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Alors que le procès de Khalifa Sall, qui devait s'ouvrir ce jeudi, a été reporté au 3 janvier prochain, le dossier est au cœur d'un bras-de-fer entre le Conseil de Paris et l'Alliance pour la République (APR), le parti de Macky Sall. En cause : la création d'un « Observatoire international des maires en danger » qui doit aboutir à la création d'un statut de protection pour les élus « injustement » poursuivis devant la justice.
C’est une annonce dont le timing interroge. A la veille de l’ouverture annoncée du procès de Khalifa Sall, à Dakar, le Conseil de Paris a adopté ce mardi un « vœu » de l’exécutif parisien, qui souhaite « engager des démarches au plan international pour créer un Observatoire international des maires en danger » qui aurait pour vocation d’assurer une « veille des atteintes aux élus locaux locaux et de la protection de leurs droits », comme l’explique un communiqué de la mairie de Paris.
Projet flou
Les contours du projet semblent encore flous. La mairie de Paris a assuré qu’elle n’assumerait pas l’animation du futur observatoire, dont le cadre devra, in fine, être discuté avec une série de partenaires internationaux pour aboutir à un « statut de protection ». Statut dont les prérogatives n’ont, là encore, pas été établies avec précision, mais qui viserait à protéger les élus menacés de poursuites judiciaires, non pas en raison des faits qui leurs sont reprochés mais à cause de la position politique qu’ils occupent.
« J’initie simplement la réflexion », assure Patrick Klugman, adjoint à la Mairie de Paris en charge des Affaires internationales et porteur de la proposition, qui précise qu’il faudra attendre que « tout le monde soit autour de la table » pour avancer sur ces questions.
Parmi les exemples d’élus africains cités dans le communiqué, on retrouve l’ancien maire de Cotonou, Léhady Soglo, limogé en août dernier, un mois après son homologue de Niamey, Assane Seydou. Mais le communiqué insiste surtout sur le cas du maire de Dakar, Khalifa Sall, dont le procès s’est ouvert ce jeudi, avant d’être ajourné au 3 janvier 2018. Un dossier dans lequel la mairie de Paris est ouvertement impliquée depuis les prémisses de l’affaire.
« Précipitation fortement dommageable »
Affaire de détournement de deniers publics ou véritable procès politique destiné à écarter un candidat à la présidentielle de 2019 ? La procédure engagée contre Khalifa Sall fait polémique. Mais pour la Mairie de Paris, l’élu dakarois est poursuivi « à cause de son bilan et de ses ambitions politiques », comme elle l’assure dans son communiqué.
Joint par Jeune Afrique, Patrick Klugman va plus loin. « Je pense que la manière dont il a été incarcéré, dont on a refusé de le libérer en dépit de certaines garanties et surtout le court délai dans lequel il doit être jugé montrent une forme de précipitation fortement dommageable. À considérer que les charges soient sérieuses, la vitesse à laquelle son procès est organisé suggère que la poursuite n’est pas très naturelle. On ne peut que le penser, au regard des derniers rebondissements », explique-t-il.
[Anne Hidalgo adopte une] posture aux allures nostalgiques d’un colonialisme révolu
Une prise de position tranchée qui a provoqué la colère quasi-immédiate de l’Alliance pour la République (APR), le parti du président sénégalais Macky Sall. Dans un communiqué publié mercredi, l’APR dénonce « l’arrogance de Mme Hidalgo face à la souveraineté du Sénégal, de son peuple et de ses institutions, notamment judiciaires », qualifiant la prise position de l’édile parisienne de « posture aux allures nostalgiques d’un colonialisme révolu ».
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