larmes aux yeux.» Et la psychose d’une grossesse non désirée dans la tête. «Oui, j’avais peur de tomber enceinte, poursuit-elle. J’en ai parlé à une copine et elle m’a conseillé d’aller acheter la pilule NorLevo à la pharmacie. Je l’ai prise et heureusement, quelques jours après, j’ai vu mes règles. J’avais un petit retard, mais tout était rentré dans l’ordre. Il y avait plus de peur que de mal. Depuis lors, je prends du Norlevo quand il m’arrive d’avoir des relations sexuelles non protégées ou à risque.» 

«Presque 50% des jeunes filles ont déjà pris la pilule Norlevo» 

Jeune fille de… 17 ans, Aïcha est une jeune élève dans un lycée de la capitale dakaroise. Pas froid aux yeux et le corps presque «toujours à chaud», cette midinette assume pleinement sa vie sexuelle précoce. Elle se réclame de la «Génération NorLevo». De cette nouvelle caste de jeunes filles qui ont atteint ou dépassé l’âge de la puberté, sans époux ou divorcées, et qui mènent une vie sexuelle intense, au nom de la pilule du lendemain. «Aujourd’hui, presque 50% des jeunes filles ont déjà utilisé la pilule NorLevo», avance un pharmacien. Un chiffre énorme, mais qui, faute de statistiques nationaux sur l’utilisation de la pilule du lendemain au Sénégal, renseigne sur l’étendue du… fléau (?). «Cette pilule se vend bien, surtout les week-ends», ajoute le pharmacien. «Le médicament est même souvent en rupture de stock», renchérit un de ses collègues. 

Tout commence souvent par une rencontre, un sourire, un dialogue, des battements de cœur, des pulsions, un désir, un lieu, du plaisir, puis… des regrets. «Parfois, c’est le préservatif qui craque ou on prend le risque de le faire sans se protéger. Et le premier reflexe, c’est d’aller prendre une pilule du lendemain et au Sénégal, c’est la pilule NorLevo qui est à la mode. Certaines femmes en usent souvent parce qu’elles ne veulent pas prendre la pilule contraceptive classique, sous prétexte que ça les fait grossir, mais la pilule du lendemain ne peut pas remplacer les pilules classiques», explique Dr Bassirou Traoré, pharmacien. «En cas de prise anarchique, il y a des complications qui peuvent survenir. Ça peut être des saignements récurrents, des règles irrégulières et assez abondantes, ce qui peut créer des anémies», ajoute le gynécologue, Cheikh Attab Badji. 

Petit comprimé de 1,5 mg contenu dans une boîte de 1 et vendu à 3623 F Cfa dans les pharmacies sénégalaises, NorLevo est comme toutes les pilules du lendemain, ou presque. Il est efficace dans les 72h qui suivent le rapport. «Elle n’est pas efficace à 100%», prévient Dr Badji. Son efficacité est fonction du temps écoulé entre le rapport sexuel et la prise du médicament. Plus on la prend rapidement (au plus tôt !) plus cette pilule est efficace. Elle doit être prise dans les heures qui suivent un rapport non ou mal protégé. Elle agit en retardant l’ovulation si celle-ci n’a pas encore eu lieu, ou en empêchant la fécondation, en agissant sur la mobilité des spermatozoïdes, par effet sur la glaire cervicale. En revanche, elle est inefficace dès lors que le processus d’implantation a commencé. Une notice que les jeunes filles sénégalaises connaissent par cœur et récitent en chœur. Médicament de contraception d’urgence, la pilule NorLevo constitue une méthode de contraception régulière chez les jeunes filles. Surtout pour la tranche d’âge comprise entre 17 et 30 ans. Ces surdouées du sexe qui raffolent de sensations fortes et qui ne ratent jamais l’occasion d’assouvir leur désir. Une volonté cachée, mais assumée, de se faire plaisir à tous… les coups, le plus souvent sans protection, au nom du tout-puissant comprimé jaune. 

«Son efficacité n’est pas à 100%» 

Cité Aline Sitoe Diatta ex-Claudel. Le soleil au zénith darde impitoyablement ses rayons sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Sous cette touffeur qui confine certaines pensionnaires dans leurs chambres, d’autres se sont installées à l’entrée des pavillons, à l’ombre des étages, pour prendre un peu d’air frais. Affalées sur des matelas à même le sol, elles discutent à plein régime. Chacune défend sa position comme une belle diablesse. Le mot NorLevo glissé dans le débat, on tique un peu, avant de s’étaler grave. Si certaines jusque-là très volubiles ont froncé des sourcils en jouant aux ignorantes, d’autres se regardent d’un air entendu et y vont avec des éclats de rire accompagnés de quelques tapes complices. Des gestes qui en disent long sur les anecdotes salaces qu’elles ont à raconter sur le fameux médicament qui fait fureur dans cette Cité de filles majeures et…vaccinées. «Personnellement, je n’en ai jamais pris, mais une de mes amies m’a raconté qu’un jour, après avoir eu un rapport sexuel non protégé avec son copain, elle a pris peur et est allée en chercher à la minute qui a suivi l’acte. Elle m’a dit avoir eu ensuite quelques nausées, mais rien de très grave. Et avec ça, elle était rassurée», raconte Soukeyna*. Face à la sensibilité du sujet, cette étudiante de 22 ans, s’est mise dans le déni, en préférant raconter les histoires de ces copines. Avec sa maîtrise du sujet, pas sûr qu’elle n’ait jamais été confrontée à la prise du médicament. 

Vêtue d’un short noir et d’un débardeur multicolore, Mamy, en plein dans la tendance vestimentaire de l’été, a le portable scotché à l’oreille. Elle roucoule tout bas. Puis, raconte tout haut, sommée par ses camarades de mettre un terme à sa conversation téléphonique. «Un jour, avec mon copain, nous avons eu un flirt assez poussé. Il s’est ensuite couché sur moi et sa semence a du toucher mon slip. Même si nous n’avons pas couché ensemble, comme j’étais dans ma période d’ovulation, une période où les risques de grossesse sont élevés, je suis allée à la pharmacie m’acheter la pilule NorLevo pour parer à toute éventualité», raconte Mamy. Et puis, elle embraie : «J’ai bien caché la boîte dans mon sac pour que personne ne la voie. Et j’ai pris le comprimé tard dans la soirée, avant d’aller au lit. Je ne pouvais pas prendre le risque d’attraper une grossesse à ce moment, mes études seraient gâchées et mes parents m’en voudraient énormément. D’ailleurs, je n’en ai même pas parlé à mon copain. Et c’était la première fois que j’en prenais.» Comme pour se libérer d’un poids qui lui pesait, l’une de ses copines, piquée au vif par l’histoire de Mamy, lance : «Il m’est arrivé pratiquement la même chose. Après avoir passé un moment assez chaud (sic) avec mon copain, j’ai été prise de panique, parce que j’étais en période d’ovulation. J’ai expliqué la situation à mon copain et il m’a parlé de cette pilule. J’en entendais parler avant, mais je ne la connaissais pas vraiment. Nous sommes allés en acheter à la pharmacie et je l’ai prise séance tenante.» 

Règles douloureuses, pertes de sang, anémie 

Si chacune d’elles a sa propre histoire avec la pilule NorLevo, toutes les filles ont été animées par un seul objectif en la prenant : «C’était pour éviter une grossesse non désirée», expliquent-elles, en chœur. Mais comme tout médicament, la pilule NorLevo n’est pas sans effets secondaires, même s’ils ne sont pas systématiques. Des vomissements aux saignements, en passant par les maux de tête, les douleurs abdominales basses et les nausées, l’utilisation de cette pilule n’est pas sans risques. «Elle (la pilule) peut créer un dérèglement hormonal, c’est-à-dire des règles précoces ou en retard, des saignements en dehors des règles et des sensations de tension dans les seins. Mais il faut souligner que NorLevo ne permet pas toujours d’éviter les grossesses. De plus, il y a aussi les risques d’Infections sexuellement transmissibles en cas de rapports non protégés.» 

Marché Tilène, dans le centre-ville dakarois. Il est midi passé, une heure où le trafic routier est dense dans cette partie de Dakar. Capharnaüm humain et de marchandises de toutes sortes, Tilène grouille d’une ferveur toute mercantile. Entre ses différents étalages, souvent à même le sol, Ndèye Fatou*, la vingtaine sonnante, ventre bedonnant, est venue faire ses emplettes. Accrochée, elle souffle, entre deux achats : «Je prends souvent la pilule NorLevo. En fait, c’est mon petit ami qui me met la pression pour que j’en prenne, parce qu’il n’aime pas faire l’amour avec un préservatif. Je l’ai pris trois ou quatre fois. Mais j’ai décidé de ne plus en prendre.» Pourquoi ? Ndèye Fatou étale, la mort dans l’âme : «A chaque fois que j’en prends, j’ai des douleurs au ventre et au bas-ventre. J’ai aussi remarqué que mon cycle menstruel devenait de plus en plus irrégulier. Et depuis que j’en prends, mes règles sont devenues douloureuses». 

Penda Diop*, la trentaine, croisée à Tilène, est dans le même cas que Ndèye Fatou. Elle a souffert le martyre de sa prise fréquente de la pilule NorLevo. «J’ai eu beaucoup de copains vicieux, raconte-t-elle. Ils aimaient tous faire l’amour sans protection. Et après chaque expérience, je prenais la pilule NorLevo. Elle me créait beaucoup de complications. J’avais des nausées, des pertes de sang et des douleurs intenses au niveau du bas-ventre. Je sais qu’il y a d’autres pilules contraceptives classiques, mais je ne pouvais pas en prendre, de peur que ma mère les découvre. Ces pilules, contrairement à NorLevo, il faut les prendre continuellement. C’est un traitement qu’il faut suivre. Et si ma mère voyait ces pilules entre mes mains, elle me tuerait, à coup sûr. NorLevo, c’est plus discret.» Plus dangereux aussi !
 


 

L'Observateur

 

Jeudi 19 Juillet 2012 - 08:44