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iGFM – (Ziguinchor) Les professionnelles du plus vieux métier au monde, dans la station touristique de Cap-Skirring sont dans la dèche. Et pour cause, la saison touristique terminée depuis plus d’une mois, elles se rongent les ongles dans les bars, dancings et maisons de passe.
Elles sont sans revenus à cause de l’absence du «Client blanc» qui leur offrait des Euros. Ce dernier qui leur a tourné le dos jusqu’à la prochaine saison, leur laisse une autre carte en main, celle du «Client noir», avec qui, pendant six (06) mois, elles n’ont jamais peut-être pratiqué une partie de jambes en l’air.
Et pourtant, ces prostituées qui amassaient, en une nuit, des fortunes, vont devoir ouvrir la chasse au «Client noir». Sur une période six (06) mois pour se faire « kagne » en attendant l’ouverture prochaine de la saison touristique.
Plus d’un mois et demi après la fermeture de la saison touristique, M.D. (21 ans), fille de joie, habituée de la station balnéaire de Cap Skirring, est plongée à la fois dans la dèche et dans la précarité.
Rencontrée dans une auberge de la place, elle relate avec humour ses premiers jours de débine et ses petites démarches pour dénicher un «client noir» pour lui assurer sa survie durant ces six mois de galère appelés «saison morte».
«C’est le retour forcé à la case départ pour nous. «Kou Khamoul Figua Dieume Délou Figua Diogué», explique M.D qui poursuit, «si nous avons choisi de rester pendant 06 mois avec ces touristes Blancs, c’est très normal. C’est parce qu’ils payent aussi mieux que nos parents noirs. Mes copines et moi, n’avions pas trouvé d’inconvénients à cela. C’est cela notre vie et nous la déroulons ici depuis plus 04 ans. Aujourd’hui qu’ils (les touristes blancs) sont rentrés chez eux, nous n’avons plus le choix. Nous recherchons maintenant «le Client noir» avec qui, nous allons vivre pendant 06 autres mois. Mais, je dois avouer que ces 06 mois sont souvent, des mois de galère, de misère même si parfois nous y éprouvons du plaisir.»
M.D. qui habite dans le nord du Sénégal et qui dit avoir laissé derrière elle un enfant âgé de 07 ans entre les mains de sa mère, espère cependant connaître des jours meilleurs à Cap-Skirring.
«Je porte un regard sur ma société et sur mes proches qui ne m’ont jamais pardonné depuis que je suis entrée dans ce métier de prostitution. Je prie cependant, pour que Le Tout Puissant, dans sa générosité et dans sa bonté infinie, me pardonne et me sorte de cette vie insalubre et malsaine», a ajouté M.D.
Plus «vagabonde» et plus agressive que M.D, sa copine Fatima, sa bouteille de «Flag» à la main, cigarette entre ses belles dents blanches, ne cache pas sa joie d’avoir exercé ce métier.
«La prostitution est un métier comme les autres. Je pense que les gens doivent le comprendre ainsi et savoir que nous vivons dans une ère civilisée comme tout le monde. Nous sommes une partie intégrante de la société et nous ne sommes pas méprisables. Nous avons bien sûr le droit d’exercer ce métier, mais dans la légalité et nous le sommes.»
Fatima de reconnaître par ailleurs qu’il y a bel et bien une différence entre le «Client blanc » et le «Client noir».
«Les touristes nous payaient entre 25.000 F et 30.000 F la passe. Et cela, nous ne pouvons pas l’avoir chez le « client noir» qui, à la place, nous propose que 1.000 F CFA pour la passe.
Il n y a pas photo entre le touriste et nos parents qui ont souvent les proches trouées», se défend et avec aisance Fatima.
A l’en croire toujours, les «clients noirs», dans ladite zone touristique, ont même les poches plus trouées qu’elle et ses copines et ne dégainent que très rarement pour une partie de jambes en l’air.
Trouvées dans les restaurants-bars et parfois sur la grande avenue de Cap Skirring, ces belles de nuit se retournent les pouces en ajustant, par moments, leur maquillage.
Et pour cause, l’oiseau recherché se fait de plus en plus rare. Elles se partagent même les mégots de cigarettes et le fond de leur bouteille de «Flag», une belle solidarité dans l’espoir de capter les pigeons ou les curieux de la chair pour une partie de plaisir.
«L’heure n’étant plus à la montée des bourses, nous n’acceptons que l’offrant et non le mieux offrant. Nous sommes dans la dèche, la crise s’est généralisée et nous devons vivre», révèle M.D. Elle ajoute, «nous encaissons aujourd’hui 2.500 à 3.000 FCFA alors la passe habituelle, la saison dernière était de 5.000 FCFA. Je dois cependant avouer que cette crise qui frappe notre métier est devenue générale. Les prostituées de Ziguinchor, de la zone touristique de Kafountine, et de Bignona broient également du noir».
Tous les mots sont bons et sont permis dans ce milieu de ces filles de nuit dans la station balnéaire de Cap Skirring. De belles nymphes qui ont du mal à exhiber leur beauté et qui n’hésitent plus à se lancer dans le crédit ne serait-ce que pour gagner une pitance. Une tâche bien délicate dans ce coin paradisiaque où les forces de l’ordre, dans l’exercice de leur mission traquent souvent les prostituées.
MOUSSA DIAW (Correspondant)
SOURCE:http://www.gfm.sn/cap-skirring-dans-la-deche-et-lattente-des-touristes-les-filles-de-joie-se-rongent-les-ongles/