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Sénégal - Ps : à la soviétique ?

Sénégal

L’OBS – Y aurait-il, vraiment, de quoi désespérer du Parti socialiste ? Le mieux structuré et le plus méthodique, pour parler comme son fondateur Léopold Sédar Senghor ? Aux dernières nouvelles, en tout cas, il faudrait croire que si ! Sous la direction d’Ousmane Tanor Dieng, ce parti avait entrepris une sorte d’aggiornamento sous le vocable, un peu emprunté tout de même, de «refondation». On était au milieu des années 90. Sans douter du bien-fondé qu’il pourrait y avoir d’une cure de rafraîchissement pour un parti au pouvoir depuis plus d’une génération, on ne pouvait s’empêcher, cependant, de songer à cette pensée de Tocqueville selon laquelle les régimes politiques d’un certain type ne se trouvent jamais autant en danger et proches de leur perte que lorsqu’ils songent à changer, sous couvert de les rendre plus attrayants et «soft», leurs méthodes de fonctionnement. On sait tous ce qu’il en est advenu de ce Ps-là : il a perdu son président en même temps que le pouvoir !

 

Il aurait pu se disloquer alors et mourir de sa belle mort et nombreux étaient ceux qui le prédisaient s’ils ne le souhaitaient pas avec force ! Mais il n’en a rien été parce que les fondations de ce parti étaient des plus solides et que Tanor Dieng avait vraiment su se montrer à la hauteur des défis nombreux auxquels il a eu à se confronter. Il a fait preuve de courage, de fermeté et d’abnégation même là où la plupart auraient jeté le manche après la cognée ou le bébé avec l’eau de son bain. Lui, il est resté constant, il est resté debout et a maintenu la barre. Ce n’était pas rien, c’était même essentiel mais ce n’était pas tout, hélas ! C’est qu’il y a loin, de la résistance à la reconquête. Or, compte tenu de son histoire qui n’est rien d’autre que celle du Sénégal lui-même, le Ps ne pouvait en aucune manière se suffire d’un rôle de simple figurant ou de comparse dans un film tiré de notre roman national.

 

 

Au cours des 12 années où Wade, son vainqueur, avait été au pouvoir, le Ps a perdu la plupart de ses positions en même temps que beaucoup, de ses cadres et Tanor Dieng lui-même s’était fait sèchement battre lors des deux élections présidentielles auxquelles il a participé. A tel point que, de lui-même et voyant les choses où elles en étaient arrivées, il a décidé que pour l’avenir il n’envisageait plus de se représenter à l’élection présidentielle et que pour ce qui était du parti, il aviserait le moment venu, mais que de toutes les façons et pour en prendre la tête, une compétition libre et sincère serait organisée à l’intention de tout ceux qui en sentiraient l’envie !

Tout cela, on peut le dire, l’honorait, lui Tanor, et le grandissait au plus haut point en laissant flotter autour du Ps et de son chef comme un suave parfum au goût de Mandela… si tant est que ce fût sincère pourtant.

Car la question que posent les péripéties les plus récentes des opérations de renouvellement est bien celle-là aujourd’hui. Aïssata Tall Sall que l’on ne peut plus présenter et sur n’importe quel plan et à qui que ce soit a pris sur elle de relever, si je puis dire, le défi en lui jetant son gant ! Je dis cela car, plus que pour des raisons crypto-personnelles, vouloir affronter Ousmane Tanor Dieng était à ses yeux une manière à travers un exercice de pure démocratie, de replacer le pari socialiste à la seule place qui convienne à son histoire à savoir la toute première par la qualité de ses militants, de son organisation ainsi que de ses méthodes de fonctionnement. Elle a voulu témoigner pour la défense et pour l’illustration des vertus éternelles du socialisme et de la démocratie.

Elle s’était donc levée au nom de principes parmi lesquels démocratie,  transparence et libres débats étaient les principaux convives et voila que  lui répondaient les combines d’appareils,  les  entourloupes, les crocs-en-jambes d’apparatchiks en clones. N’aurait-elle pas été, Aïssata, quelque peu naïve en se jetant ainsi dans cette grande mare aux crocodiles que  restent, quand même tous, les cercles dirigeants des grands partis politiques ? Je suis  sûr que non ! Car désormais et comme le disait Abdou Diouf  parlant du Sénégal au 1er janvier 1981, au Ps aussi,  rien ne sera jamais plus comme avant ! Après les communiqués officiels de Khalifa Sall et de Serigne Mbaye Thiam l’un disant que c’était fini et l’autre que cela continuait encore, la messe était dite et la boucle bouclée !

Aïssata avait bel est bien eu raison de l’appareil du Ps. Toute frêle et menue qu’elle pût paraître et toute femme qu’elle fût ! Car sur le plan des principes et de la simple morale, c’est elle qui l’avait emporté : elle l’avait fait ! La seule personne depuis que le Ps existe et sous tous les noms où il a existé à s’être levée devant tous les militants et en temps, lieu et dans les termes appropriés pour contester l’autorité elle-même : celle du chef. C’est là un viatique à nul autre comparable. Surtout dans ce pays où le courage en politique est tenu en si haute estime que quiconque, dans son parcours, a eu à en faire montre en a été récompensé au centuple par le peuple souverain lors des consultations électorales qui ont suivi leur acte de bravoure et les épreuves qu’ils ont subies. J’espère simplement qu’il ne sera pas ajouté une part de ridicule à l’imbroglio qui a été créé ainsi au Parti socialiste : la poursuite de la publication des résultats à la soviétique des chiffres des renouvellements.

SOURCE :http://www.gfm.sn/ps-a-la-sovietique/

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