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La 6ème édition du Gorée Diaspora Festival qui avait démarré vendredi dernier a été marquée samedi dernier par un colloque sur le thème: "Préservation du patrimoine, enjeux et impact sur le développement local’’. Une occasion pour faire un plaidoyer pour la valorisation du patrimoine de l’Ile mémoire, en présence de Moulaye Aly Ascofare , Ambassadeur du Mali, pays hôte du festival
Les différents intervenants au colloque organisé, samedi 30 novembre, par les autorités de la commune et l’ensemble de la population de Gorée, dans le cadre de la 6ème édition du Gorée Diaspora Festival sont largement revenus sur l’état de dégradation du patrimoine bâti de l'île mémoire. Sur le thème de ‘’Préservation du patrimoine, enjeux et impact sur le développement local’’, le colloque s'est appesanti sur l’état du patrimoine à Gorée. Moulaye Aly Ascofare, ambassadeur du Mali au Sénégal, faisant un parallélisme avec son pays, a indiqué parler « avec émotion de cette préservation du patrimoine » . Et cela, d'autant plus qu'il est originaire de Tombouctou, « une ville qui a survécu à cause de son patrimoine». Abondant dans le même sens, le maire de Gorée, Augustin Senghor, déclare que cette «réflexion a été menée par les populations de Gorée par rapport au rôle qui est le leur, dans la contribution à la conservation de l’histoire de l’Ile, à la perpétuation de la mémoire de ce qui a été une tragédie pour l’humanité».
Pour Augustin Senghor « Gorée est laissé à l’abandon et il est temps qu’on se penche sur Gorée pour préserver ses monuments, l’ensemble qu’ils constituent en tant que île, parce que agressés par l’érosion marine».
Abandon du patrimoine bâti
Lors du colloque, une projection d’images saisissantes et expressives a été faite par les organisateurs. Des images, montrant une dégradation très avancée des bâtiments publics comme privés. La Place du gouvernement, le Palais du gouverneur, la mosquée de même que l’école Mariama Ba ont été cités comme étant des édifices qui vont disparaître avec l’érosion marine si rien n’est fait. En effet l’école Mariama Ba présente un visage hideux. Cet établissement qui obtient 100% de réussite aux examens de Befem comme ceux du Bac, n’a plus de mur de protection du fait de l’érosion côtière. Les vagues terminent leur course sur le mur de l’école, la menaçant ainsi de disparition complète. Les bâtiments de l’école offrent un spectacle désolant avec le fer rouillé qui sort des murs et du plafond. Même décor au niveau du bâtiment qui a longtemps été la seconde résidence de feu le président Léopold Sédar Senghor. La bâtisse de couleur blanche, a perdu son lustre d’antan, à cause de l’état de délabrement de la villa, dû à l’érosion maritime. Le bâtiment croule sous le poids de la vieillesse et de l’abandon.
Sauvegarde et aménagement : unité ou opposition
La démographie galopante, la spéculation foncière sont autant de problèmes qui sont des périls émergents pour les patrimoines de l’Afrique. Ces sites classés sous le Patrimoine Mondial de l’Unesco sont fortement menacés par les équipements urbains, de même que les infrastructures routières et portuaires. Ainsi se pose la lancinante question de l’aménagement et de la sauvegarde du patrimoine. Amady Bokhoum, Directeur du Patrimoine depuis 15 ans, et non moins professeur d’histoire à l’Ucad, fait une distinction entre l’aménagement vertueuse et celle en conflit avec les valeurs.
En effet, Amady Bokhoum pense qu’il y a un aménagement pour rendre les sites accessibles, plus conviviaux et plus surs. Par contre, ceux pour avoir un impact visuel en construisant de nouveaux immeubles qui défigurent l’Ile, entrent en conflit avec les valeurs. Ainsi, le Directeur du Patrimoine estime « qu’il faut trouver le bon équilibre entre la légitime aspiration des populations au bien être et le nécessaire pour la préservation du patrimoine mondial» avance-t-il. Ceci au risque de voir le Sénégal perdre son classement au rang de Patrimoine Mondial, car il est très concurrencé.
Toutefois, Amady Bokhoum déplore l’occupation illégal des bâtiments de l’Etat, par des « squatteurs qui ne vont pas réhabiliter les lieux car ne leur appartenant pas » . «Ils vont utiliser jusqu’à l’usure ensuite ils vont partir» a-t-il renchéri.
Cris du cœur de la population
De nombreux habitants vivent toujours dans des conditions précaires, voire même périlleuses. Ceci, malgré les nombreuses intentions qu’affichent les gouvernements successifs de prendre en compte la dimension sociale de l’île. En réalité, les populations se demandent l’intérêt de l’élévation de Gorée au rang de Patrimoine mondiale de l’Unesco. Mansour Sow, Conseiller Spécial au Maire déclare « qu’il est dommage que nous ne sentions pas l’Unesco même si c’est le Sénégal qui a fait la demande» avant de préciser que c’est son avis personnel. Mansour Sow a toutefois estimé que « l’Unesco en tant qu'organisme des Nations Unies devrait s’intéresser aux populations et essayer d’accompagner ceux qui ont en charge ces sites».
Cependant, le conseiller spécial au Maire de Gorée prétend que leur cri de cœur s’adresse plus à l’Etat qu’à l’Unesco. L’érosion marine, la dégradation et le péril des nombreux bâtiments publics comme privés abandonnés, sans oublier les conditions précaires dans lesquelles vivent les populations de l’Ile, sont autant de questions qui tiennent à cœur les occupants de l’île mémoire.
Aussi, un mouvement citoyen a-t-il été porté sur les fonts baptismaux à l’initiative des Goréens pour lancer un appel national et international pour la sauvegarde de l’Ile.
source: http://www.sudonline.sn/goree-interpelle-l-etat_a_16503.html