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L'OBS - A cause de l’insécurité, plusieurs villages de la communauté rurale de Boutoupa-Camaracounda, département de Ziguinchor, ont été vidés de leurs populations et, avec elles, de leurs élèves obligés de suivre leurs parents. Dans cette bourgade affectée par le conflit armé qui sévit depuis plus de 30 ans en Casamance, des dizaines d’écoles ont été rayées de la carte scolaire, obligeant des centaines de potaches à abandonner les classes ou se déplacer à Ziguinchor pour continuer leurs études. Reportage !
Au moment où les potaches du Sénégal s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école, quelque part dans le département de Ziguinchor, plus exactement dans la communauté rurale de Boutoupa-Camaracounda, plusieurs centaines de jeunes filles et garçons ne connaîtront pas, une fois encore, de rentrée des classes. Leur tort : ils habitent dans des villages rayés, depuis quelques années, de la carte scolaire de la région du Sud à cause de l’insécurité. Une situation quasi-chronique dans cette partie du Sénégal qui traduit le calvaire d’une population souvent contrainte à l’exil pour échapper aux violences armées. Avec elle, des centaines d’élèves obligés de sauver leur peau en suivant leur parents.
Il y a quelques années, cette contrée située à 25 kilomètre de Ziguinchor et qui polarise 24 villages n’avait presque plus d’école. A place des bâtiments criblés de balles et abandonnés, il n’y avait que quelques abris provisoires. Quelques classes qui peinaient à enregistrer l’effectif nécessaire. L’accalmie de 2005 à 2006 motivera le retour de quelques populations dans cette zone devenue un terrain de prédilection des bandes armées. L’école (ré)ouverte à quelques kilomètres du siège de la communauté rurale avait même favorisé un retour massif dans les classes. Seulement, l’insécurité est revenue au galop, rappelant la situation précaire aux villageois sensibles au moindre coup de feu. Durant les années 2007-2008, la zone renoue avec la violence. Plongée qu’elle est dans cette insécurité cyclique, la population de Boutoupa se déplace à nouveau. Et dans les bagages des fuyards, pleins de cartables et de sacs d’écoliers.
Aujourd’hui, dans les principaux villages de la communauté rurale que sont Guidel, Bindialoum-Manjack, Bofa, Barkabounao, Niadiou, on se retrouve avec plus d’une dizaine d’écoles sans élèves. Sans instituteurs aussi. «Depuis que les militaires ont quitté leurs cantonnements, les enseignants ont rangé craies et valises pour rentrer définitivement à Ziguinchor», explique Abdoulaye Gomis. Le jeune enseignant croit dur comme fer que l’école est loin d’être effective dans ces villages qui ont subi les affres de la guerre en Casamance. «Les autorités scolaires doivent réfléchir pour trouver des alternatives à cette situation», ajoute-t-il, la mort dans l’âme.
Pour le moment, l’option qui semble la plus pertinente est d’inscrire les élèves déplacés en fonction de leur lieu d’accueil. Certains enseignants redéployés dans les établissements scolaires où règne la sécurité accueillent ces élèves désemparés. «Mais, toute la difficulté réside dans le suivi», soutient toujours M. Gomis. C’est un défi que les autorités académiques et administratives de la région ont le droit de relever pour abréger la souffrance de ces familles qui craignent pour l’avenir scolaire de leurs enfants. Mais déjà, «un esprit de solidarité doit se développer autour de ces jeunes potaches, victimes d’une guerre qui les a vu naître et à laquelle ils ne comprennent rien du tout», disent la population de Boutoupa-Camaracounda.
L’appel de détresse des populations de Boutoupa-Camaracounda
L’intervention de l’Etat est exigée en faveur de ces populations déplacées qui ont trouvé refuge dans les villages environnants. «La plupart de nos populations, à cause de l’insécurité, ont abandonné cultures et bétail à la suite de plusieurs attaques des bandes armées, supposées appartenir au mouvement séparatiste de la Casamance», explique Laurent Mendy, un habitant de Boutoupa-Camaracounda. La vie tarde dans cette communauté à reprendre son cours normal. Les nombreuses personnes qui ont déserté leurs villages, refusent même de retourner chez elles. Une situation qui risque de compromettre le sort de ces braves paysans et de favoriser en même temps la famine et la misère dans les ménages. L’Etat est ainsi invité à prendre des mesures idoines pour venir au secours à ces nombreuses familles déplacées. «A défaut, l’avenir de cette communauté rurale sera hypothéqué à jamais. L’abandon des cultures et du bétail risque de créer une situation sans précédent», a ajouté Laurent Mendy.
La paix étant un levier de développement, aujourd’hui la violence dans cette cité risque de plonger la collectivité locale dans le désarroi total. C’est pourquoi, Boutoupa préconise l’implantation de bases militaires dans certains villages de la communauté rurale qui constituent les portes d’entrée principales des bandes armées. A quelques heures de l’ouverture des classes 2012/2013, les parents d’élèves de cette belle communauté rurale de la verte Casamance ont la peur de voir leurs enfant ne pas aller à leurs… écoles. Les familles d’accueil de Ziguinchor ayant du mal à gérer toutes les charges liées à la prise en charge de petits déplacés, leurs géniteurs, eux, souffrent déjà le martyre.
ABDOURAHMANE THIAM