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A mes frères ainés Mody Niang et Mamadou Daffé SAVOIR RAISON GARDER

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« L’émotion est nègre ; la raison hellène »  a dit Senghor. Plus d’un Africain  en avait été choqué,  mais le fils de Diogoye n’avait pas tout à fait tort et son dicton est plus que jamais d‘actualité si on en juge par le  ton de vos contributions. La passion en soit n’est pas un mal, car inhérente à la personne humaine et pas seulement au nègre comme le soutien Senghor, toutefois, j’estime que le croyant, de surcroît intellectuel, doit pouvoir prendre du recul, s’élever au-dessus des contingences, bref, quitter l’état de passion pour celui de la raison. Il ne s’agit pas ici de la raison d’Etat qui est unilatérale et impériale mais de la raison nationale qui est, elle, partagée. En d’autres termes, chaque citoyen à quelle que posture soit-il, doit être conscient des grands principes qui fondent la république et guident la vie de la nation.

 

Il est heureux de constater à cet égard, que les Sénégalais n’ont pas versé dans l’antagonisme ethnique et religieux connu dans d’autres pays africains du fait de la colonisation qui  a découpé le continent  par des frontières artificielles sans tenir compte des entités ethnoculturelles . Il y va donc de l’intérêt de chacun d’œuvrer  pour préserver et consolider le ciment social qui a fait du Sénégal un exemple de cohésion nationale  et  de démocratie.

 

 

En effet, comme nous l’a rappelé le Président Obama, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes car les hommes passent et les institutions restent. Le mandat représentatif qu’exercent les tenants des trois pouvoirs étatiques est fondé sur un contrat social les engageant à une obligation de moyen et de résultat mais aussi, engageant le mandant qu’est le citoyen, à une obligation de contrôle en cours d’exercice dudit mandat et de sanction en fin d’exercice et seulement en fin d’exercice.

C’est dire que le seul combat qui vaille c’est celui de la consolidation de nos institutions. Pour cela, la raison commande que le citoyen, dans l’exercice de la plénitude de ses droits, demeure conscient et respecte ses limites normées. Je dis « normées » en référence à notre droit positif et à nos us et coutumes.

Les invectives et les violences qu’on observe au sein de la classe politique sont inquiétantes et doivent faire réfléchir ceux qui sont au pouvoir comme ceux qui aspirent à y être. Il en est de même dans la vie courante des citoyens où on note cette tendance à recourir à la violence pour exprimer les moindres revendications. Il y a là les signes réels de danger à la paix sociale et à la vie de nos institutions.

S’il est du devoir des citoyens et des partis politiques de participer à la gouvernance du pays par la critique positive et les propositions constructives , ils doivent demeurer conscients que les dites critiques et propositions ne sont, pour les gouvernants , autre chose que des aides à la décisions . C’est pour cela qu’on parle de «  décideurs ». Les propositions ou autres recommandations fussent-elles émaner des Assises Nationales ou de la Commission Nationale de Réformes des Institutions, ne s’imposent pas juridiquement et même politiquement au Président de la République. Soutenir le contraire et soutenir en même temps que l’avis/décision du Conseil Constitutionnel ne s’impose pas au Président de la république est contradictoire.

Si on se souvient que la Constitution actuelle a été plébiscitée à plus de 90 % et qu’une petite decennie après on découvre qu’elle renfermait de graves insuffisances, comment avoir la certitude qu’en intégrant toute de suite l’ensemble des 53 recommandations de la CNRI ou en adoptant son projet de nouvelle constitution, le Sénégal aurait le texte fondamental plus que parfait comme la Bible ou le  Coran ?

Pourquoi cette attitude du «  tout ou rien  » ?

En quoi une disposition qui a pour seule fonction d’organiser un événement ponctuel ( les élections présidentielles en 2017 ) peut-elle être plus vitale ou substantielle ( dixit Me Aissata Sall ) que celles qui réorganisent la marche de nos institutions après un constat quasi unanime de leur disfonctionnement ?

Seul l’ex-Premier Ministre Abdoul Mbaye a justifié son choix après une analyse qualifiable d’ « objective » . Il a en effet, opéré une classification tripartite des points de la réformes en celles qui constituent des avancées, celles qui renferment des insuffisances et celles purement oubliées, avant de conclure par son option pour le NON

S’il faut saluer la démarche, par contre il y a de quoi s’étonner de la conclusion surtout provenant de quelqu’un qui a été le nr 2 de l’Exécutif. En effet , pour un homme d’Etat et pour le militant de l’Etat de droit que je suis , l’attitude devrait être , au lieu de verser le bébé et l’eau du bain , de consacrer les avancées, de relever les insuffisances et de rappeler constamment les oublis .

Tous les partisans du NON semblent privilégier les élections présidentielles anticipées sur les «  avancées » démocratiques et institutionnelles. En d’autres termes, du «  lèves-toi que je me mette » plus que les «  petits pas » vers le renforcement de la stabilité institutionnelle et au-delà, celui de l’Etat de droit.

Un maître coranique a fait la pertinente remarque suivante : préférer les élections à la vie des institutions c’est organiser le baptême et divorcer.

                               Avec ton mon attachement et mon estime      

                              

 

                                                                              Colonel de Gendarmerie à la retraite Sankoun FATY                                                                     Membre du Collectif des organisations de la société civile de Sédhiou

 

                                                                              Tel . 33 995 02 75 –Port. 77 413 11 95

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